Mon sang irlandais semble refaire surface puisque non content d'aimer la bière noire et le whisky, je découvre avec autant de joie la musique traditionnelle irlandaise et écossaise. Ça me frappe de voir le nombre de chansons qu'ils ont composées pour leur libération. C'est vrai que nous n'avons pas été oppressés autant et aussi longtemps qu'eux, mais avons-nous une seule chanson de libération connue dans la francophonie canadienne? Il faut croire qu'on est bien avec l'occupant.
Deux vidéos sur youtube.
Seven Drunken Nights chantée par The Dubliners, illustrée par une animation amusante. Une chanson à boire, évidemment.
Si vous avez vu le film de Ken Loach, The Wind that Shakes the Barley, Darach Ó Catháin chante ici le classique en irlandais, vraiment touchant. On a l’impression d’entendre les échos lointains et plaintifs de la civilisation celte.
lundi, novembre 26, 2007
lundi, novembre 05, 2007
Ammmmateurs de Herzog
Voici un très très long article du The Observer sur Herzog et son dernier film que seuls les passionnés liront jusqu'au bout. Très intéressant.
L'article complet
L'intro:
Things happen on a Werner Herzog set: mutinies break out, actors' lives are threatened, crew members are beaten and thrown in jail in the wildest corners of the world - and all in pursuit of the 'ecstatic truth' about humanity. Daniel Zalewski joins the German director shooting his first Hollywood film in the Thai jungle.
Werner Herzog hastily cordoned off a swath of jungle with wooden sticks and yellow tape, like a cop marking a crime scene. 'Nobody will cross this line!' he announced. It was late August, and the German director had travelled to northwest Thailand, a few miles from the border of Burma, to shoot Rescue Dawn amid virgin rainforest. It was his first Hollywood-funded feature, and he was determined to stop what he called 'the Apparatus' - a squadron of make-up artists, special-effects engineers and walkie-talkie-carrying professionals who had been deployed to work with him - from trampling on yet another pristine thicket. Herzog, who typically works with a small crew and a minuscule budget, was pleased to have millions of dollars at his disposal, but he was not so pleased to have been saddled with more than a hundred collaborators. 'I do not need all these assistants,' he complained. 'I have to work around them.'
L'article complet
jeudi, novembre 01, 2007
Coq-à-l'âne ciné
Hé oui, Friedrich Wilhelm Murnau l'a dit il y a déjà longtemps:
«In each of my films I try to discover new artistic territory and find new forms of expression.
I feel that if a director succeeds in infusing his own being into a film, it will penetrate its audience. And I believe those films that do not concerns themselves with financial success point to the future of cinema».
C'est drôle à quel point ça rejoint exactement ce que disait Jean-Pierre Gorin en 2004:
«I really do believe that there’s two categories of filmmakers, there's the ones who are interested in the idiom and there are very vast number of them, and there's the ones that is more rarified who are interested in grammar».
Et ça rejoint un peu Deleuze «L'énorme proportion de nullité dans la production cinématographique n'est pas une objection: elle n'est pas pire qu'ailleurs, bien qu'elle ait des conséquences économiques et industrielles incomparables. Les grands auteurs de cinéma sont donc seulement plus vulnérables, il est infiniment plus facile de les empêcher de faire leur oeuvre. L'histoire du cinéma est un long martyrologe».
Sokurov va même jusqu'à dire que le cinéma n'est pas un art. Dans ses dialogues avec nul autre que Soljenitsyn, la discussion va comme suit:
Sokurov: It's not an art at all.
Soljenitsyn: Not an art? It's wrong. It is an art. Must I convince you? This is an art. And in your works, it is an art.
Sokurov: No, it just charms people. Charm is temptation. Charm is not love. It is temptation. Literature is an art.
Silence de Soljenistyn.
Finalement, pourquoi persiste-t-on à chercher quelque chose dans le cinéma?
Deleuze à la rescousse: «Le cinéma n'en fait pas moins partie de l'histoire de l'art et de la pensée, sous les formes autonomes irremplaçables que ces auteurs ont su inventer, et faire passer malgré tout».
«In each of my films I try to discover new artistic territory and find new forms of expression.
I feel that if a director succeeds in infusing his own being into a film, it will penetrate its audience. And I believe those films that do not concerns themselves with financial success point to the future of cinema».
C'est drôle à quel point ça rejoint exactement ce que disait Jean-Pierre Gorin en 2004:
«I really do believe that there’s two categories of filmmakers, there's the ones who are interested in the idiom and there are very vast number of them, and there's the ones that is more rarified who are interested in grammar».
Et ça rejoint un peu Deleuze «L'énorme proportion de nullité dans la production cinématographique n'est pas une objection: elle n'est pas pire qu'ailleurs, bien qu'elle ait des conséquences économiques et industrielles incomparables. Les grands auteurs de cinéma sont donc seulement plus vulnérables, il est infiniment plus facile de les empêcher de faire leur oeuvre. L'histoire du cinéma est un long martyrologe».
Sokurov va même jusqu'à dire que le cinéma n'est pas un art. Dans ses dialogues avec nul autre que Soljenitsyn, la discussion va comme suit:
Sokurov: It's not an art at all.
Soljenitsyn: Not an art? It's wrong. It is an art. Must I convince you? This is an art. And in your works, it is an art.
Sokurov: No, it just charms people. Charm is temptation. Charm is not love. It is temptation. Literature is an art.
Silence de Soljenistyn.
Finalement, pourquoi persiste-t-on à chercher quelque chose dans le cinéma?
Deleuze à la rescousse: «Le cinéma n'en fait pas moins partie de l'histoire de l'art et de la pensée, sous les formes autonomes irremplaçables que ces auteurs ont su inventer, et faire passer malgré tout».
Nous les Québécois, on se flatte et on ronronne
Un peu plus et je ne pouvais plus jamais vous parler faute de me souvenir de mon mot de passe sur blogger, c'est tout dire. Mais la scie à chaîne est bien affutée et le bois de poêle s'entasse dans le cabanon.
Pendant que je finalise ma propre critique tiède et trop gentille sur le film Comment survivre à sa mère (Surviving a bad comedy), je tombe sur cette «critique» de mon collègue indirect - par convergence - du Gournal (prononcez «gourrrr» comme dans gourde, gourer ou gore) de Mourrial où il dit par exemple:
«Les créateurs de Mambo Italiano font mouche à nouveau avec Surviving My Mother, une irrésistible comédie dramatique qui mélange habilement l’humour et le drame».
«On reconnaît dès les premières minutes le ton et l’efficacité des dialogues de Galluccio et la réalisation rythmée et dynamique de Gaudreault».
«Aussi, autant l’écriture et les gags sont plus fins et plus subtils, autant la réalisation est plus inspirée et plus poussée. Bonne idée, par exemple, ces messages textes échangés d’un cellulaire l’autre qui défilent sur l’écran».
Misère. À lire cette critique, on a l'impression qu'on va s'amuser et se délecter, pourquoi pas un mélange entre Woody Allen, Veber et Almodovar tant qu'à y être.
Et là je tombe sur cette autre critique d'Eddie Cockrell du Variety et je me dis, «mais c'est ça que je veux écrire!» Fouettez-moi le chat quelqu'un, que le minou Cottonelle sorte ses griffes!
In English, please.
Even more broadly played and annoyingly self-conscious than helmer Emile Gaudreault's modest-grossing "Mambo Italiano" (2003), "Surviving My Mother" is an all-over-the-map Canuck dysfunctional family saga that's a challenge to withstand. Call it "Canadian Ugly," a tediously faux-transgressive slog with nary an ounce of verisimilitude, risk or wit on view. Alliance Atlantis Vivafilm has no announced release plans after pic's Oct. 19 local bow, nor should the distrib look much beyond Quebec's borders for much save cable and disc deals.
Tired of the nonstop kvetching of her cancer-ridden mother (Veronique Le Flaguais), Clara (Ellen David) suffocates her in bed, then feels guilty about that. Vowing to get to know her own 21-year-old daughter Bianca (Caroline Dhavernas) better, mom has no idea her offspring's a Web-cruising nympho having a torrid affair with local priest Michael (Adam J. Harrington). Gaudreault's sledgehammer style crushes Steve Galluccio's leaden script, while talented Drew Carey cohort Colin Mochrie is wasted as affable paterfamilias Richard. Tech package is the sole reason to endure pic, sporting vet Pierre Mignot's crystalline lensing, Patricia Christie's fine production design and Gino Vanelli's "You Gotta Move."
Pendant que je finalise ma propre critique tiède et trop gentille sur le film Comment survivre à sa mère (Surviving a bad comedy), je tombe sur cette «critique» de mon collègue indirect - par convergence - du Gournal (prononcez «gourrrr» comme dans gourde, gourer ou gore) de Mourrial où il dit par exemple:
«Les créateurs de Mambo Italiano font mouche à nouveau avec Surviving My Mother, une irrésistible comédie dramatique qui mélange habilement l’humour et le drame».
«On reconnaît dès les premières minutes le ton et l’efficacité des dialogues de Galluccio et la réalisation rythmée et dynamique de Gaudreault».
«Aussi, autant l’écriture et les gags sont plus fins et plus subtils, autant la réalisation est plus inspirée et plus poussée. Bonne idée, par exemple, ces messages textes échangés d’un cellulaire l’autre qui défilent sur l’écran».
Misère. À lire cette critique, on a l'impression qu'on va s'amuser et se délecter, pourquoi pas un mélange entre Woody Allen, Veber et Almodovar tant qu'à y être.
Et là je tombe sur cette autre critique d'Eddie Cockrell du Variety et je me dis, «mais c'est ça que je veux écrire!» Fouettez-moi le chat quelqu'un, que le minou Cottonelle sorte ses griffes!
In English, please.
Even more broadly played and annoyingly self-conscious than helmer Emile Gaudreault's modest-grossing "Mambo Italiano" (2003), "Surviving My Mother" is an all-over-the-map Canuck dysfunctional family saga that's a challenge to withstand. Call it "Canadian Ugly," a tediously faux-transgressive slog with nary an ounce of verisimilitude, risk or wit on view. Alliance Atlantis Vivafilm has no announced release plans after pic's Oct. 19 local bow, nor should the distrib look much beyond Quebec's borders for much save cable and disc deals.
Tired of the nonstop kvetching of her cancer-ridden mother (Veronique Le Flaguais), Clara (Ellen David) suffocates her in bed, then feels guilty about that. Vowing to get to know her own 21-year-old daughter Bianca (Caroline Dhavernas) better, mom has no idea her offspring's a Web-cruising nympho having a torrid affair with local priest Michael (Adam J. Harrington). Gaudreault's sledgehammer style crushes Steve Galluccio's leaden script, while talented Drew Carey cohort Colin Mochrie is wasted as affable paterfamilias Richard. Tech package is the sole reason to endure pic, sporting vet Pierre Mignot's crystalline lensing, Patricia Christie's fine production design and Gino Vanelli's "You Gotta Move."
Bon vous me pardonnerez, j'ai d'autres chats à flatter. Où est le papier de toilette... ah c'est le Gournal, ça va faire pareil.
mercredi, septembre 19, 2007
Ombres d'un poète
Sur le DVD de Criterion Le Sang d’un poète de Jean Cocteau, on retrouve dans les suppléments le documentaire Jean Cocteau : autoportrait d’un inconnu.
L’homme est extrêmement inspirant, son époque aussi, son œuvre. Cocteau vient d’une époque artistique en ébullition où les très grands esprits se rencontrent et s’influencent. Absolument fascinant de l’entendre parler, mais force est de constater au passage à quel point nous vivons à une époque beaucoup plus impersonnelle et insignifiante, celle de la mass culture.
Cocteau parle tout bonnement de ses amis et connaissances : Igor Stravinsky et Pablo Picasso, Erik Satie qui connaissait Debussy, Diaghilev, Mme Chanel mêlée dans l’ombre au ballet russe de Diaghilev, Nijinski, Jean Renoir, Chaplin, Raymond Radiguet, Modigliani et bien d’autres. Un tel brassage de génies, j’en suis bouche-bée.
J’ai pris le temps de mettre quelques extraits de ce documentaire par écrit. Une de mes citations préférées? Un poète se doit d’être un homme très grave et par politesse d’avoir un air léger, souvent, hélas, le poète est un homme léger qui prend l’air grave. Peu après l'avoir entendu, La Vie est un miracle d'Emir Kusturica me confirmait pleinement cette citation en traitant brillamment un sujet très grave avec un air léger.
Extraits
Quand un film n’a pas d’intrigue, quand on ne sait pas qu’au début il y a monsieur, madame et qu’à la fin monsieur tuera madame ou madame tuera monsieur, et bien il faut que chaque image soit très importante.
Ce film (Jean Cocteau : autoportrait d’un inconnu) sera une espèce d’ombre chinoise de ma vie. La mienne, hélas, ne pourrait se raconter ni prendre sous aucune forme allure anecdotique. C’est une longue lutte contre les habitudes, contre les autres, contre moi-même, un épouvantable mélange de conscience et d’inconscience, de désordre et de rigueur, une silhouette pareille à celle qu’on découpait au 18e siècle dans le papier noir.
Nous vivons nous-mêmes dans une énigme. Nous sommes les ouvriers d’une ténèbres qui nous est propre mais qui nous échappe. Cet homme profond nous le connaissons très mal, c’est notre vrai moi. Il est caché dans les ténèbres, il nous donne des ordres. J’ai décidé de m’enfoncer en moi-même dans ce trou terrible, dans cette mine inconnue au risque de rencontrer le grisou. Il y a un état de somnolence qui n’est pas le sommeil et une sorte de vérité qui sort de nous, et qui n’est pas le rêve ni la rêverie.
Ce qui est propre à Paris, c’est que des musiciens et des peintres, mettons espagnols et russes, peuvent être considérés comme des Français, par exemple quand je dis «Picasso, Stravinsky», je pense toujours que Picasso est français, que Stravinsky est français, c’est absurde mais c’est un fait. Et ensuite après Picasso, Matisse, Braque, Auric, Poulenc ont travaillé pour le ballet russe qui n’était plus russe que par ses danseurs.
Le Sacre du printemps me bouleversa de fond en comble, le premier Stravinsky m’enseigna cette insulte aux habitudes sans quoi l’art stagne, et meurt. Chez Picasso, l’insulte aux habitudes a quelque chose de religieux, elle ressemble aux invectives amoureuses que les Espagnols adressent à la madone si elle n’est pas celle de leur paroisse.
Un poète se doit d’être un homme très grave et par politesse d’avoir un air léger, souvent hélas le poète est un homme léger qui prend l’air grave.
