dimanche, mai 28, 2006

Une dernière critique...

Voici ma vraie, vraie dernière critique sur Canoë avant de déménager au Saguenay. Comme je deviendrai vraisemblablement pigiste, du moins pour l'été, je n'aurai probablement pas l'occasion d'écrire d'autres articles pour Canoë puisqu'il n'y a pas de budget destiné à cette tâche pour l'instant. On verra ce que l'avenir me réserve.

Palais royal!

Dans la comédie légère et sans prétention qu'est Palais Royal, la réalisatrice et actrice Valérie Lemercier porte un regard drolatique sur la monarchie d'aujourd'hui. Sans aller jusqu'au burlesque ni au grotesque, ne visant pas à satiriser l'inanité de la vie royale ni à la ridiculiser, le film verse plutôt dans la parodie, mélangeant potins et situations de vie des familles royales européennes de notre temps.

Sur l'origine du film, Valérie Lemercier nous dit «L'inspiration est venue de reportages télé et de biographies de premières dames, mais surtout de photos trouvées dans des magazines consacrés aux têtes couronnées, comme Point de vue ou Royals, un mensuel belge entièrement consacré aux cours d'Europe».

Même si de ce côté-ci de l'Atlantique le public suit moins assidûment qu’outremer les vies excitantes des dix familles royales européennes, le public américain manifeste un intérêt certain pour la chose, en témoignèrent les multiples couvertures de magazines consacrées à Lady Diana. Le spectateur d'ici s'y retrouvera donc puisque le personnage principal s'inspire «précisément de Diana, de son image, de la façon dont elle a utilisé les médias».

Le film

Suite à la mort de son père, le prince Arnaud (Lambert Wilson) doit prendre les commandes de la famille royale avec la princesse Armelle (Valérie Lemercier). Disert de nature, le prince s'acquitte très bien de ses tâches officielles alors qu'à ses côtés son épouse cumule les avanies par maladresse. Ses impairs frôlant l'incident diplomatique, elle se fait morigéner tour à tour par sa belle-mère Eugénia (Catherine Deneuve) et son serviteur René-Guy (Michel Aumont) qui voudrait bien l'adomestiquer.

L'amorphe Armelle connaît une reviviscence lorsqu'elle découvre assez crûment que son prince s'est enamouré de leur amie Laurence (Mathilde Seigner) en les surprenant au lit. De là, la princesse joue le jeu et utilise les médias pour redorer son image, ce qui fonctionne à merveille puisqu'elle réussira ainsi à se faire passer pour le pilier de la famille.

Après avoir donné en pâture aux journaux à potins l'histoire de l'aventure sexuelle de son mari, elle participe à tous les événements sociaux de mise et saisit toutes les occasions médiatiques pour se montrer sous son meilleur jour. Derrière cette campagne constructive de son image, la princesse ruine celle des autres membres de la famille, notamment en dénonçant la tartuferie d'Eugénia qui avait elle-même saboté la vie de son autre fils, le prince Alban. Mais le rêve d’Armelle aurait-il une fin brutale comme celui de Diana?

L'insertion de traits culturels français comme la langue, l'humour et le jeu des acteurs dans un univers monarchique depuis longtemps disparu en France et qu'on imagine plutôt anglais, dérange et amuse à la fois. Un exercice divertissant qui devrait faire moins de vagues que le Marie-Antoinette de Sofia Coppola.

samedi, mai 27, 2006

Lars Von trier: Dogma 2006

Loin d'être un scoop, je viens de tomber cette semaine, encore dans les Cahiers, sur cette nouvelle parue le 10 février dernier dans Variety. Lars Von Trier change de dogme!
Quelques jours avant de débuter le tournage de son nouveau film The Boss of it All en février dernier, le réalisateur danois a fait une Déclaration de revitalisation. Il en a assez de la grosse machine et de la pression et il veut prendre plus de temps pour filmer.