Je ne suis qu’un intermédiaire, qu’un médium et qu’une main d’œuvre. Et tous les poètes sont des médiums et des main d’œuvre de cette force mystérieuse qui les habite, je ne me vante pas, je ne parle pas d’inspiration, l’inspiration ne nous arrive pas d’un quelque ciel, l’inspiration devrait s’appeler l’expiration, c’est quelque chose qui sort de nos profondeurs, de notre nuit et en somme un poète essaie de mettre sa nuit sur la table.
Il arrive qu’on se laisse envoûter par une atmosphère énigmatique, celle des rêves entre autres, et j’estime qu’une œuvre peut intriguer sans être comprise, attachée sans qu’on en fasse la preuve par neuf et trouver son équilibre sans être soumise aux disciplines de la règle d’or.
Je n’aime pas ce qui est poétique, j’aime la poésie, c’est-à-dire la poésie qui se fait toute seule, dont on ne s’occupe jamais.
Une œuvre d’art n’a d’excuse d’être que si elle est une solitude partagée par un grand nombre grâce au seul moyen qui puisse la rendre accessible aux autres.
Le film autorise ce phénomène extraordinaire qui consiste à vivre une oeuvre au lieu de la raconter et en outre à faire voir l’invisible, à rendre objectives les abstractions les plus subjectives. C’est pour ça que j’ai tellement aimé le cinématographe.
Mon œuvre résulte de graves calculs consistant à métamorphoser les chiffres en nombres et me range parmi ces donneurs de sang qui sont les seuls artistes que je respecte et dont la longue traînée rouge qu’ils laissent derrière eux, me fascine.
Le poète n’est autre que la main d’œuvre du schizophrène, dans le temps on aurait dit du fou, que chacun de nous porte en soi et dont il est le seul à ne pas avoir honte. Comme l’enfant, il n’a droit qu’au génie, le talent ne lui apporte qu’une base artisanale, ne lui sert qu’à sculpter l’ectoplasme qui coule de sa main, à mettre de la nuit en plein jour, à couper le cordon ombilical des monstres délicieux qui l’aident à venir au monde. Ne vous y trompez pas, ce schizophrène habite et hante même les artistes célèbres pour leur équilibre et leur robuste santé morale, disons les «ogres». Si j’osais me citer moi-même «Victor Hugo était un fou qui se prenait pour Victor Hugo».
L’homme est extrêmement inspirant, son époque aussi, son œuvre. Cocteau vient d’une époque artistique en ébullition où les très grands esprits se rencontrent et s’influencent. Absolument fascinant de l’entendre parler, mais force est de constater au passage à quel point nous vivons à une époque beaucoup plus impersonnelle et insignifiante, celle de la mass culture.
Cocteau parle tout bonnement de ses amis et connaissances : Igor Stravinsky et Pablo Picasso, Erik Satie qui connaissait Debussy, Diaghilev, Mme Chanel mêlée dans l’ombre au ballet russe de Diaghilev, Nijinski, Jean Renoir, Chaplin, Raymond Radiguet, Modigliani et bien d’autres. Un tel brassage de génies, j’en suis bouche-bée.
J’ai pris le temps de mettre quelques extraits de ce documentaire par écrit. Une de mes citations préférées? Un poète se doit d’être un homme très grave et par politesse d’avoir un air léger, souvent, hélas, le poète est un homme léger qui prend l’air grave. Peu après l'avoir entendu, La Vie est un miracle d'Emir Kusturica me confirmait pleinement cette citation en traitant brillamment un sujet très grave avec un air léger.
Extraits
Quand un film n’a pas d’intrigue, quand on ne sait pas qu’au début il y a monsieur, madame et qu’à la fin monsieur tuera madame ou madame tuera monsieur, et bien il faut que chaque image soit très importante.
Ce film (Jean Cocteau : autoportrait d’un inconnu) sera une espèce d’ombre chinoise de ma vie. La mienne, hélas, ne pourrait se raconter ni prendre sous aucune forme allure anecdotique. C’est une longue lutte contre les habitudes, contre les autres, contre moi-même, un épouvantable mélange de conscience et d’inconscience, de désordre et de rigueur, une silhouette pareille à celle qu’on découpait au 18e siècle dans le papier noir.
Nous vivons nous-mêmes dans une énigme. Nous sommes les ouvriers d’une ténèbres qui nous est propre mais qui nous échappe. Cet homme profond nous le connaissons très mal, c’est notre vrai moi. Il est caché dans les ténèbres, il nous donne des ordres. J’ai décidé de m’enfoncer en moi-même dans ce trou terrible, dans cette mine inconnue au risque de rencontrer le grisou. Il y a un état de somnolence qui n’est pas le sommeil et une sorte de vérité qui sort de nous, et qui n’est pas le rêve ni la rêverie.
Ce qui est propre à Paris, c’est que des musiciens et des peintres, mettons espagnols et russes, peuvent être considérés comme des Français, par exemple quand je dis «Picasso, Stravinsky», je pense toujours que Picasso est français, que Stravinsky est français, c’est absurde mais c’est un fait. Et ensuite après Picasso, Matisse, Braque, Auric, Poulenc ont travaillé pour le ballet russe qui n’était plus russe que par ses danseurs.
Le Sacre du printemps me bouleversa de fond en comble, le premier Stravinsky m’enseigna cette insulte aux habitudes sans quoi l’art stagne, et meurt. Chez Picasso, l’insulte aux habitudes a quelque chose de religieux, elle ressemble aux invectives amoureuses que les Espagnols adressent à la madone si elle n’est pas celle de leur paroisse.
Un poète se doit d’être un homme très grave et par politesse d’avoir un air léger, souvent hélas le poète est un homme léger qui prend l’air grave.
Je ne suis qu’un intermédiaire, qu’un médium et qu’une main d’œuvre. Et tous les poètes sont des médiums et des main d’œuvre de cette force mystérieuse qui les habite, je ne me vante pas, je ne parle pas d’inspiration, l’inspiration ne nous arrive pas d’un quelque ciel, l’inspiration devrait s’appeler l’expiration, c’est quelque chose qui sort de nos profondeurs, de notre nuit et en somme un poète essaie de mettre sa nuit sur la table.
Il arrive qu’on se laisse envoûter par une atmosphère énigmatique, celle des rêves entre autres, et j’estime qu’une œuvre peut intriguer sans être comprise, attachée sans qu’on en fasse la preuve par neuf et trouver son équilibre sans être soumise aux disciplines de la règle d’or.
Je n’aime pas ce qui est poétique, j’aime la poésie, c’est-à-dire la poésie qui se fait toute seule, dont on ne s’occupe jamais.
Une œuvre d’art n’a d’excuse d’être que si elle est une solitude partagée par un grand nombre grâce au seul moyen qui puisse la rendre accessible aux autres.
Le film autorise ce phénomène extraordinaire qui consiste à vivre une oeuvre au lieu de la raconter et en outre à faire voir l’invisible, à rendre objectives les abstractions les plus subjectives. C’est pour ça que j’ai tellement aimé le cinématographe.
Mon œuvre résulte de graves calculs consistant à métamorphoser les chiffres en nombres et me range parmi ces donneurs de sang qui sont les seuls artistes que je respecte et dont la longue traînée rouge qu’ils laissent derrière eux, me fascine.
Le poète n’est autre que la main d’œuvre du schizophrène, dans le temps on aurait dit du fou, que chacun de nous porte en soi et dont il est le seul à ne pas avoir honte. Comme l’enfant, il n’a droit qu’au génie, le talent ne lui apporte qu’une base artisanale, ne lui sert qu’à sculpter l’ectoplasme qui coule de sa main, à mettre de la nuit en plein jour, à couper le cordon ombilical des monstres délicieux qui l’aident à venir au monde. Ne vous y trompez pas, ce schizophrène habite et hante même les artistes célèbres pour leur équilibre et leur robuste santé morale, disons les «ogres». Si j’osais me citer moi-même «Victor Hugo était un fou qui se prenait pour Victor Hugo».
jeudi, août 16, 2007
L'esthétique de la violence
J'attire votre attention sur une analyse publiée dimanche dans le New York Times, la thèse: depuis le film Bonnie and Clyde, qui marque une rupture, et d'autres comme The Godfather, The Wild Bunch et Reservoir Dogs, «The filmmakers seemed less interested in the moral weight of violence than in its aesthetic impact». Extraits vidéos à l'appui, article très intéressant.
Dites-moi, s'agit-il vraiment d'un extrait du film The Godfather dans la vidéo? Si oui, je suis dû pour le revoir car je n'ai aucun souvenir de ces images pourtant percutantes.
Murderous Movies
Locarno
Une petite pensée pour nos cinéastes qui n'ont rien remporté au Festival du film de Locarno. On les félicite quand même!
Vous trouvez pas que sur cette photo Denis Côté a un petit air... imposant?
Pour plus de photos de l'événement consultez la galerie photo officielle
Vous trouvez pas que sur cette photo Denis Côté a un petit air... imposant?
Pour plus de photos de l'événement consultez la galerie photo officielle
mardi, août 07, 2007
Autre époque de Criterion
lundi, août 06, 2007
Créer c'est résister
«L'énorme proportion de nullité dans la production cinématographique n'est pas une objection: elle n'est pas pire qu'ailleurs, bien qu'elle ait des conséquences économiques et industrielles incomparables. Les grands auteurs de cinéma sont donc seulement plus vulnérables, il est infiniment plus facile de les empêcher de faire leur oeuvre. L'histoire du cinéma est un long martyrologe. Le cinéma n'en fait pas moins partie de l'histoire de l'art et de la pensée, sous les formes autonomes irremplaçables que ces auteurs ont su inventer, et faire passer malgré tout».
C'est pas parce qu'on rit que c'est drôle. De l'énorme proportion de nullité, des centaines de titres défilent dans ma pensée. Le martyrologe quant à lui m'évoque spontanément Orson Welles, Eric Von Stroheim, Buster Keaton et, dans une moindre mesure, André Forcier (il n'a quand même pas des studios sur le dos qui mettent ses oeuvres en pièces). Et vous?
J'apprécie la philosophie accessible de Gilles Deleuze, enfin, la langue utilisée l'est si les idées avancées nécessitent réflexion. Chez Deleuze, la langue est au service des idées, elle sert à clarifier, pas à s'enfermer et à s'empêtrer dans des modèles abscons.
Par rapport à la philosophie de Deleuze, je vous ai déjà parlé des livres téléchargeables de Bergson, et bien sachez que grâce à notre technologie moderne, vous pouvez suivre les cours de Deleuze en ligne! Des gens dévoués à la cause ont pris le temps de transcrire les cours qui sont également en format audio.
Sur le site La voix de Gilles Deleuze, vous retrouverez les catégories Anti-Oedipe et autres réflexions, Spinoza, La peinture et la question des concepts, et surtout, Cinéma ainsi que L'image-mouvement. Dans Cinéma, on retrouve pas moins de 42 cours!
L'Abécédaire de Gilles Deleuze et liens regroupe divers sujets, par exemple, R comme Résistance, L'acte de création et Q comme Question.
C'est pas parce qu'on rit que c'est drôle. De l'énorme proportion de nullité, des centaines de titres défilent dans ma pensée. Le martyrologe quant à lui m'évoque spontanément Orson Welles, Eric Von Stroheim, Buster Keaton et, dans une moindre mesure, André Forcier (il n'a quand même pas des studios sur le dos qui mettent ses oeuvres en pièces). Et vous?
J'apprécie la philosophie accessible de Gilles Deleuze, enfin, la langue utilisée l'est si les idées avancées nécessitent réflexion. Chez Deleuze, la langue est au service des idées, elle sert à clarifier, pas à s'enfermer et à s'empêtrer dans des modèles abscons.
Par rapport à la philosophie de Deleuze, je vous ai déjà parlé des livres téléchargeables de Bergson, et bien sachez que grâce à notre technologie moderne, vous pouvez suivre les cours de Deleuze en ligne! Des gens dévoués à la cause ont pris le temps de transcrire les cours qui sont également en format audio.
Sur le site La voix de Gilles Deleuze, vous retrouverez les catégories Anti-Oedipe et autres réflexions, Spinoza, La peinture et la question des concepts, et surtout, Cinéma ainsi que L'image-mouvement. Dans Cinéma, on retrouve pas moins de 42 cours!
L'Abécédaire de Gilles Deleuze et liens regroupe divers sujets, par exemple, R comme Résistance, L'acte de création et Q comme Question.
mardi, juillet 31, 2007
Jamais deux sans trois
Je ne peux m’empêcher d’écrire un mot. Les morts s’accumulent.
Jamais deux sans trois. Le dicton retentit cette semaine comme une vérité avec la perte des monuments du cinéma que sont Michel Serrault, Ingmar Bergman et Michelangelo Antonioni. À l’hiver de leur vie, l’âge les avait déjà passablement ralentis tant et si bien que la sève de l’inspiration montait moins souvent pour faire éclater le bourgeon du génie. Mais leur mort nous permet de les honorer et de rappeler la grandeur de leurs œuvres, de la marque qu’ils ont su laisser derrière eux. Finalement, le cinéma, comme les autres arts, découle de cette pulsion impénétrable, de ce désir d’influencer son temps et de laisser son empreinte dans le temps.
Comme cinéphile, au gré de mes visionnements, je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer Michel Serrault. Soyons honnête. Oui, un film par-ci, un film par-là, au gré du hasard, mais ce n’est pas ce que j’appelle une rencontre. Pour parler de rencontre, il faut être habité par un ou des personnages, être imprégné à vie.
Antonioni m’impressionne grandement par sa résistance à l’air du temps et son indépendance artistique. Il n’a pas marchandé son inspiration et il a su aller jusqu’au bout de ses idées. Dans un texte de l’AP, j’ai lu aujourd’hui que le cinéaste avait avoué ne pas «pouvoir aller à l'encontre de ses goûts pour rencontrer le public». Ça c’est le gage d’un cinéma authentique qui mène à de vraies rencontres, à de vraies découvertes. Ce que je retiens d’Antonioni et que j’aimerais approfondir davantage : son rapport au temps et à l’espace ainsi que la construction et l’évolution du récit.
Ingmar Bergman. Sa partie d’échecs avec la Mort est terminée. Même si elle a eu le même dénouement invariable que celle de tous et chacun, il était probablement plus prêt que d’autres, un peu comme ses personnages médiévaux Jöns et Antonius Block.
Il y aurait tant de choses à dire.
J’ai vu la totalité des films de Bergman (exception faite de Fanny et Alexandre) qui se trouvaient à la Boite noire, et certains plusieurs fois. Les souvenirs des uns sont refoulés dans les limbes de mon subconscient alors que d’autres me hantent toujours, tels Le Septième sceau, le Magicien, Virgin Spring, Through a Glass Darkly, Winter Light, Persona et Cris et chuchotements.
Rarement un cinéaste ne parvient à m’intéresser autant au couple avec autant d’intensité, parce qu’au bout du compte, Bergman ne met pas l’accent sur les vétilles narcissiques et puérils animant les (mauvaises) relations entre les hommes et les femmes, mais plutôt sur les peurs fondamentales, existentielles, qui habitent chacun de nous. Dans ce cadre, ce n’est pas tant une relation de genre entre les êtres qui compte qu’une relation avec l’autre qui nous permet de nous définir comme être, comme à travers un miroir, obscurément… Mais si l’autre ou le film sont des miroirs, il ne faut pas oublier que « Le miroir n'est pas un objet qui réalise la vérité mais qui l'obscurcit».
Bon j’ai assez parlé. Silence.
jeudi, juillet 12, 2007
Rescue Dawn
Le dernier film de Herzog, Rescue Dawn, devrait arriver à l'affiche en juillet. Le New York Times nous propose une courte présentation du film par l'auteur en diaporama électronique qui s'intitule The Heart of Men.
samedi, juin 23, 2007
Tag littéraire
Marmel m'a passé la tag cybernétique littéraire, ce qui veut dire que je dois purger le mal en débloguant le tout. Voilà qui commence bien.
Étant plutôt un lecteur à digeston lente de romans interminables ou d'oeuvres philosophiques, ou encore de magazines, je n'ai pas lu tant d'auteurs ni de titres qu'on pourrait le penser, mais je me prête au jeu tout de même.
4 livres qui ont marqué mon enfance
-La Bible, croyez-moi, les histoires bibliques marquent une enfance
-Robinson Crusoé, mon premier roman après les Oui-Oui et avant les Club des 5
-Plusieurs Jules Verne
-David Copperfield de Charles Dickens
4 écrivains que je relirais, encore et encore
- Marcel Proust, ses phrases m’épatent à tout coup
- Lao Zi: riche sagesse profonde
- Bible: riche sagesse profonde (et histoire)
- Boris Vian
4 écrivains que je ne relirai plus
- Ayn Rand, Je méprise son idéologie
-Nietzsche, trop révolté contre tout et intense
-Michel Beaudry, parce que de toute façon mes collègues me le relisent sans cesse à mon grand damne
-Kant, trop lourd, je n’ai plus le temps
4 livres à lire, en attente dans ma bibliothèque (et j'ai très hâte)
-L’image-mouvement de Gilles Deleuze
-L’image-temps de Gilles Deleuze
- Chroniques de cinéma de Roger Leenhardt
- La Guerre et la paix de Leon Tolstoi
4 livres que je suis en train de lire
- Qu’est-ce que le cinéma? d’André Bazin
-Madame Bovary de Gustave Flaubert
- Le Mythe de Sisyphe d’Albert Camus
-Le traité du désespoir de Søren Kierkegaard
4 livres que je n'ai pas terminé
-1984 de Orson Welles (le beau lapsus qui me poursuit, je le laisse pour votre plus grand plaisir), ben c’est ça
-L’histoire de la guerre du Péloponnèse de Thucydide
-Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche
- Eyeless in Gaza, de Aldous Huxley
4 livres que j'apporterais sur une île déserte
- Je comprends le principe, déjà j’aurais donné 4 livres pour «4 livres que j’apporterais en prison», mais sur une vraie, vraie île déserte? Le guide universel de la survie en 4 tomes, si ça existe!
Et puis tenez, on va garder le principe du 4, je tague Ivan, Martin, Mélanie et Jeff.
Étant plutôt un lecteur à digeston lente de romans interminables ou d'oeuvres philosophiques, ou encore de magazines, je n'ai pas lu tant d'auteurs ni de titres qu'on pourrait le penser, mais je me prête au jeu tout de même.
4 livres qui ont marqué mon enfance
-La Bible, croyez-moi, les histoires bibliques marquent une enfance
-Robinson Crusoé, mon premier roman après les Oui-Oui et avant les Club des 5
-Plusieurs Jules Verne
-David Copperfield de Charles Dickens
4 écrivains que je relirais, encore et encore
- Marcel Proust, ses phrases m’épatent à tout coup
- Lao Zi: riche sagesse profonde
- Bible: riche sagesse profonde (et histoire)
- Boris Vian
4 écrivains que je ne relirai plus
- Ayn Rand, Je méprise son idéologie
-Nietzsche, trop révolté contre tout et intense
-Michel Beaudry, parce que de toute façon mes collègues me le relisent sans cesse à mon grand damne
-Kant, trop lourd, je n’ai plus le temps
4 livres à lire, en attente dans ma bibliothèque (et j'ai très hâte)
-L’image-mouvement de Gilles Deleuze
-L’image-temps de Gilles Deleuze
- Chroniques de cinéma de Roger Leenhardt
- La Guerre et la paix de Leon Tolstoi
4 livres que je suis en train de lire
- Qu’est-ce que le cinéma? d’André Bazin
-Madame Bovary de Gustave Flaubert
- Le Mythe de Sisyphe d’Albert Camus
-Le traité du désespoir de Søren Kierkegaard
4 livres que je n'ai pas terminé
-1984 de Orson Welles (le beau lapsus qui me poursuit, je le laisse pour votre plus grand plaisir), ben c’est ça
-L’histoire de la guerre du Péloponnèse de Thucydide
-Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche
- Eyeless in Gaza, de Aldous Huxley
4 livres que j'apporterais sur une île déserte
- Je comprends le principe, déjà j’aurais donné 4 livres pour «4 livres que j’apporterais en prison», mais sur une vraie, vraie île déserte? Le guide universel de la survie en 4 tomes, si ça existe!
Et puis tenez, on va garder le principe du 4, je tague Ivan, Martin, Mélanie et Jeff.
vendredi, juin 22, 2007
Bazin du jour
Une belle conclusion pour un texte, y a pas à dire.
«Ce n'est point un réalisme du sujet, mais du style. Il est peut-être le seul metteur en scène (Rossellini) au monde à savoir nous intéresser à une action tout en la laissant objectivement sur le même plan de mise en scène que son contexte. Notre émotion y est pure de toute sentimentalité, c'est qu'elle a été contrainte de se réfléchir sur notre intelligence. Ce n'est pas l'acteur qui nous émeut, ni l'événement, mais le sens que nous sommes contraints d'en dégager. Dans cette mise en scène, le sens moral ou dramatique n'est jamais apparent à la surface de la réalité; pourtant nous ne pouvons éviter de savoir quel il est si nous avons une conscience. N'est-ce point là une solide définition du réalisme en art: contraindre l'esprit à prendre parti sans tricher avec les êtres et les choses?»
«Allemagne, année zéro» dans la revue Esprit, 1949, in 7e art, Qu'est-ce que le cinéma, III Cinéma et Sociologie, L'Enfance sans mythes, 1961.
jeudi, juin 21, 2007
Suggestions DVD
C’est mort sur mon blogue, mais mon gazon est vert, mon plant de houblon haut et ma peau hâlée de soleil. Si vous voyez ce que je veux dire. De retour à une autre forme de culture, donc, puisque je ne suis pas encore Out of business comme Janmi, qui semble s’être débranché pour un temps indéterminé. Très dommage comme le souligne Simon Dor.
Vous avez peut-être vu des classiques de Jean Renoir tels que La Grande Illusion, La Bête humaine, La Règle du jeu ou encore Le Carrosse d’or, et bien si l’envie vous prend de voir quelques films de plus du même auteur sans passer par la cinémathèque ou l’ONF, sachez que depuis le 24 avril vous pouvez vous procurer le coffret Jean Renoir Collection pour 27$ CAN (voir sur Amazon). Cette édition beaucoup moins coûteuse que n’importe quel Criterion comprend 7 films: La fille de l'eau (1925), Nana (1926), Sur un air de Charleston (1927), La petite marchande d'allumettes (1928), La Marseillaise (1938), Le testament du Docteur Cordelier (1959) et Le Caporal épinglé (1962).
Les films restaurés et édités par StudioCanal et la Cinémathèque française sont tout simplement ici récupérés et distribués par Lionsgate en format NTSC. On aura ajouté au passage des sous-titres anglais desquels nous pouvons nous dispenser sans problème comme auditeur francophone. Les intertitres - qu'on a dû retraduire de l'anglais pour cause d'avoir égarés les originaux - sont en français.
Fait à noter, la femme de Jean Renoir, Catherine Hessling, se retrouve dans les quatre films muets. Hessling a joué un grand rôle dans la carrière de Renoir puisque sans elle, le réalisateur n’aurait peut-être jamais touché à une caméra de sa vie.
«« Moi, je n’ai jamais voulu être vedette de cinéma, jamais; c’est Renoir qui disait : j’userai s’il le faut de mon droit marital pour te faire tourner ». Jean Renoir confirme ces dires dans ses Mémoires en insistant sur le fait qu’il n’a mis les pieds dans ce métier que dans l’espoir de faire de sa femme une vedette». (Allez sur Wikipédia pour en savoir un peu plus)
J'appelle aussi votre attention sur ces DVD sortis cette semaine sur le marché :
IF.... (1968), édité chez Criterion, drame anglais de Lindsay Anderson avec Malcolm McDowell (avant Orange Mécanique donc). Un film très ancré dans les problèmes et les changements sociaux de l’époque.
Des lycéens anglais se révoltent violemment contre le système éducatif et la discipline de fer de leur établissement. Ils vont même jusqu'à tirer sur la foule le jour de la remise des prix.
SWEET MOVIE (1974), édité chez Criterion, comédie canadienne (!) d’une réalisatrice yougoslave, Dusan Makavejev, avec Carole Laure en miss monde! Là, je suis vraiment curieux! Qui a déjà entendu parler d’un tel film canadien? Vraiment, on méconnaît notre cinéma.
Les aventures érotiques et existentielles de miss Monde racontées dans une fable bouffonne et fantasque qui traite de la libération de l'homme sous toutes ses formes.
WR: MYSTERIES OF THE ORGANISM (1971), édité chez Criterion, comédie yougoslave de la même réalisatrice Dusan Makavejev. Quelque chose me dit que ce film respire la liberté créatrice comme on n’en trouve pas un milligramme dans les Nitro et Spiderman de ce monde.
Docu-fiction surréaliste explorant les avenues psychologiques et philosophiques de la libération sexuelle d'une jeune fille slave.
Vous avez peut-être vu des classiques de Jean Renoir tels que La Grande Illusion, La Bête humaine, La Règle du jeu ou encore Le Carrosse d’or, et bien si l’envie vous prend de voir quelques films de plus du même auteur sans passer par la cinémathèque ou l’ONF, sachez que depuis le 24 avril vous pouvez vous procurer le coffret Jean Renoir Collection pour 27$ CAN (voir sur Amazon). Cette édition beaucoup moins coûteuse que n’importe quel Criterion comprend 7 films: La fille de l'eau (1925), Nana (1926), Sur un air de Charleston (1927), La petite marchande d'allumettes (1928), La Marseillaise (1938), Le testament du Docteur Cordelier (1959) et Le Caporal épinglé (1962).
Les films restaurés et édités par StudioCanal et la Cinémathèque française sont tout simplement ici récupérés et distribués par Lionsgate en format NTSC. On aura ajouté au passage des sous-titres anglais desquels nous pouvons nous dispenser sans problème comme auditeur francophone. Les intertitres - qu'on a dû retraduire de l'anglais pour cause d'avoir égarés les originaux - sont en français.
Fait à noter, la femme de Jean Renoir, Catherine Hessling, se retrouve dans les quatre films muets. Hessling a joué un grand rôle dans la carrière de Renoir puisque sans elle, le réalisateur n’aurait peut-être jamais touché à une caméra de sa vie.
«« Moi, je n’ai jamais voulu être vedette de cinéma, jamais; c’est Renoir qui disait : j’userai s’il le faut de mon droit marital pour te faire tourner ». Jean Renoir confirme ces dires dans ses Mémoires en insistant sur le fait qu’il n’a mis les pieds dans ce métier que dans l’espoir de faire de sa femme une vedette». (Allez sur Wikipédia pour en savoir un peu plus)
J'appelle aussi votre attention sur ces DVD sortis cette semaine sur le marché :
IF.... (1968), édité chez Criterion, drame anglais de Lindsay Anderson avec Malcolm McDowell (avant Orange Mécanique donc). Un film très ancré dans les problèmes et les changements sociaux de l’époque.
Des lycéens anglais se révoltent violemment contre le système éducatif et la discipline de fer de leur établissement. Ils vont même jusqu'à tirer sur la foule le jour de la remise des prix.
RAINING STONES (1993), édité chez Koch Lorber, comédie dramatique de Ken Loach. J’aimerais bien voir ça, une comédie de Loach.
À travers l'histoire de la famille Williams et de son chef Bob, au chômage depuis de long mois, évocation de la misère ordinaire des populations qui vivent à la périphérie de Manchester.
À travers l'histoire de la famille Williams et de son chef Bob, au chômage depuis de long mois, évocation de la misère ordinaire des populations qui vivent à la périphérie de Manchester.
SWEET MOVIE (1974), édité chez Criterion, comédie canadienne (!) d’une réalisatrice yougoslave, Dusan Makavejev, avec Carole Laure en miss monde! Là, je suis vraiment curieux! Qui a déjà entendu parler d’un tel film canadien? Vraiment, on méconnaît notre cinéma.
Les aventures érotiques et existentielles de miss Monde racontées dans une fable bouffonne et fantasque qui traite de la libération de l'homme sous toutes ses formes.
WR: MYSTERIES OF THE ORGANISM (1971), édité chez Criterion, comédie yougoslave de la même réalisatrice Dusan Makavejev. Quelque chose me dit que ce film respire la liberté créatrice comme on n’en trouve pas un milligramme dans les Nitro et Spiderman de ce monde.
Docu-fiction surréaliste explorant les avenues psychologiques et philosophiques de la libération sexuelle d'une jeune fille slave.
jeudi, mai 17, 2007
Vidéo sans vergogne
Oui bon, je prépare un vidéo qui a pour sujet le cinéma. Notre minuscule équipe a fait des tests sérieux... et moins sérieux. Voici donc la parodie de notre propre vidéo avant même son existence.
2 ou 3 images de Cannes
Pendant qu'on fait des pools sur Arrête ton cinéma, moi je tombe bien bas avec mes photos de stars. Il faut dire que j'y baigne et baignerai plusieurs heures durant dans les prochains jours (les photos, pas le festival).
Mark Ruffalo semble chercher le reste de la jupe de Chloe Sevigny (et par la même occasion nous aussi). Je trouve amusant de voir un gars se permettre sur la tribune, devant des centaines d'appareils photo, ce que plusieurs n'osent même pas faire dans la rue.
D'ordinaire je n'aime pas trop Andie MacDowell. Ne cherchez pas, c'est comme ça. Mais sur cette photo, dans cette robe, elle semble sur le point de s'envoler d'élégance.