La question se pose à savoir quelle forme prendra la dernière pièce de sa trilogie sur les États-Unis, Wasington. Von Trier laissera-t-il la scène théâtrale dépouillée pour des décors réalistes? En ce libérant des contraintes formelles qu'il s'était lui-même imposé, je pense (ou plutôt j'espère) que cette revitalisation pourrait lui permettre de terminer sa trilogie en force. Va-t-il le faire?

Voici la déclaration de Von Trier en anglais, suivi de la traduction en français des Cahiers et finalement du lien vers l'article du Variety.

Von Trier's statement in full:

«In conjunction with the departure of Vibeke Windelov, who has been my producer for ten years, and the arrival of Meta Louise Foldager in her place, I intend to reschedule my professional activities in order to rediscover my original enthusiasm for film.
Over the last few years I have felt increasingly burdened by barren habits and expectations (my own and other people's) and I feel the urge to tidy up.


In regards to product development this will mean more time on freer terms; i.e. projects will be allowed to undergo true development and not merely be required to meet preconceived demands. This is partly to liberate me from routine, and in particular from scriptual structures inherited from film to film.

I will aim to reduce the scope of my productions in regards to funding, technology, the size of the crew, and particularly casting, but I should like to expand the time spent shooting them.
I want to launch my products on a scale which matches the more ascetic nature of the films, and aimed at my core audience: i.e. my films will be promoted considerably less glamorously than at present, which also means without World Premieres at prestigious, exotic festivals.
With regard to PR, my intention is for a heavy reduction in quantity, compensated for by more thorough exploration in the quality press.


In short, in my fiftieth year I feel I have earned the privilege of narrowing down. I hope that this attempt at personal revitalization will bear fruit, enabling me to meet my own needs in terms of curiosity and play, and to contribute with more films.»

Von Trier change de dogme:

«En relation avec le départ de Vibeke Windelov, qui a été ma productrice durant dix ans, et l'arrivée de Meta Louise Foldager à sa place, j'ai l'intention de réorganiser mes activités professionnelles afin de retrouver mon enthousiasme originel à l'égard des films [eh ben, il l'avait donc perdu] . Au cours des dernières années, j'ai ressenti le poids croissant d'habitudes et d'attentes stériles (les miennes et celles d'autres personnes) et j'éprouve le besoin urgent d'y mettre bon ordre. En ce qui concerne la production de films, cela signifiera plus de temps dans un cadre plus libre; les projets pourront bénéficier d'un véritable développement, et n'auront plus à répondre à des demandes préconçues. Cela est notamment destiné à me libérer de la routine, et particulièrement des systèmes d'écriture répétés de film en film. J'ai l'intention de réduire l'ampleur de mes films en terme de financement, de technologie, de taille de l'équipe, et particulièrement du casting [adieu Nicole Kidman pour toujours], mais je devrai augmenter le temps consacré à les tourner.

Je veux que la sortie de mes films corresponde à leur nature plus austère, et qu'ils cherchent à atteindre leur véritable public: mes films seront lancés de manière beaucoup moins glamour, sans «premières mondiales» et autres participations à des festivals prestigieux et exotiques [il ne parle sûrement pas de Cannes (bruits d'ironie)]. Mes relations avec les médias seront drastiquement [ooh l'anglicisme, a-t-il été accepté sans que je sache?] réduites et concentrées sur la presse de qualité.

En bref, à 50 ans je sens que j'ai gagné le privilège de réduire la voilure. J'espère que cette tentative de revitalisation personnelle portera ses fruits, et me donnera la possibilité de répondre à mes propres besoins en termes de curiosité et de jeu, et de réaliser davantage de films.»