Et bien qu'est-ce qu'on a là? Plusieurs millions de dollars de l'Oréal, ça c'est certain. Encore Andie MacDowell, mais je ne pouvais passer sous silence le passage de Gong Li sur le tapis rouge.
Mark Ruffalo semble chercher le reste de la jupe de Chloe Sevigny (et par la même occasion nous aussi). Je trouve amusant de voir un gars se permettre sur la tribune, devant des centaines d'appareils photo, ce que plusieurs n'osent même pas faire dans la rue.
D'ordinaire je n'aime pas trop Andie MacDowell. Ne cherchez pas, c'est comme ça. Mais sur cette photo, dans cette robe, elle semble sur le point de s'envoler d'élégance.
Et bien qu'est-ce qu'on a là? Plusieurs millions de dollars de l'Oréal, ça c'est certain. Encore Andie MacDowell, mais je ne pouvais passer sous silence le passage de Gong Li sur le tapis rouge.
mercredi, avril 25, 2007
Les débuts de 24 images
À l’hiver 1979 sortait le premier numéro du magazine 24 images. À cette époque, le contenu se rapprochait davantage de celui qu’on retrouve aujourd’hui dans le magazine en ligne Hors Champ. On n’hésitait pas à discuter de théorie du cinéma comme en fait foi cet article s’intitulant «Notes pour introduire à une théorie de l’effet esthétique» que j’ai retranscrit et publié sur le web. Disons que la rédaction lançait la revue en grand!
De ce premier numéro de la revue toujours existante, voici l’Avant-propos et le Mot de la rédaction qui nous en apprennent un peu plus sur la raison d’être du magazine naissant. Suivent ensuite une brève introduction à l’article et le lien vers le texte.
Avant-propos
La revue de cinéma que vous avez entre les mains n’a pas comme but de se substituer à d’autres organes de presse comme Cinéma Québec, Take One, etc., qui remplissent parfaitement leur fonction, mais plutôt de permettre aux amateurs d’avoir des documents un peu différents à la fois centrés sur les aspects théoriques du cinéma et sur les personnages qui le font vivre. D’autre part, l’orientation «internationale» des rubriques ne doit pas être perçue comme un refus de s’intéresser au Québec, que du contraire.
Les Éditions du Préambule, en collaboration avec le Centre Cinématographique Jean-Mitry ont décidé de faire de 24 images un trimestriel, espérant que l’avenir et les encouragements du public leur donneront raison.
Toutes les remarques obligeantes ou désobligeantes, dans la mesure où l’intention qui les anime est positive, seront toujours accueillies avec intérêt.
L’éditeur
Mot de la rédaction
Oui, une nouvelle revue de cinéma est nécessaire. En fait, il n’y aura jamais assez de revues de cinéma. 24 images en est donc une autre, une nouvelle que nous, membres de la rédaction, aimons plus que les autres – de la même manière qu’un cinéaste aime toujours son dernier film plus que ses précédents.
L’on crée comme l’on peut. En cherchant à se faire valoir, en cherchant un moyen de communiquer. En transmettant un savoir. Nous venons de naître, nous ne pouvons pas dire à quelle tendance nous appartenons, ni l’esprit dans lequel notre revue veut être conçue. C’est vous, lecteurs, qui en ferez ce que vous voudrez. Nous essaierons de ne jamais nous barricader derrière quelque théorie fixe et inébranlable; nous veillerons à ce que le contenu de la revue apporte sans cesse à ses lecteurs un bagage cinématographique enrichissant et nouveau, et nous souhaiterons la bienvenue à tous ceux qui voudraient se joindre à nous par l’apport d’articles ou d’études de tous genres, susceptibles d’intéresser notre comité de sélection.
Vingt-quatre images font une seconde de film, mais il a fallu plus de huit cent mille secondes pour créer ce pemier numéro de 24 images. Nous espérons qu’il vous plaira.
Le rédacteur en chef [Maurice Elia]
Mon introduction au texte
Cette introduction théorique est extrêmement ambitieuse. À partir de concepts empruntés à divers courants philosophiques, à la psychanalyse (plus largement à la psychologie) et à l’analyse marxiste, l’auteur cherche à établir une problématique valable qui constituerait un point de départ sûr pour ensuite entamer une réfléxion sur ce qu’est ou ce que n'est pas la réalité et la vérité au cinéma. Assez loin dans son texte, l’auteur établit que «il faut réfléchir à cette impossibilité qui constitue les pratiques artistiques comme «reflet» du «réel» et donc «ce que nous voudrions éclairer à partir de ce constat, concerne l’ambiguïté, pour n’en pas dire plus à cette étape, d’un projet de fondation d’une esthétique matérialiste à partir de la trop célèbre et équivoque théorie du «reflet»».
J’ai trouvé le texte très hermétique. L’auteur utilise un vocabulaire conceptuel –souvent philosophique- difficile d’accès, sans prendre le temps de vulgariser. Remarquez que l’article déjà long aurait été encore plus imposant.
L’utilisation surabondante des guillemets m’a un peu agacé aussi.
Pour faciliter la lecture, j’ai ajouté quelques liens vers des définitions sur Wikipédia, entre crochets. Si vous ne lisez pas ce texte deux fois pour bien le comprendre, je vous salue bien bas.
Notes pour introduire à une théorie de l’effet esthétique
Par Richard Groulx
De ce premier numéro de la revue toujours existante, voici l’Avant-propos et le Mot de la rédaction qui nous en apprennent un peu plus sur la raison d’être du magazine naissant. Suivent ensuite une brève introduction à l’article et le lien vers le texte.
Avant-propos
La revue de cinéma que vous avez entre les mains n’a pas comme but de se substituer à d’autres organes de presse comme Cinéma Québec, Take One, etc., qui remplissent parfaitement leur fonction, mais plutôt de permettre aux amateurs d’avoir des documents un peu différents à la fois centrés sur les aspects théoriques du cinéma et sur les personnages qui le font vivre. D’autre part, l’orientation «internationale» des rubriques ne doit pas être perçue comme un refus de s’intéresser au Québec, que du contraire.
Les Éditions du Préambule, en collaboration avec le Centre Cinématographique Jean-Mitry ont décidé de faire de 24 images un trimestriel, espérant que l’avenir et les encouragements du public leur donneront raison.
Toutes les remarques obligeantes ou désobligeantes, dans la mesure où l’intention qui les anime est positive, seront toujours accueillies avec intérêt.
L’éditeur
Mot de la rédaction
Oui, une nouvelle revue de cinéma est nécessaire. En fait, il n’y aura jamais assez de revues de cinéma. 24 images en est donc une autre, une nouvelle que nous, membres de la rédaction, aimons plus que les autres – de la même manière qu’un cinéaste aime toujours son dernier film plus que ses précédents.
L’on crée comme l’on peut. En cherchant à se faire valoir, en cherchant un moyen de communiquer. En transmettant un savoir. Nous venons de naître, nous ne pouvons pas dire à quelle tendance nous appartenons, ni l’esprit dans lequel notre revue veut être conçue. C’est vous, lecteurs, qui en ferez ce que vous voudrez. Nous essaierons de ne jamais nous barricader derrière quelque théorie fixe et inébranlable; nous veillerons à ce que le contenu de la revue apporte sans cesse à ses lecteurs un bagage cinématographique enrichissant et nouveau, et nous souhaiterons la bienvenue à tous ceux qui voudraient se joindre à nous par l’apport d’articles ou d’études de tous genres, susceptibles d’intéresser notre comité de sélection.
Vingt-quatre images font une seconde de film, mais il a fallu plus de huit cent mille secondes pour créer ce pemier numéro de 24 images. Nous espérons qu’il vous plaira.
Le rédacteur en chef [Maurice Elia]
Mon introduction au texte
Cette introduction théorique est extrêmement ambitieuse. À partir de concepts empruntés à divers courants philosophiques, à la psychanalyse (plus largement à la psychologie) et à l’analyse marxiste, l’auteur cherche à établir une problématique valable qui constituerait un point de départ sûr pour ensuite entamer une réfléxion sur ce qu’est ou ce que n'est pas la réalité et la vérité au cinéma. Assez loin dans son texte, l’auteur établit que «il faut réfléchir à cette impossibilité qui constitue les pratiques artistiques comme «reflet» du «réel» et donc «ce que nous voudrions éclairer à partir de ce constat, concerne l’ambiguïté, pour n’en pas dire plus à cette étape, d’un projet de fondation d’une esthétique matérialiste à partir de la trop célèbre et équivoque théorie du «reflet»».
J’ai trouvé le texte très hermétique. L’auteur utilise un vocabulaire conceptuel –souvent philosophique- difficile d’accès, sans prendre le temps de vulgariser. Remarquez que l’article déjà long aurait été encore plus imposant.
L’utilisation surabondante des guillemets m’a un peu agacé aussi.
Pour faciliter la lecture, j’ai ajouté quelques liens vers des définitions sur Wikipédia, entre crochets. Si vous ne lisez pas ce texte deux fois pour bien le comprendre, je vous salue bien bas.
Notes pour introduire à une théorie de l’effet esthétique
Par Richard Groulx
vendredi, avril 20, 2007
La réalité rejoint la fiction
Cette nouvelle m'a tout de suite fait penser au film Children of Men. Ne reste plus qu'une nouvelle sur la stérilité des femmes et le film passera pour une prophétie. Dans ce cas-ci on ne peut pas encore parler de réalité qui dépasse la fiction et espérons bien que ça restera comme ça.
Le ministre allemand de l'Intérieur, Wolfgang Schaeuble, qui présidait la réunion au Luxembourg, a précisé que la création de patrouilles aux larges des côtes européennes et africaines fin mai avait également été approuvée.
«Les citoyens attendent de l'Europe qu'elle fournisse une protection de ses frontières extérieurs communes», a déclaré M. Schaeuble. Il a qualifié ces décisions, qui seront finalisées au cours de prochains mois, de «mesures vitales pour contrer l'immigration clandestine». »
La nouvelle intégrale sur Canoë
Immigration (clandestine): L'UE se dote d'une force de réaction rapide
«Les ministres de l'Intérieur et de la Justice de l'Union européenne ont entériné vendredi la création d'une force de réaction rapide chargée de lutter contre l'immigration clandestine dans les pays du sud de l'UE.
Le ministre allemand de l'Intérieur, Wolfgang Schaeuble, qui présidait la réunion au Luxembourg, a précisé que la création de patrouilles aux larges des côtes européennes et africaines fin mai avait également été approuvée.
«Les citoyens attendent de l'Europe qu'elle fournisse une protection de ses frontières extérieurs communes», a déclaré M. Schaeuble. Il a qualifié ces décisions, qui seront finalisées au cours de prochains mois, de «mesures vitales pour contrer l'immigration clandestine». »
[...]
«L'agence sera chargée de déployer les équipes dans un délai de quelques jours à destination de chaque pays dont les frontières apparaîtront sous la menace d'une vague de migration.
Les membres de ces équipes jouiront de pouvoirs spécifiques leur permettant de décider immédiatement de la marche à suivre [euh, ouf, ça promet à long terme]: soit lancer un processus de demande d'asile, soit le renvoi des migrants vers leurs pays d'origine. L'agence Frontex sera également dotée de 27 hélicoptères, 116 bateaux et 21 avions fournis par les pays membres pour assurer les patrouilles régulières. »
La nouvelle intégrale sur Canoë
vendredi, avril 13, 2007
Un blogue cinéma cité dans Le Monde
Dans les blogues que je visite, je savais que celui de Martine était populaire, mais j’étais loin de me douter que Contrechamp était si fréquenté et connu. Enfin si, j’avais une petite idée en voyant le nombre de commentaires que chaque billet attirait, mais je n'aurais pas pu imaginer que c'était à ce point.
Difficile de garder l’anonymat comme auteure d’un blogue, surtout quand ce dernier attire quelque 3000 visiteurs par jour et qu’un journaliste du Monde s’intéresse à notre cas. C’est ce qui est arrivé à Sandrine Marques, auteure du blogue de haute qualité Contrechamp. Remarquez, elle ne s’en plaint pas.
Difficile de garder l’anonymat comme auteure d’un blogue, surtout quand ce dernier attire quelque 3000 visiteurs par jour et qu’un journaliste du Monde s’intéresse à notre cas. C’est ce qui est arrivé à Sandrine Marques, auteure du blogue de haute qualité Contrechamp. Remarquez, elle ne s’en plaint pas.
3000 visites par jour, ce n’est pas rien. Il faut dire que son blogue est un des rares – pour ne pas dire le seul - figurant parmi les liens des Cahiers du Cinéma et de la Cinémathèque française.
Voyez l’article du Monde «Sandrine Marques, la passion du cinéma en ligne» :
Sur le site du journal Le Monde
Dans mes archives
Voyez l’article du Monde «Sandrine Marques, la passion du cinéma en ligne» :
Sur le site du journal Le Monde
Dans mes archives
mercredi, avril 11, 2007
Google Page Creator
Il y a quelques mois de cela, j'avais lu une nouvelle techno qui nous apprenait qu'un des mille projets de Google était de permettre aux internautes de créer facilement des pages web sans avoir à connaître les codes html (donc WYSIWYG) et sans recourir à des services d'hébergeur. Je suis allé vérifier cette fin de semaine ce qu'il advenait de cette idée. Et bien, ils la développent de belle façon.
Il suffit de s'ouvrir un compte courriel gmail et de créer une page d'accueil (ce n'est même pas nécessaire) pour ensuite créer des pages individuelles que vous avez le choix de lier entre elles comme bon vous semble. Comme le service est offert par Google, l'outil fonctionne à peu de choses près comme celui de Blogger.
Je vais m'en servir pour publier des articles ou des extraits d'articles, allégeant ainsi visuellement mon blogue et gonflant ainsi un peu plus les archives virtuelles du web.
Ainsi, au lieu de publier l'entrevue complète de 24 Images avec Richard Leacock, je vais faire une introduction pour ensuite indiquer simplement: Cliquez ici pour lire l'entrevue.
Voyez l'ébauche de ma page d'accueil.
Génial comme service, non?
Google Page Creator
Il suffit de s'ouvrir un compte courriel gmail et de créer une page d'accueil (ce n'est même pas nécessaire) pour ensuite créer des pages individuelles que vous avez le choix de lier entre elles comme bon vous semble. Comme le service est offert par Google, l'outil fonctionne à peu de choses près comme celui de Blogger.
Je vais m'en servir pour publier des articles ou des extraits d'articles, allégeant ainsi visuellement mon blogue et gonflant ainsi un peu plus les archives virtuelles du web.
Ainsi, au lieu de publier l'entrevue complète de 24 Images avec Richard Leacock, je vais faire une introduction pour ensuite indiquer simplement: Cliquez ici pour lire l'entrevue.
Voyez l'ébauche de ma page d'accueil.
Génial comme service, non?