Variety: What, me dogmatic? Von trier wants to 'revitalize'

Un blogueur se trouve un job

Je vais peut-être finir par passer pour un plogueur de blogues plutôt qu'un blogueur, mais je trouve toujours intéressant de suivre le parcours de certains blogueurs et, dans ce cas-ci, de voir qu'écrire régulièrement dans un espace web peut servir un jour à gagner sa vie. Bon, dans l'exemple suivant le blogueur en question est un pote de Lagacé, qui travaille au Journal de Montréal, mais il a tout de même un blogue. Alors disons qu'un blogue ET un bon contact peuvent servir à se trouver un job.

Le jeune barman Philippe-André Piette, blogueur logeant à La ville s'endormait, a déjà commencé d'être publié vendredi -un article que je n'ai pas lu- dans le Journal de Montréal.
Que va-t-il raconter aux lecteurs du Journal ?
«La fête dans une ville comme Montréal, une ville libre, indomptable, sans tabous».

J'ai visité son blogue qui n'est pas mal du tout. Il a développé un style, un ton et c'est ce qui importe. Son blogue se retrouvait dans le top 10 du sondage 2006 du Mirror (tout comme celui de Lagacé).

Best Blog
1. Montreal City Weblog (w5.montreal.com/mtlweblog)
2. J. Gallagher (jgallagher.blogspot.com)
3. Zeke’s Gallery (zekesgallery.blogspot.com)
4. Adrian’s Lemon Juice blog (www.adrianspeyer.blogspot.com)
5. The Hugger Busker’s Journal (huggerbusker.com/journal)
6. The Mass Is Secretly Afraid of Nipple Dream (andrewrose.blogspot.com)
7. Rappaz (rappaz.net)
8. La ville s’endormait (piette.blogspot.com)
9. Patrick Lagacé (pat.blogue.canoe.com)
10. Not good looking enough (To Live in Montreal) (combatdavey.blogspot.com)

Montreal City Weblog moves up one spot to first place in the sophomore year for Best Blog. Short on the common blog musings, the site links mostly to local media coverage of Montreal news. It knocks last year’s winner, J. Gallagher, down one. The persistent Zeke remains at three.

Source: Mirror, 17th Annual Best of Montreal Readers Poll 2006
Article sur Canoë: Le barman blogueur

mercredi, mai 24, 2006

De Big Brother à Bloguesbusters

Moment de transparence: comme bien des blogueurs (pfff, ce mot existe-t-il? Eh oui, je viens de vérifier), j'ai un compteur de statistiques pour savoir combien de visiteurs en pâmoison viennent lire mes irrésistibles billets. J'utilise http://www.statcounter.com/. Après quelque temps, j'ai découvert qu'on pouvait savoir beaucoup de choses sur les visiteurs. On peut savoir par exemple ce qu'ils ont cherché dans les moteurs de recherche avant de tomber (sûrement plus souvent qu'autrement avec déception) sur notre blogue. Parfois il y a aussi la provenance, ce qui m'a permis de découvrir le blogue Bloguesbusters.

Dans cet espace web irrévérencieux, on ne fait pas de quartier aux réalisateurs et aux classiques du cinéma. Il se peut même qu'on y rencontre des «crisse», des «hostie» et des «calice». Au moins, dirons-nous, c'est fait avec élégance puisque sans faute d'orthographe (sauf pour Christ, je sais). Blague à part, Zhom et Zhomlady sont deux passionnés de cinéma qui amènent des sujets intéressants (et cathartiques). Un jeune blogue à suirrrre.

J'ajoute donc en grandes pompes ledit blogue dans mes favoris.
http://bloguesbusters.blogspot.com/

Pendant qu'on y est, leur blogue respectif:
LadyGuy
Zhom

mardi, mai 23, 2006

En attendant Monte Hellman

La découverte du cinéma se fait de toutes sortes de manières en fréquentant les cinémas, en regardant la télévision, au gré des conversations, des échanges entre amis ainsi que par des lectures sur le web, dans les journaux et les magazines. J'ai découvert beaucoup de nouveaux noms d'acteurs, de réalisateurs et de films dans les magazines et les journaux. Par exemple, je me rappelle très bien que je n'avais jamais vu ni entendu de ma vie le nom d'Andrei Tarkovsky avant de lire le compte-rendu d'une rencontre entre 24 Images, Denis Chouinard et Louis Bélanger. De la même manière, j'ai découvert pour la première fois le réalisateur américain Monte Hellman dans la revue française Les Cahiers de cinéma que j'achète de temps à autre (certains numéros sont terriblement inintéressants). Belle découverte.