Google Page Creator
samedi, avril 07, 2007
Quand le critique visait juste
Je continue la lecture de Qu’est-ce que le cinéma? d’André Bazin et j’ai été frappé de voir la clairvoyance et la justesse de son analyse de Journal d’un curé de campagne dans laquelle il saisit déjà la vision et la mécanique de Bresson. Au moment où Bazin écrit cet article en 1951, il faut se rappeler que les plus grands films de Bresson sont à venir et que les Notes sur le cinématographe du cinéaste seront publiées beaucoup plus tard.
Voici un extrait de l’article Le «Journal d’un curé de campagne» et la stylistique de Robert Bresson suivis de citations de Notes sur le cinématographe qui, par leur recoupement, confirment la lucidité de Bazin. Frappant.
Bazin dit :
«Car ce n’est pas tant une résonance que l’esprit perçoit qu’un décalage comme celui d’une couleur non superposée au dessin. Et c’est dans la frange que l’événement libère sa signification. C’est parce que le film est tout entier construit sur ce rapport que l’image atteint, surtout vers la fin, à une telle puissance émotionnelle.
On chercherait en vain les principes de sa déchirante beauté dans son seul contenu explicite. Je crois qu’il existe peu de films dont les photographies séparées soient plus décevantes; leur absence fréquente de composition plastique, l’expression guindée et statique des personnages, trahissent absolument leur valeur dans le déroulement du film. Ce n’est pourtant pas au montage qu’elles doivent cet incroyable supplément d’efficacité.
La valeur de l’image ne procède guère de ce qui la précède et la suit. Elle accumule plutôt une énergie statique, comme les lames parallèles d’un condensateur. À partir d’elle, et par rapport à la bande sonore, s’organisent des différences de potentiel esthétique dont la tension devient insoutenable. Ainsi le rapport de l’image et du texte progresse-t-il vers la fin au bénéfice de ce dernier, et c’est très naturellement sous l’exigence d’une impérieuse logique que, dans les dernières secondes, l’image se retire de l’écran. Au point où en est arrivé Bresson l’image ne peut en dire davantage qu’en disparaissant. Le spectateur a été progressivement amené à cette nuit des sens dont la seule expression possible est la lumière sur l’écran blanc».
Bresson dit :
-Il faut qu’une image se transforme au contact d’autres images comme une couleur au contact d’autres couleurs. Un bleu n’est pas le même bleu à côté d’un vert, d’un jaune, d’un rouge. Pas d’art sans transformation.
-Film de cinématographe où les images, comme les mots du dictionnaire, n’ont de pouvoir et de valeur que par leurs position et relation.
-Si une image, regardée à part, exprime nettement quelques chose, si elle comporte une interprétation, elle ne se transformera pas au contact d’autres images. Les autres images n’auront aucun pouvoir sur elle, et elle n’aura aucun pouvoir sur les autres images. Ni action, ni réaction. Elle est définitive et inutilisable dans le système du cinématographe. (Un système ne règle pas tout. Il est une amorce à quelque chose.)
-M’appliquer à des images insignifiantes (non signifiantes).
-Aplatir mes images (comme avec un fer à repasser), sans les atténuer.
-Plus grande est la réussite, plus elle frise le ratage (comme un chef-d’œuvre de peinture frise le chromo).
-Pouvoir qu’ont tes images (aplaties) d’être autres que ce qu’elles sont. La même image amenée par dix chemins différents sera dix fois une image différente.
[Et terminons par celle-là même s’il y en a bien d’autres]
-Démonter et remonter jusqu’à l’intensité.
Voici un extrait de l’article Le «Journal d’un curé de campagne» et la stylistique de Robert Bresson suivis de citations de Notes sur le cinématographe qui, par leur recoupement, confirment la lucidité de Bazin. Frappant.
Bazin dit :
«Car ce n’est pas tant une résonance que l’esprit perçoit qu’un décalage comme celui d’une couleur non superposée au dessin. Et c’est dans la frange que l’événement libère sa signification. C’est parce que le film est tout entier construit sur ce rapport que l’image atteint, surtout vers la fin, à une telle puissance émotionnelle.
On chercherait en vain les principes de sa déchirante beauté dans son seul contenu explicite. Je crois qu’il existe peu de films dont les photographies séparées soient plus décevantes; leur absence fréquente de composition plastique, l’expression guindée et statique des personnages, trahissent absolument leur valeur dans le déroulement du film. Ce n’est pourtant pas au montage qu’elles doivent cet incroyable supplément d’efficacité.
La valeur de l’image ne procède guère de ce qui la précède et la suit. Elle accumule plutôt une énergie statique, comme les lames parallèles d’un condensateur. À partir d’elle, et par rapport à la bande sonore, s’organisent des différences de potentiel esthétique dont la tension devient insoutenable. Ainsi le rapport de l’image et du texte progresse-t-il vers la fin au bénéfice de ce dernier, et c’est très naturellement sous l’exigence d’une impérieuse logique que, dans les dernières secondes, l’image se retire de l’écran. Au point où en est arrivé Bresson l’image ne peut en dire davantage qu’en disparaissant. Le spectateur a été progressivement amené à cette nuit des sens dont la seule expression possible est la lumière sur l’écran blanc».
Bresson dit :
-Il faut qu’une image se transforme au contact d’autres images comme une couleur au contact d’autres couleurs. Un bleu n’est pas le même bleu à côté d’un vert, d’un jaune, d’un rouge. Pas d’art sans transformation.
-Film de cinématographe où les images, comme les mots du dictionnaire, n’ont de pouvoir et de valeur que par leurs position et relation.
-Si une image, regardée à part, exprime nettement quelques chose, si elle comporte une interprétation, elle ne se transformera pas au contact d’autres images. Les autres images n’auront aucun pouvoir sur elle, et elle n’aura aucun pouvoir sur les autres images. Ni action, ni réaction. Elle est définitive et inutilisable dans le système du cinématographe. (Un système ne règle pas tout. Il est une amorce à quelque chose.)
-M’appliquer à des images insignifiantes (non signifiantes).
-Aplatir mes images (comme avec un fer à repasser), sans les atténuer.
-Plus grande est la réussite, plus elle frise le ratage (comme un chef-d’œuvre de peinture frise le chromo).
-Pouvoir qu’ont tes images (aplaties) d’être autres que ce qu’elles sont. La même image amenée par dix chemins différents sera dix fois une image différente.
[Et terminons par celle-là même s’il y en a bien d’autres]
-Démonter et remonter jusqu’à l’intensité.
lundi, mars 26, 2007
Le Caïman dans la vraie vie
Le Caïman de Moretti est d'actualité. Ce matin sortait encore une nouvelle sur Berlusconi, Cinq ans de prison requis en appel contre Berlusconi, où on nous rappelle que «Le magnat des médias Silvio Berlusconi est jusqu'à présent toujours sorti indemne de ses démêlés avec la justice, bénéficiant à chaque fois d'une relaxe ou de la prescription des faits.»
En cherchant une photo récente de Berlusconi sur la Presse canadienne (que je n'ai finalement pas retenue pour question de coût...), je suis tombé sur cette photo d'Aida Yespica qui fait référence à une autre nouvelle, un potin finalement. Veronica Lario n'a pas apprécié que son mari Silvio flirte avec Aida dans une soirée VIP (elle en a fait une lettre ouverte dans la Repubblica). Je me mets une nanoseconde dans la peau d'une femme et j'imagine bien l'évidente jalousie ressentie.
Ce qui me frappe, en dehors de la beauté de la Vénézuélienne, c’est de voir que l’image du Caïman que j’ai publiée hier ne sortait pas de nul part. Moretti savait de quoi il parlait en représentant Berlusconi jouissant de sa popularité au beau milieu d’un raout meublé de beautés féminines dansant en tenues affriolantes. Il n'a pas fini de faire les manchettes on dirait… Y aura-t-il un Le Caïman II?
En cherchant une photo récente de Berlusconi sur la Presse canadienne (que je n'ai finalement pas retenue pour question de coût...), je suis tombé sur cette photo d'Aida Yespica qui fait référence à une autre nouvelle, un potin finalement. Veronica Lario n'a pas apprécié que son mari Silvio flirte avec Aida dans une soirée VIP (elle en a fait une lettre ouverte dans la Repubblica). Je me mets une nanoseconde dans la peau d'une femme et j'imagine bien l'évidente jalousie ressentie.
Ce qui me frappe, en dehors de la beauté de la Vénézuélienne, c’est de voir que l’image du Caïman que j’ai publiée hier ne sortait pas de nul part. Moretti savait de quoi il parlait en représentant Berlusconi jouissant de sa popularité au beau milieu d’un raout meublé de beautés féminines dansant en tenues affriolantes. Il n'a pas fini de faire les manchettes on dirait… Y aura-t-il un Le Caïman II?
samedi, mars 24, 2007
Le Caïman: à ne pas manquer
J'avais envie de vous le dire avant: allez voir Le Caïman au cinéma, c'est excellent. Moretti prouve qu'il est un maître de son art. Il a trouvé le moyen de raconter trois histoires à la fois: une politique, une sur le cinéma italien et une d'un couple qui foire. Le tout parfaitement intégré, drôle et critique en même temps.
Je vous renvoie au texte d'une critique qu'on a plus souvent l'occasion de lire.
LE CAÏMAN : Critique de Juliette Ruer (sur 24 Images)
Je vous renvoie au texte d'une critique qu'on a plus souvent l'occasion de lire.
LE CAÏMAN : Critique de Juliette Ruer (sur 24 Images)
mardi, mars 20, 2007
FTA: billets en vente dès aujourd'hui
La vente des billets du Festival TransAmérique commençait aujourd'hui. Quant à moi, je me suis précipité (j'étais prêt) sur le réseau Admission pour m'assurer une bonne place au nouveau spectacle d'une durée de 5 heures de Robert Lepage, Lipsynch. Robert Lepage fait partie des quelques rares artistes dont l'univers nous touche inconditionnellement tous les deux, Sara et moi. Quoi de mieux pour souligner notre anniversaire de rencontre et de mariage.
*Une entrevue d'une trentaine de minutes sur Lipsynch et autres sujets par Christiane Charette avec Robert Lepage.
LIPSYNCH
CHOEUR À NEUF VOIX. Fabuleux soap-opera, qui flirte autant avec la saga romanesque qu'avec la pensée du physicien Stephen Hawking, Lipsynch propose une série de destins croisés, de voix et de vies superposées, rien de moins qu'un état du monde avec ses absences et ses trous noirs, cela à travers les aléas d'hommes et de femmes réunis par le hasard et les probabilités.
Neuf histoires s'enchaînent, les règles de la chronologie sont abolies, et s'entrechoquent ainsi les microfictions, telles des billes de flipper actionnées par le manipulateur Lepage. Après Les Sept Branches de la rivière Ota et tant d'autres oeuvres monumentales, l'artiste nous mène en bateau, en train, en avion, en métro et en voiture jusqu'aux confluents où plusieurs rivières se rejoignent, au delta où se sont déposées les alluvions de mémoires endeuillées.
Œuvre dramatique et vaudevillesque, symphonie au coeur de laquelle chaque histoire, chaque personnage et chaque voix se présente tel un instrument avec sa musique et sa tonalité propres, Lipsynch est un vaste meccano qui porte le théâtre à l'acmé de ses possibilités narratives, un chatoyant cube de Rubik qui multiplie les facettes et toujours laisse éclore de nouvelles éventualités.
*Une entrevue d'une trentaine de minutes sur Lipsynch et autres sujets par Christiane Charette avec Robert Lepage.
LIPSYNCH
CHOEUR À NEUF VOIX. Fabuleux soap-opera, qui flirte autant avec la saga romanesque qu'avec la pensée du physicien Stephen Hawking, Lipsynch propose une série de destins croisés, de voix et de vies superposées, rien de moins qu'un état du monde avec ses absences et ses trous noirs, cela à travers les aléas d'hommes et de femmes réunis par le hasard et les probabilités.
Neuf histoires s'enchaînent, les règles de la chronologie sont abolies, et s'entrechoquent ainsi les microfictions, telles des billes de flipper actionnées par le manipulateur Lepage. Après Les Sept Branches de la rivière Ota et tant d'autres oeuvres monumentales, l'artiste nous mène en bateau, en train, en avion, en métro et en voiture jusqu'aux confluents où plusieurs rivières se rejoignent, au delta où se sont déposées les alluvions de mémoires endeuillées.
Œuvre dramatique et vaudevillesque, symphonie au coeur de laquelle chaque histoire, chaque personnage et chaque voix se présente tel un instrument avec sa musique et sa tonalité propres, Lipsynch est un vaste meccano qui porte le théâtre à l'acmé de ses possibilités narratives, un chatoyant cube de Rubik qui multiplie les facettes et toujours laisse éclore de nouvelles éventualités.
Gauche ou droite?
Non, je ne parle pas de Québec Solidaire ou de l'ADQ.
The Brain Test
Un test amusant que j'ai pris chez Jeff et qui piquera aussi votre curiosité j'en suis sûr.
Antoine, you are Balanced-brained
That means you are able to draw on the strengths of both the right and left hemispheres of your brain, depending upon a given situation.
When you need to explain a complicated process to someone, or plan a detailed vacation, the left hemisphere of your brain, which is responsible for your ability to solve problems logically, might kick in. But if you were critiquing an art opening or coming up with an original way to file papers, the right side of your brain, which is responsible for noticing subtle details in things, might take over.
While many people have clearly dominant left- or right-brained tendencies, you are able to draw on skills from both hemispheres of your brain. This rare combination makes you a very creative and flexible thinker.
The down side to being balanced-brained is that you may sometimes feel paralyzed by indecision when the two hemispheres of your brain are competing to solve a problem in their own unique ways.
The Brain Test
Un test amusant que j'ai pris chez Jeff et qui piquera aussi votre curiosité j'en suis sûr.
Antoine, you are Balanced-brained
That means you are able to draw on the strengths of both the right and left hemispheres of your brain, depending upon a given situation.
When you need to explain a complicated process to someone, or plan a detailed vacation, the left hemisphere of your brain, which is responsible for your ability to solve problems logically, might kick in. But if you were critiquing an art opening or coming up with an original way to file papers, the right side of your brain, which is responsible for noticing subtle details in things, might take over.
While many people have clearly dominant left- or right-brained tendencies, you are able to draw on skills from both hemispheres of your brain. This rare combination makes you a very creative and flexible thinker.
The down side to being balanced-brained is that you may sometimes feel paralyzed by indecision when the two hemispheres of your brain are competing to solve a problem in their own unique ways.
dimanche, mars 18, 2007
Jean-Pierre Lefebvre : «J'ai péché»
«J’ai péché» publié en 1971 dans Jean-Pierre Lefebvre de Renald Bérubé et Yvan Patry.