Chose étonnante, ce sont les Français qui en parlent le plus. On comprend mieux la chose quand on sait que Hellman fut grandement influencé par la vague existentialiste et surtout par Beckett. Et si j'en parle aujourd'hui, c'est que parmi tous les films et les vagues de la tempête cannoise, j'ai aperçu (encore dans les Cahiers) le film Stanley's Girlfriend dans la liste des courts métrages hors compétition. Il s'agit d'un film de 30 minutes «sur un épisode étrange (et inventé de toutes pièces) de la vie de Stanley Kubrick jeune, que Hellman a connu à l'époque quand Kubrick vivait à Los Angeles avant de tourner Les Sentiers de la gloire.» J'ai hâte de voir ça.

Aussi intéressant, sinon plus quand on considère le peu de films qu'a réussi à faire Hellman au cours de sa vie, s'avère
la nouvelle du Variety selon laquelle un western de Monte Hellman intitulé Desperadoes est en préparation, produit par Martin Scorsese et Paul Thomas Anderson. L'histoire?
-Les exploits des Dalton et de la magnifique Eugenia Moore, qui tomba amoureuse de Bob Dalton et qui assista le gang spécialisé dans le pillage de train.

Dans un article du Monde, Jean-Luc Douin résume très bien le style de Hellman (en général):
«Je dois reconnaître que chacun de mes films est de nature schizophrénique», dit Hellman. Mêlant deux influences antagonistes, celle du «théâtre d'art et d'essai», de la distanciation brechtienne, de la philosophie de l'absurde de l'auteur d'En attendant Godot, et celle du cinéma populaire, des films de genre à la Howard Hawks, il attise une réputation d'hermétisme. Ses héros semblent dépassés par ce qui les meut, condamnés à un périple sans but, embarqués dans un voyage qui ne mène nulle part. »

Pour rattacher l'homme à des noms plus connus, disons qu'il a travaillé en étroite collaboration avec Jack Nicholson pour plusieurs films et que, plus récemment, il a été producteur de Reservoir Dogs de Tarentino, film pour lequel ce premier a refilé le scénario au second.

Les films de Hellman sont plutôt difficiles à trouver. Même à la mecque de la Boite Noire, il n'a pas de section à son nom et il faut chercher un peu partout dans les catégories Western, Classique, etc., sans succès dans certains cas. Je n'ai réussi qu'à mettre la main sur The Shooting, Two-Lane Blacktop et Cockfighter, tous excellents selon moi, pour m'en faire une opinion. J'aimerais bien voir l'ensemble de son oeuvre.

Dans ce billet, j'allais faire un petit retour sur la carrière de Monte Hellman, mais après avoir effectué une petite recherche sur le web, j'ai trouvé une enquête du Monde qui la résume mieux (et aussi plus rapidement) que tout ce que j'aurais pu faire. Je le copie/colle dans un soucis de pérennité.

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Monte Hellman, renaissance d'une figure libre

Jean-Luc Douin

Hollywood distribue des Oscars mais possède aussi son cimetière des cinéastes maudits. Né en 1932, Monte Hellman est l'un d'eux. Il est l'auteur d'un film culte, Macadam à deux voies (1971), qui est à partir du mercredi 15 juin avec The Shooting (1967) et L'Ouragan de la vengeance (1965) repris dans des cinémas de la France entière. Acclamé par la critique européenne, jouissant d'un beau prestige chez les adeptes du road-movie existentialiste, Hellman aura accumulé plus de projets inaboutis que d'oeuvres à son discret palmarès (neuf films seulement en quarante ans de carrière).