J’AI PÉCHÉ
1
«J’ai 27 ans. J’aime les voyages, la nature. Je suis cinéaste (québécois). Je mesure six pieds et on me dit d’apparence agréable. J’aimerais rencontrer la société-sœur, vierge autant que possible. But : l’avenir le dira.»
1
«J’ai 27 ans. J’aime les voyages, la nature. Je suis cinéaste (québécois). Je mesure six pieds et on me dit d’apparence agréable. J’aimerais rencontrer la société-sœur, vierge autant que possible. But : l’avenir le dira.»
2
D’abord une confidence : je suis l’auteur de mes films.
Le Révolutionnaire : refusé au Festival de Montréal 1966 et au Festival d’Evian de la même année; honte du Festival de Pesaro 1967 et échec au Festival de Berlin 1968.
Patricia et Jean-Baptiste : deux fois refusé par la Société Radio-Canada; honte de Mlle Chantal Renaud qui expliqua dans le Photo-Journal du 17 janvier 1968 pourquoi ce film, montré à la deuxième chaîne de télévision de France, constituait «la pire image du Canada en France»; très récemment retiré de l’affiche du Festival de Sainte-Agathe à la dernière minute par les directeurs qui le jugèrent indigne de figurer à l’intérieur de leurs manifestations «culturelles» et prétextèrent que la salle où devait avoir lieu, le 8 août dernier, la première officielle du film n’était plus disponible ou, comme il fut dit à certaines gens qui s’étaient rendues voir le film, que la copie ne leur était pas parvenue, ce qui est faux (et je dois vous demander d’oublier la critique très juste et très profonde que Luc Perreault, non averti du contretemps, et pour cause, lui a consacrée dans La Presse du vendredi 9 août, à la suite de cette première fantôme).
Mon œil : Film sur la honte.
Il ne faut pas mourir pour ça : ma honte personnelle parce qu’il a remporté trop de prix.
Mon amie Pierrette : chuttt… une petite cousine de Patricia et Jean-Baptiste, tourné en septembre 1967 pour … chutt l’ONF … montage définitif présenté et refusé une première fois en décembre 67, mis en «ballottage» par la suite jusqu’en septembre 1968… soumis à toute la suite logique d’authentiques procédés d’approbation démocratique, quelques personnes fortes refusant d’assumer, au non de l’ONF, ma honte personnelle… mais chutt.
Jusqu’au cœur : film honteux (bien que produit par l’ONF) parce qu’il montre qu’on n’a aucune honte à agir avec honte.
3
Je suis foncièrement un inadapté. Ayant en effet un brillant avenir devant moi, une carrière de professeur dans une institution «canadienne-anglaise», j’ai refusé la sécurité matérielle pour tenter d’exprimer certains problèmes de mon milieu, c’est-à-dire le milieu québécois. C’est alors que je me suis rendu compte, mais trop tard, de mon peu d’intelligence et d’intuition : IL N’Y A PAS DE PROBLÈMES AU QUÉBEC. Je n’ai donc exprimé, dans mes six longs métrages, que des obsessions personnelles : immobilisme d’une société soumise aux rigueurs du froid et d’un colonialisme à la fois britannique, français, américain et religieux; ségrégation absolue au niveau des langages parlés du Québécois et conséquemment des classes sociales; dictature des structures capitalistes, sur l’économie et la culture; crise aiguë de communication entre les individus et les divers groupes de ma société pour les raisons plus haut mentionnées et aussi, bêtement et simplement, pour des raisons d’ordre géographique.
4
Mes films, au reste, malsains et minables, font de façon fort convaincante la preuve de l’état de pauvreté et d’infériorité dans lequel je souhaiterais plonger ma société qui, heureusement, par l’entremise de ses dirigeants responsables et compétents, proteste avec véhémence et affiche clairement son désir de demeurer authentiquement américaine et «transplantée».
Au lieu de montrer la beauté et la chair féminine déployées dans tous leurs attraits sensuels et voluptueux, j’ai commis l’erreur de croire en la tendresse, en la tendresse qui est faite de violence parfois, parce que l’amour est «direct», sans hypocrisie, sans flatterie. Au lieu de montrer de vrais meurtres avec de vrais fusils, j’ai laissé entrevoir un fantôme miné par le défaitisme national et certaines idées fascistes. Par dessus tout, en créant des œuvres «lentes», avec la prétention de méditer quelques paysages et quelques sentiments, avec celle aussi, bien téméraire, de respecter le spectateur en ne l’abaissant pas au dénominateur commun, broutant, qu’a fait de lui le cinéma du luxe, je n’ai pas su témoigner de cette «belle province» agitée, nerveuse, active, violente, novatrice, créatrice, cultivée, industrialisée, débordante d’enthousiasme, dans le vent et dont la langue parlée est la seule de tous les milieux francophones mondiaux à avoir conservé la justesse et la précision de la langue de Rabelais.
5
J’ai péché, donc je suis coupable. Je suis coupable, donc j’ai péché. Si au moins j’avais l’assurance que vous ne me pardonnerez pas, que vous réfléchirez à mes crimes… Si j’avais l’assurance qu’une fois de plus vous ne vous dégagerez pas de vos responsabilités et penserez : paix à son âme, Dieu lui pardonnera, nous on s’en maudit jusqu’au cou. Ainsi ne soit-il pas.
JEAN-PIERRE LEFEBVRE
D’abord une confidence : je suis l’auteur de mes films.
Le Révolutionnaire : refusé au Festival de Montréal 1966 et au Festival d’Evian de la même année; honte du Festival de Pesaro 1967 et échec au Festival de Berlin 1968.
Patricia et Jean-Baptiste : deux fois refusé par la Société Radio-Canada; honte de Mlle Chantal Renaud qui expliqua dans le Photo-Journal du 17 janvier 1968 pourquoi ce film, montré à la deuxième chaîne de télévision de France, constituait «la pire image du Canada en France»; très récemment retiré de l’affiche du Festival de Sainte-Agathe à la dernière minute par les directeurs qui le jugèrent indigne de figurer à l’intérieur de leurs manifestations «culturelles» et prétextèrent que la salle où devait avoir lieu, le 8 août dernier, la première officielle du film n’était plus disponible ou, comme il fut dit à certaines gens qui s’étaient rendues voir le film, que la copie ne leur était pas parvenue, ce qui est faux (et je dois vous demander d’oublier la critique très juste et très profonde que Luc Perreault, non averti du contretemps, et pour cause, lui a consacrée dans La Presse du vendredi 9 août, à la suite de cette première fantôme).
Mon œil : Film sur la honte.
Il ne faut pas mourir pour ça : ma honte personnelle parce qu’il a remporté trop de prix.
Mon amie Pierrette : chuttt… une petite cousine de Patricia et Jean-Baptiste, tourné en septembre 1967 pour … chutt l’ONF … montage définitif présenté et refusé une première fois en décembre 67, mis en «ballottage» par la suite jusqu’en septembre 1968… soumis à toute la suite logique d’authentiques procédés d’approbation démocratique, quelques personnes fortes refusant d’assumer, au non de l’ONF, ma honte personnelle… mais chutt.
Jusqu’au cœur : film honteux (bien que produit par l’ONF) parce qu’il montre qu’on n’a aucune honte à agir avec honte.
3
Je suis foncièrement un inadapté. Ayant en effet un brillant avenir devant moi, une carrière de professeur dans une institution «canadienne-anglaise», j’ai refusé la sécurité matérielle pour tenter d’exprimer certains problèmes de mon milieu, c’est-à-dire le milieu québécois. C’est alors que je me suis rendu compte, mais trop tard, de mon peu d’intelligence et d’intuition : IL N’Y A PAS DE PROBLÈMES AU QUÉBEC. Je n’ai donc exprimé, dans mes six longs métrages, que des obsessions personnelles : immobilisme d’une société soumise aux rigueurs du froid et d’un colonialisme à la fois britannique, français, américain et religieux; ségrégation absolue au niveau des langages parlés du Québécois et conséquemment des classes sociales; dictature des structures capitalistes, sur l’économie et la culture; crise aiguë de communication entre les individus et les divers groupes de ma société pour les raisons plus haut mentionnées et aussi, bêtement et simplement, pour des raisons d’ordre géographique.
4
Mes films, au reste, malsains et minables, font de façon fort convaincante la preuve de l’état de pauvreté et d’infériorité dans lequel je souhaiterais plonger ma société qui, heureusement, par l’entremise de ses dirigeants responsables et compétents, proteste avec véhémence et affiche clairement son désir de demeurer authentiquement américaine et «transplantée».
Au lieu de montrer la beauté et la chair féminine déployées dans tous leurs attraits sensuels et voluptueux, j’ai commis l’erreur de croire en la tendresse, en la tendresse qui est faite de violence parfois, parce que l’amour est «direct», sans hypocrisie, sans flatterie. Au lieu de montrer de vrais meurtres avec de vrais fusils, j’ai laissé entrevoir un fantôme miné par le défaitisme national et certaines idées fascistes. Par dessus tout, en créant des œuvres «lentes», avec la prétention de méditer quelques paysages et quelques sentiments, avec celle aussi, bien téméraire, de respecter le spectateur en ne l’abaissant pas au dénominateur commun, broutant, qu’a fait de lui le cinéma du luxe, je n’ai pas su témoigner de cette «belle province» agitée, nerveuse, active, violente, novatrice, créatrice, cultivée, industrialisée, débordante d’enthousiasme, dans le vent et dont la langue parlée est la seule de tous les milieux francophones mondiaux à avoir conservé la justesse et la précision de la langue de Rabelais.
5
J’ai péché, donc je suis coupable. Je suis coupable, donc j’ai péché. Si au moins j’avais l’assurance que vous ne me pardonnerez pas, que vous réfléchirez à mes crimes… Si j’avais l’assurance qu’une fois de plus vous ne vous dégagerez pas de vos responsabilités et penserez : paix à son âme, Dieu lui pardonnera, nous on s’en maudit jusqu’au cou. Ainsi ne soit-il pas.
JEAN-PIERRE LEFEBVRE
samedi, mars 17, 2007
Jean Pierre Lefebvre en 1971
J’accorde une grande importance à la lecture de revues de cinéma telles que nos 24 Images, Ciné-bulles et Séquences, elles me permettent chaque jour de faire reculer un peu plus mon ignorance. J’y ai découvert tellement de cinéastes, d’univers et de films sous tous les angles. Bien souvent, je me demande comment le cinéma peut être si populaire tout en laissant la plupart des gens complètement indifférents aux revues de cinéma. Mais là n’est pas la question.
Des découvertes dans les revues? Par exemple, Jean Pierre Lefebvre, dans le 24 Images de mars-avril 2006, le numéro lui étant consacré. Je m’étais dit «Veux-tu ben me dire qui est-ce gars-là? En plus il fait la page couverture!». Depuis, après avoir lu le bilan de sa carrière et les entrevues, je suis attristé de voir qu’un tel homme (qui n’est même pas mort!), si important dans l’histoire du cinéma du Québec, comme cinéaste et critique, puisse tomber à ce point dans l’oubli général. Il est pourtant président de l’ARRQ, mais comme il ne joue pas à la télé…
Pour lui rendre un petit hommage et parce que son humour m’a complètement charmé, je transcris ici une autobiographie et un document intitulé «J’ai péché» publiés en 1971 dans Jean-Pierre Lefebvre de Renald Bérubé et Yvan Patry. Lefebvre, qui a écrit plusieurs années dans la revue Objectif, ne manquait déjà pas de verve.
LEFEBVRE PAR LUI-MÊME
Autobiographie
(en sachant que tout est une question de naissance)
-Né le 17 août 1941
-Père pharmacien. Mère amoureuse des chats et du cinéma.
-Deux sœurs, un frère.
-Une seule passion : l’aviation.
-Passé de Saint-Henri au low Westmount.
-Huit ans pensionnaire dans un «pensionnat» vieille méthode, en campagne. Bon élève à cause de circonstances incontrôlables.
-Commence à écrire (vers 13 ans) à cause de ces mêmes circonstances incontrôlables (dont le silence forcé, puis le silence voulu). Mais rapidement, la parole devient secret et culpabilité. C’est pourquoi publie très peu. A en outre la chance de se faire voler deux manuscrits en débarquant à Paris, où il passe un an à voir des films avant de découvrir la couleur et les hommes en Espagne.
-Première idée de long métrage à 15 ans : Dollard Des Ormeaux (ou l’Histoire est une histoire comme une autre); coup de foudre, à la même époque, pour Alexandre Newsky.
-Bachelier à 18 ans (toujours ces mêmes circonstances incontrôlables!). Puis, Université de Montréal … en lettres. Là, rencontre d’un professeur pas comme les autres : le Père Ernest Gagnon.
-Critique (?) de cinéma au Quartier-Latin, Séquences (?), Objectif. Environ 7 ans.
-Diverses activités cinématographiques (très peu subversives à l’époque).
-AIME LE CINÉMA.
-Produit lui-même son premier court métrage, L’Homoman (1964), et ses quatre premiers longs : Le Révolutionnaire (1965), Patricia et Jean-Baptiste (1966); Mon œil (1966) et Il ne faut pas mourir pour ça (1966).
-Réalise ensuite deux longs métrages pour l’Office national du film : Mon amie Pierrette (1967) et Jusqu'au cœur (1968).
-Les Films J. P. Lefebvre deviennent Cinak Ltée et en 1969, c’est La Chambre blanche (avec la collaboration de la SDICC) et Un Succès commercial (seul).
-Le 1er avril 1969, devient responsable pour un an du Studio de Fiction de l’ONF et met sur pied, avec Jacques Godbout, une section appelée «premières œuvres».
-Ne met jamais en scène des personnages qu’il n’aime pas.
-A rencontré sa monteuse, Margerite Duparc lors de son premier film; a rencontré sa femme lors du montage de son premier film.
-Met un cinéaste au-dessus de tous les autres : Misoguchi [D’ailleurs, dans l’entrevue ci-nommée, quand les étudiants de Concordia le compare à Godard et Bresson, il revient à Mizogushi]
-Vient de publier (pour se débarrasser des circonstances incontrôlables) un recueil de textes, Parfois, quand je vis, chez HMH.
-Divise son œuvre en trois périodes, correspondant à la couleur de ses trois Volkswagen : grise, rouge, jaune.
-Ne préfère aucun de ses films et ne croit qu’à une seule chose : LA CONTINUITÉ.
-A remplacé le mot «liberté» par celui de «disponibilité».
-Prépare très longuement ses films, n’improvise pas, mais s’adapte à tout.
-Voudrait devenir cinéaste.
Des petites trouvailles en attendant la partie «J’ai péché»:
-Une entrevue à des étudiants (je présume) de Concordia (2004)
-Une entrevue à Hors Champ (2003)
-Sa lettre ouverte sur la crise à Téléfilm, datée du 21 juin 2006 (pour montrer qu’il est bien vivant et qu’il n’a pas perdu sa verve)
Lettre ouverte - LA CRISE À TÉLÉFILM CANADA
L’opinion publique est en état de choc et ne comprend pas : pourquoi soudainement tout va-t-il si mal alors que tout semblait aller si bien?
La crise actuelle a ceci de bon qu’elle démontre par l’absurde que les politiques de Téléfilm Canada en matière de long métrage ne fonctionnent pas (plus). Si elles ne fonctionnent pas c’est qu’avec de l’argent à 100 % public elles appliquent le modèle privé sans toutefois la participation réelle de l’industrie privée qui, elle, de surcroît, bénéficie de largesses accrues - et démesurées - depuis l’instauration des enveloppes à la performance commerciale il y a cinq ans. Ces enveloppes, on ne le répètera jamais assez, pompent 75 % du fonds du long métrage, 50 % automatiquement, 25 % dans le fonds sélectif; donc, contrairement à l’effet escompté, elles n’ont pas rendu les producteurs à succès moins dépendants des investissement et des modes de sélection de Téléfilm : elles ont plutôt contribué à l’accroissement de la gourmandise collective du milieu du cinéma et à l’inflation galopante des coûts de production, le coût moyen d’un film québécois étant passé de 1,9 million en 1999-2000 à 4,9 millions en 2005. Conséquences : 1) le fameux dicton des saucisses, « plus on en mange, plus elles sont fraîches », ne tient plus bien que le grand public ait tant et tant bouffé de films québécois depuis quelques années; 2) plus les films coûtent cher, moins il s’en fait, moins il s’en fera, d’où le présent sevrage de la part de Téléfilm et l’indignation publique qui s’en est ensuivie.
Un « don » miraculeux de 20 millions de Patrimoine Canada au fonds francophone du long métrage viendrait tempérer la situation, certes, mais c’est l’ensemble des politiques et du fonctionnement de Téléfilm Canada qu’il faut revoir et refondre. La vision qu’a de Téléfilm l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ) découle des prises de position de son assemblée générale depuis trois ans et tient en une phrase : le même traitement pour tout le monde. Donc, abolition des enveloppes à la performance. Donc, accessibilité de tous les projets au sélectif. Donc, critères de sélection identiques pour les projets et les créateurs qui y sont rattachés, en commençant par les réalisateurs. Cependant, une fois établies des mesures équitables et identiques pour tout le monde, il faudra dégonfler le ballon de l’inflation; il faudra de manière impérative mettre en place des mécanismes de financement automatique, telle une billetterie prélevant un pourcentage fixe sur le box office de tous les films; enfin, il faudra établir des échelles budgétaires réalistes au-delà desquelles un producteur devra obligatoirement avoir recours au capital privé.
Dans le contexte restreint et fragile de cinéma québécois, tout cela relève du sens commun le plus élémentaire mais sous-entend du même coup un changement radical de mentalité et de pratique de la part d’une institution qui affirme que « le producteur est le maître d’œuvre du projet » et a fait de lui son client privilégié.
Présentement, les jeux sont faits, rien ne va plus et tout le monde est mécontent, y compris certains producteurs qui ne se gênent plus pour le dire sur la place publique.
Jean Pierre Lefebvre
Président
Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec
Des découvertes dans les revues? Par exemple, Jean Pierre Lefebvre, dans le 24 Images de mars-avril 2006, le numéro lui étant consacré. Je m’étais dit «Veux-tu ben me dire qui est-ce gars-là? En plus il fait la page couverture!». Depuis, après avoir lu le bilan de sa carrière et les entrevues, je suis attristé de voir qu’un tel homme (qui n’est même pas mort!), si important dans l’histoire du cinéma du Québec, comme cinéaste et critique, puisse tomber à ce point dans l’oubli général. Il est pourtant président de l’ARRQ, mais comme il ne joue pas à la télé…
Pour lui rendre un petit hommage et parce que son humour m’a complètement charmé, je transcris ici une autobiographie et un document intitulé «J’ai péché» publiés en 1971 dans Jean-Pierre Lefebvre de Renald Bérubé et Yvan Patry. Lefebvre, qui a écrit plusieurs années dans la revue Objectif, ne manquait déjà pas de verve.
LEFEBVRE PAR LUI-MÊME
Autobiographie
(en sachant que tout est une question de naissance)
-Né le 17 août 1941
-Père pharmacien. Mère amoureuse des chats et du cinéma.
-Deux sœurs, un frère.
-Une seule passion : l’aviation.
-Passé de Saint-Henri au low Westmount.
-Huit ans pensionnaire dans un «pensionnat» vieille méthode, en campagne. Bon élève à cause de circonstances incontrôlables.
-Commence à écrire (vers 13 ans) à cause de ces mêmes circonstances incontrôlables (dont le silence forcé, puis le silence voulu). Mais rapidement, la parole devient secret et culpabilité. C’est pourquoi publie très peu. A en outre la chance de se faire voler deux manuscrits en débarquant à Paris, où il passe un an à voir des films avant de découvrir la couleur et les hommes en Espagne.
-Première idée de long métrage à 15 ans : Dollard Des Ormeaux (ou l’Histoire est une histoire comme une autre); coup de foudre, à la même époque, pour Alexandre Newsky.
-Bachelier à 18 ans (toujours ces mêmes circonstances incontrôlables!). Puis, Université de Montréal … en lettres. Là, rencontre d’un professeur pas comme les autres : le Père Ernest Gagnon.
-Critique (?) de cinéma au Quartier-Latin, Séquences (?), Objectif. Environ 7 ans.
-Diverses activités cinématographiques (très peu subversives à l’époque).
-AIME LE CINÉMA.
-Produit lui-même son premier court métrage, L’Homoman (1964), et ses quatre premiers longs : Le Révolutionnaire (1965), Patricia et Jean-Baptiste (1966); Mon œil (1966) et Il ne faut pas mourir pour ça (1966).
-Réalise ensuite deux longs métrages pour l’Office national du film : Mon amie Pierrette (1967) et Jusqu'au cœur (1968).
-Les Films J. P. Lefebvre deviennent Cinak Ltée et en 1969, c’est La Chambre blanche (avec la collaboration de la SDICC) et Un Succès commercial (seul).
-Le 1er avril 1969, devient responsable pour un an du Studio de Fiction de l’ONF et met sur pied, avec Jacques Godbout, une section appelée «premières œuvres».
-Ne met jamais en scène des personnages qu’il n’aime pas.
-A rencontré sa monteuse, Margerite Duparc lors de son premier film; a rencontré sa femme lors du montage de son premier film.
-Met un cinéaste au-dessus de tous les autres : Misoguchi [D’ailleurs, dans l’entrevue ci-nommée, quand les étudiants de Concordia le compare à Godard et Bresson, il revient à Mizogushi]
-Vient de publier (pour se débarrasser des circonstances incontrôlables) un recueil de textes, Parfois, quand je vis, chez HMH.
-Divise son œuvre en trois périodes, correspondant à la couleur de ses trois Volkswagen : grise, rouge, jaune.
-Ne préfère aucun de ses films et ne croit qu’à une seule chose : LA CONTINUITÉ.
-A remplacé le mot «liberté» par celui de «disponibilité».
-Prépare très longuement ses films, n’improvise pas, mais s’adapte à tout.
-Voudrait devenir cinéaste.
Des petites trouvailles en attendant la partie «J’ai péché»:
-Une entrevue à des étudiants (je présume) de Concordia (2004)
-Une entrevue à Hors Champ (2003)
-Sa lettre ouverte sur la crise à Téléfilm, datée du 21 juin 2006 (pour montrer qu’il est bien vivant et qu’il n’a pas perdu sa verve)
Lettre ouverte - LA CRISE À TÉLÉFILM CANADA
L’opinion publique est en état de choc et ne comprend pas : pourquoi soudainement tout va-t-il si mal alors que tout semblait aller si bien?
La crise actuelle a ceci de bon qu’elle démontre par l’absurde que les politiques de Téléfilm Canada en matière de long métrage ne fonctionnent pas (plus). Si elles ne fonctionnent pas c’est qu’avec de l’argent à 100 % public elles appliquent le modèle privé sans toutefois la participation réelle de l’industrie privée qui, elle, de surcroît, bénéficie de largesses accrues - et démesurées - depuis l’instauration des enveloppes à la performance commerciale il y a cinq ans. Ces enveloppes, on ne le répètera jamais assez, pompent 75 % du fonds du long métrage, 50 % automatiquement, 25 % dans le fonds sélectif; donc, contrairement à l’effet escompté, elles n’ont pas rendu les producteurs à succès moins dépendants des investissement et des modes de sélection de Téléfilm : elles ont plutôt contribué à l’accroissement de la gourmandise collective du milieu du cinéma et à l’inflation galopante des coûts de production, le coût moyen d’un film québécois étant passé de 1,9 million en 1999-2000 à 4,9 millions en 2005. Conséquences : 1) le fameux dicton des saucisses, « plus on en mange, plus elles sont fraîches », ne tient plus bien que le grand public ait tant et tant bouffé de films québécois depuis quelques années; 2) plus les films coûtent cher, moins il s’en fait, moins il s’en fera, d’où le présent sevrage de la part de Téléfilm et l’indignation publique qui s’en est ensuivie.
Un « don » miraculeux de 20 millions de Patrimoine Canada au fonds francophone du long métrage viendrait tempérer la situation, certes, mais c’est l’ensemble des politiques et du fonctionnement de Téléfilm Canada qu’il faut revoir et refondre. La vision qu’a de Téléfilm l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ) découle des prises de position de son assemblée générale depuis trois ans et tient en une phrase : le même traitement pour tout le monde. Donc, abolition des enveloppes à la performance. Donc, accessibilité de tous les projets au sélectif. Donc, critères de sélection identiques pour les projets et les créateurs qui y sont rattachés, en commençant par les réalisateurs. Cependant, une fois établies des mesures équitables et identiques pour tout le monde, il faudra dégonfler le ballon de l’inflation; il faudra de manière impérative mettre en place des mécanismes de financement automatique, telle une billetterie prélevant un pourcentage fixe sur le box office de tous les films; enfin, il faudra établir des échelles budgétaires réalistes au-delà desquelles un producteur devra obligatoirement avoir recours au capital privé.
Dans le contexte restreint et fragile de cinéma québécois, tout cela relève du sens commun le plus élémentaire mais sous-entend du même coup un changement radical de mentalité et de pratique de la part d’une institution qui affirme que « le producteur est le maître d’œuvre du projet » et a fait de lui son client privilégié.
Présentement, les jeux sont faits, rien ne va plus et tout le monde est mécontent, y compris certains producteurs qui ne se gênent plus pour le dire sur la place publique.
Jean Pierre Lefebvre
Président
Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec
jeudi, mars 15, 2007
Lancement de 3 blogueuses
Un peu de pub pour mon amie Sophie (Sof) que vous retrouvez dans mes liens à droite et que j'aime bien lire.
Deux chanceuses et un chanceux voient une partie de leur blogue publiée sur le bon vieux papier. C'est le lancement de leur livre respectif demain, vendredi le 16 mars, à Montréal, à la salle Belle Gueule des Brasseurs RJ (j'en salive en l'écrivant). Si vous êtes dans le coin et que ça vous dit. Moi je suis un peu loin, mais surtout on essaie de sortir le bois de poêle avant que la neige ne disparaisse...
Lectures, temps bergsonien et critique
Lectures
Suite à une lecture amère et avortée d’Atlas Shrugged, et dans un élan compulsif de consommation consolatrice, je me suis empressé d’acheter Madame Bovary de Flaubert, Qu’est-ce que le cinéma? de Bazin, La Promenade du critique de Boujut (chez Archambault cette fois car j’ai failli me faire fourrer correct chez Amazon.fr) et Le Cinéma français de la Libération à la Nouvelle-Vague de Bazin également.
Je voulais acheter Qu’est-ce que le cinéma sur Amazon.fr, mais alors que j’atermoyais incessamment l’achat devant les coûteux 18 euros, sans compter le transport, j’ai trouvé dans une librairie de livres usagés les trois premiers «tomes» sur quatre -publiés dans 7e art- à 1$ l’exemplaire! Si par hasard vous tombez sur le quatrième tome et que vous pensez à moi… J’ai donc commencé la lecture très enrichissante de la première partie 1. Ontologie et Langage.
Temps bergsonien
Par rapport à cette lecture, je ne veux pas tout de suite aller dans les détails, ce n’est pas mon but dans ce billet, mais je veux faire part d’une découverte intéressante pour certains d’entre vous et qui est liée à cette citation:
«…car il est d’autres arts temporels, comme la musique. Mais le temps de la musique est immédiatement et par définition un temps esthétique, tandis que le cinéma n’atteint ou ne construit son temps esthétique qu’à partir du temps vécu, de la «durée» bergsonnienne, irréversible et qualitative par essence» («Mort tous les après-midi», Qu’est-ce que le cinéma). Quand Gilles Deleuze -un autre sur ma liste de lecture- et André Bazin parlent de «temps bergsonien», on peut faire comme si on avait rien lu ou comme si on comprenait tout, ou encore on peut chercher à en savoir un peu plus sur qui est Bergson. C’est là qu’est la découverte.
Les textes intégraux de Henri Bergson sont publiés sur le net dans les formats Word, PDF et RTF, notamment sur le système Manitou de l’UQAC (ici même à Chicoutimi, le monde est petit!). J’ai un œil sur L’évolution créatrice, mais une chose à la fois bon sang!
Critique
En cherchant Qu’est-ce que le cinéma, j’ai trouvé d’autres vieilles revues, québécoises comme françaises, que j’aime bien acheter et feuilleter à l’occasion. Cela m’a amené, il y a déjà un certain temps, à découvrir le site du professeur Yves Lever, du Cégep Ahunstic. On y trouve toutes sortes de ressources sur le cinéma, l’histoire de la critique, la critique et les revues de cinéma au Québec, notamment dans l’article fort intéressant L'histoire de la critique au Québec:
des «années folles» à l'éclatement
Dans cet article, il est justement question de deux revues que j’ai achetées.
J’ai mis la main sur les deux premiers numéros de Champ libre : 1970, «une critique marxiste radicale tente une percée avec Champ libre qu'animent surtout Yvan Party et Dominique Noguez (quatre numéros)». Je peux vous dire qu’on retrouve dans ces revues de la critique de critiques à faire jalouser des Sipat. On se rend compte rapidement qu’on ne considère pas seulement le cinéma comme étant en période permanente de crise, mais la critique aussi.
Comme l’écrit Lever dans son article «On ne peut passer à côté non plus du dossier «politique» que Champ libre no 2, novembre-décembre 197I, a consacré au sujet.»
Je transcris l’inventaire des revues québécoises de cinéma qu’on y retrouve. En lisant l’article de Lever et en consultant cet inventaire – aussi vieux soit-il -, on se rend compte d’une part que la critique cinématographique est très jeune au Québec et d’autre part qu’elle semble difficile à maintenir, ce qui n’est pas sans affecter sa cohérence.
INVENTAIRE DES REVUES QUÉBÉCOISES DE CINÉMA EN 1971
DÉCOUPAGES. 1950-1955. 17 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Michel Brault, Gabriel Breton, Fernand Cadieux, Jacques Giraldeau, Pierre Juneau, Marc Lalonde, Claude Sylvestre.
PROJECTIONS. 1952-1954. 6 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Pierre Castonguay, Jean-Paul Ostiguy, Jacques Parent.
CINÉ-ORIENTATIONS. 1954-1957. 14 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Pierre d’André, Léo Bonneville, Jacques Cousineau, Paul-Émile Léger.
IMAGES. 1955-1956. 6 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Gabriel Breton, Fernand Cadieux, Rock Demers, Monique Doucet, Jean Fortier, Guy Joussemet, Arthur Lamothe, Jacques Lamoureux.
SÉQUENCES. 1955. 65 numéros à ce jour. Montréal.
Principal collaborateur : Léo Bonneville.
OBJECTIF. 1960-1967. 39 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Robert Daudelin, Pierre Hébert, Jacques Lamoureux, Jacques Leduc, Jean-Pierre Lefebvre, Claude Ménard, Claude Nadon, Michel Patenaude, Jean-Claude Pilon, Christian Rasselet, Michel Régnier, Pierre Théberge.
L’ÉCRAN. 1961. 3 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Fernand Benoit, Jean Billard, Gilles Carles, Jean-Paul Ostiguy, Patrick Straram.
TAKE ONE. 1966. 23 numéros à ce jour. Montréal.
Principaux collaborateurs : Ronald Blumer, Peter Lebensold.
CINÉMA QUÉBEC. 1971. 4 numéros à ce jour. Montréal.
Principaux collaborateurs : Jean-Pierre Tadros, Richard Guay, Jean Chabot, Carol Faucher.
TÉLÉ-CINÉMA (Montréal. 1971)
CHAMP LIBRE. CAHIERS QUÉBÉCOIS DE CINÉMA. 1971.
2 numéros.
Publications éphémères (ou non essentiellement critiques) :
LE FILM (Nouvelle série. Montréal. 1962)
LES JEUNES CAHIERS DU CINÉMA (Trois-Rivières. 1963-1965)
CINÉ-CAMÉRA (Montréal. 1968)
CINÉMA-JAZZ (Montréal. 1969)
Suite à une lecture amère et avortée d’Atlas Shrugged, et dans un élan compulsif de consommation consolatrice, je me suis empressé d’acheter Madame Bovary de Flaubert, Qu’est-ce que le cinéma? de Bazin, La Promenade du critique de Boujut (chez Archambault cette fois car j’ai failli me faire fourrer correct chez Amazon.fr) et Le Cinéma français de la Libération à la Nouvelle-Vague de Bazin également.
Je voulais acheter Qu’est-ce que le cinéma sur Amazon.fr, mais alors que j’atermoyais incessamment l’achat devant les coûteux 18 euros, sans compter le transport, j’ai trouvé dans une librairie de livres usagés les trois premiers «tomes» sur quatre -publiés dans 7e art- à 1$ l’exemplaire! Si par hasard vous tombez sur le quatrième tome et que vous pensez à moi… J’ai donc commencé la lecture très enrichissante de la première partie 1. Ontologie et Langage.
Temps bergsonien
Par rapport à cette lecture, je ne veux pas tout de suite aller dans les détails, ce n’est pas mon but dans ce billet, mais je veux faire part d’une découverte intéressante pour certains d’entre vous et qui est liée à cette citation:
«…car il est d’autres arts temporels, comme la musique. Mais le temps de la musique est immédiatement et par définition un temps esthétique, tandis que le cinéma n’atteint ou ne construit son temps esthétique qu’à partir du temps vécu, de la «durée» bergsonnienne, irréversible et qualitative par essence» («Mort tous les après-midi», Qu’est-ce que le cinéma). Quand Gilles Deleuze -un autre sur ma liste de lecture- et André Bazin parlent de «temps bergsonien», on peut faire comme si on avait rien lu ou comme si on comprenait tout, ou encore on peut chercher à en savoir un peu plus sur qui est Bergson. C’est là qu’est la découverte.
Les textes intégraux de Henri Bergson sont publiés sur le net dans les formats Word, PDF et RTF, notamment sur le système Manitou de l’UQAC (ici même à Chicoutimi, le monde est petit!). J’ai un œil sur L’évolution créatrice, mais une chose à la fois bon sang!
Critique
En cherchant Qu’est-ce que le cinéma, j’ai trouvé d’autres vieilles revues, québécoises comme françaises, que j’aime bien acheter et feuilleter à l’occasion. Cela m’a amené, il y a déjà un certain temps, à découvrir le site du professeur Yves Lever, du Cégep Ahunstic. On y trouve toutes sortes de ressources sur le cinéma, l’histoire de la critique, la critique et les revues de cinéma au Québec, notamment dans l’article fort intéressant L'histoire de la critique au Québec:
des «années folles» à l'éclatement
Dans cet article, il est justement question de deux revues que j’ai achetées.
J’ai mis la main sur les deux premiers numéros de Champ libre : 1970, «une critique marxiste radicale tente une percée avec Champ libre qu'animent surtout Yvan Party et Dominique Noguez (quatre numéros)». Je peux vous dire qu’on retrouve dans ces revues de la critique de critiques à faire jalouser des Sipat. On se rend compte rapidement qu’on ne considère pas seulement le cinéma comme étant en période permanente de crise, mais la critique aussi.
Comme l’écrit Lever dans son article «On ne peut passer à côté non plus du dossier «politique» que Champ libre no 2, novembre-décembre 197I, a consacré au sujet.»
Je transcris l’inventaire des revues québécoises de cinéma qu’on y retrouve. En lisant l’article de Lever et en consultant cet inventaire – aussi vieux soit-il -, on se rend compte d’une part que la critique cinématographique est très jeune au Québec et d’autre part qu’elle semble difficile à maintenir, ce qui n’est pas sans affecter sa cohérence.
INVENTAIRE DES REVUES QUÉBÉCOISES DE CINÉMA EN 1971
DÉCOUPAGES. 1950-1955. 17 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Michel Brault, Gabriel Breton, Fernand Cadieux, Jacques Giraldeau, Pierre Juneau, Marc Lalonde, Claude Sylvestre.
PROJECTIONS. 1952-1954. 6 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Pierre Castonguay, Jean-Paul Ostiguy, Jacques Parent.
CINÉ-ORIENTATIONS. 1954-1957. 14 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Pierre d’André, Léo Bonneville, Jacques Cousineau, Paul-Émile Léger.
IMAGES. 1955-1956. 6 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Gabriel Breton, Fernand Cadieux, Rock Demers, Monique Doucet, Jean Fortier, Guy Joussemet, Arthur Lamothe, Jacques Lamoureux.
SÉQUENCES. 1955. 65 numéros à ce jour. Montréal.
Principal collaborateur : Léo Bonneville.
OBJECTIF. 1960-1967. 39 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Robert Daudelin, Pierre Hébert, Jacques Lamoureux, Jacques Leduc, Jean-Pierre Lefebvre, Claude Ménard, Claude Nadon, Michel Patenaude, Jean-Claude Pilon, Christian Rasselet, Michel Régnier, Pierre Théberge.
L’ÉCRAN. 1961. 3 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Fernand Benoit, Jean Billard, Gilles Carles, Jean-Paul Ostiguy, Patrick Straram.
TAKE ONE. 1966. 23 numéros à ce jour. Montréal.
Principaux collaborateurs : Ronald Blumer, Peter Lebensold.
CINÉMA QUÉBEC. 1971. 4 numéros à ce jour. Montréal.
Principaux collaborateurs : Jean-Pierre Tadros, Richard Guay, Jean Chabot, Carol Faucher.
TÉLÉ-CINÉMA (Montréal. 1971)
CHAMP LIBRE. CAHIERS QUÉBÉCOIS DE CINÉMA. 1971.
2 numéros.
Publications éphémères (ou non essentiellement critiques) :
LE FILM (Nouvelle série. Montréal. 1962)
LES JEUNES CAHIERS DU CINÉMA (Trois-Rivières. 1963-1965)
CINÉ-CAMÉRA (Montréal. 1968)
CINÉMA-JAZZ (Montréal. 1969)
Mépris d'Ayn Rand
60 pages sur 1000 et j’hésitais déjà entre m’en servir pour allumer le feu de poêle, le lancer contre le mur à répétition ou le mettre près de la toilette à d’autres fins que la lecture. Non, Atlas Shrugged d’Ayn Rand ne m'a pas charmé un instant. Jamais, jamais je n’ai eu une telle réaction en 60 pages de lecture – surtout d’un «classique» -, en fait, je ne me rappelle même pas la dernière fois où j’ai interrompu la lecture d’un roman dans le but volontaire et irréversible de ne jamais y revenir.
Ce n’est pas tant la proposition explicite d’un idéal social où les individus et les entreprises se développent sans l’intervention du gouvernement qui m’a horripilée, mais plutôt les héros narcissiques, égoïstes et même psychopathes qui peuplent le roman. Les héros capitalistes sont beaux, intelligents et – je le répète - complètement narcissiques alors que leur entourage socialiste et/ou humaniste est dépeint comme handicapé, inefficace, inutile et laid. Quand les personnages se parlent ce ne sont que des dialogues de sourds et tout concourt à démontrer que pour être des gagnants et faire des affaires prospères, les héros n’ont aucune empathie pour leur prochain, que celui-ci soit le gouvernement, l’État voisin, la famille, les collègues ou les amis. Seulement la détermination, l’initiative personnelle et la bonne marche de l’entreprise priment. Non merci. Si quelqu’un vous vante les mérites de ce roman, vous en connaîtrez beaucoup sur sa psychologie et ses idéaux politiques.
J’aime bien cette analyse d’un dénommé Bob Wallace et les parallèles qu’il établit avec les systèmes de pensée marxiste et nazi (pour peu que ce soit considéré comme un système):
«Not only is Atlas a prime example of splitting and projection, Objectivism is also. In it, Rand splits the world into grandiose, perfect "reason, selfishness and capitalism" on one side, and evil "mysticism, altruism and collectivism" on the other. She projects her hate, her envy, her desire for destruction onto them, and wishes them annihilated, just as she wished the world annihilated in Atlas.
Splitting and projection, narcissism, and scapegoating are the same thing. All believe in mass murder. All are, in their essential psychology, identical. Each believes in human sacrifice: we must murder these people to save ourselves. Once they are dead, then we will be happy. »
«Rand projected her narcissism onto the world and into her writings. This projection explains nearly all of her "It's all your fault" philosophy. The genocidal, human sacrifice parallels with Nazism and Marxism are clear.
Some will claim the Nazis and Marxists worshipped the State, and Rand was opposed to Statism. True enough. But since Objectivism shares much the same psychology as these other ideologies, no good ultimately can come from it. »
Dire qu’on veut en faire un film à gros budget avec Angelina Jolie dans le rôle de la belle femme d’affaires narcissique… Hollywood ferait-il aussi de la projection?
Ce n’est pas tant la proposition explicite d’un idéal social où les individus et les entreprises se développent sans l’intervention du gouvernement qui m’a horripilée, mais plutôt les héros narcissiques, égoïstes et même psychopathes qui peuplent le roman. Les héros capitalistes sont beaux, intelligents et – je le répète - complètement narcissiques alors que leur entourage socialiste et/ou humaniste est dépeint comme handicapé, inefficace, inutile et laid. Quand les personnages se parlent ce ne sont que des dialogues de sourds et tout concourt à démontrer que pour être des gagnants et faire des affaires prospères, les héros n’ont aucune empathie pour leur prochain, que celui-ci soit le gouvernement, l’État voisin, la famille, les collègues ou les amis. Seulement la détermination, l’initiative personnelle et la bonne marche de l’entreprise priment. Non merci. Si quelqu’un vous vante les mérites de ce roman, vous en connaîtrez beaucoup sur sa psychologie et ses idéaux politiques.
J’aime bien cette analyse d’un dénommé Bob Wallace et les parallèles qu’il établit avec les systèmes de pensée marxiste et nazi (pour peu que ce soit considéré comme un système):
«Not only is Atlas a prime example of splitting and projection, Objectivism is also. In it, Rand splits the world into grandiose, perfect "reason, selfishness and capitalism" on one side, and evil "mysticism, altruism and collectivism" on the other. She projects her hate, her envy, her desire for destruction onto them, and wishes them annihilated, just as she wished the world annihilated in Atlas.
Splitting and projection, narcissism, and scapegoating are the same thing. All believe in mass murder. All are, in their essential psychology, identical. Each believes in human sacrifice: we must murder these people to save ourselves. Once they are dead, then we will be happy. »
[…]
«Rand projected her narcissism onto the world and into her writings. This projection explains nearly all of her "It's all your fault" philosophy. The genocidal, human sacrifice parallels with Nazism and Marxism are clear.
Some will claim the Nazis and Marxists worshipped the State, and Rand was opposed to Statism. True enough. But since Objectivism shares much the same psychology as these other ideologies, no good ultimately can come from it. »
Dire qu’on veut en faire un film à gros budget avec Angelina Jolie dans le rôle de la belle femme d’affaires narcissique… Hollywood ferait-il aussi de la projection?
mercredi, mars 07, 2007
Aube
Je me suis levé à 4h du matin pour aller filmer l'aube sur la Lac St-Jean à Roberval. Ben quoi, l'aube elle n'attend pas hein.
L'endroit n'était pas idéal, mais je ne savais pas vraiment où aller exactement et le soleil se levait déjà. C'est pour le vidéo que je prépare depuis un an et qui devrait être prêt dans moins d'un an. Pour faire un peu mon héros, laissez-moi vous souligner que je suis demeuré 50 minutes sur le lac à -28, sans compter le vent... Mais bon, ce n'est rien comparé à bien des explorateurs.
L'endroit n'était pas idéal, mais je ne savais pas vraiment où aller exactement et le soleil se levait déjà. C'est pour le vidéo que je prépare depuis un an et qui devrait être prêt dans moins d'un an. Pour faire un peu mon héros, laissez-moi vous souligner que je suis demeuré 50 minutes sur le lac à -28, sans compter le vent... Mais bon, ce n'est rien comparé à bien des explorateurs.
L'effet que je recherchais, l'hostilité des lieux à perte de vue. L'absence de vie.
Elle était là aussi, alors pourquoi ne pas la prendre au passage.Le moment tant attendu, mais pas tant que ça, des rayons perçants.
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