Monte Hellman n'est pourtant pas si mort qu'on le dit. Jean-François Stévenin dit lui devoir sa vocation, Quentin Tarantino a débuté sur l'un de ses scénarios (Reservoir Dogs), Vincent Gallo s'est trouvé contraint de réaliser lui-même son premier film, Buffalo 66, parce qu'il voulait voir son script mis en scène par Hellman mais que les producteurs rechignaient à miser de l'argent sur son nom.

Présent à Cannes cette année, l'homme est cependant condamné aux rétrospectives. Enterré de son vivant. Interrogé en 1987 par Libération pour un hors-série intitulé "Pourquoi filmez-vous ?", il répondait : "C'est le diable qui m'y pousse." A la même question, il eût plus récemment répliqué : "Pour porter le deuil de ma vie."

La première passion, précoce, de Monte Hellman fut la photographie. A 14 ans il tirait le portrait de ses camarades de classe. Il replongera dans le bain quelques années plus tard lorsque, pour arrondir ses fins de mois, il réalisera des press books pour de jeunes comédiens à la recherche d'un emploi ou des reportages familiaux, anniversaires, réveillons de Noël, vacances à Malibu. Mais bientôt c'est le théâtre qui l'attire. Acteur et metteur en scène séduit par les expériences de l'Actor's Studio, il monte Tchekhov, Anouilh, Beckett surtout. En 1958, le propriétaire du théâtre de Los Angeles où il produit ses spectacles transforme le bâtiment en salle de cinéma. Monte Hellman bascule.

C'est Roger Corman qui l'en-rôle. Cet entrepreneur de films de série B tournés à toute vitesse avec des budgets misérables a fait débuter Coppola, Bogdanovich, Scorsese et Joe Dante. Il lui fait tourner un film d'horreur en noir et blanc, parodique et fauché, Beast from Haunted Cave (1959). Un critique écrira que "les acteurs y sont meilleurs que le script et pourtant moins bons que la bête", qui y terrorise une station de sports d'hiver du Dakota. Monteur, scénariste, "dialogue coach" , "film-doctor" , Monte Hellman touche à tout, participe à la réalisation de The Terror, une série de Corman avec Boris Karloff. Il se lie avec Jack Nicholson, acteur de son deuxième film, Back Hell to Hell (1965), un film de guerre situé aux Philippines.

"DE NATURE SCHIZOPHRÉNIQUE"

Ensemble, les deux hommes signent Flight to Fury, film d'aventures en Extrême-Orient avec diamants volés, Asiatique obèse au comportement louche et crash d'avion dans la jungle, puis, en 1966, deux westerns "pour le prix d'un", The Shooting et Ride in the Whirlwind, dont l'acteur (et scénariste) embarque les copies pour les montrer en Europe, harcelant les comités de sélection des festivals.

Qualifié de "premier western bressonien", The Shooting voit deux hommes et une femme fuir dans le désert, traqués par un mystérieux tueur. Monte Hellman, qui avoue s'escrimer à "pervertir le genre" , cherche l'épure, s'attarde sur le quotidien quasi documentaire des personnages. Dans Ride in the Whirlwind, Nicholson et Hellman opposent cow-boys et hors-la-loi dans un contexte mythique et avec des préoccupations métaphysiques proches de celles du Sisyphe d'Albert Camus.

"Je dois reconnaître que chacun de mes films est de nature schizophrénique", dit Hellman. Mêlant deux influences antagonistes, celle du "théâtre d'art et d'essai", de la distanciation brechtienne, de la philosophie de l'absurde de l'auteur d'En attendant Godot, et celle du cinéma populaire, des films de genre à la Howard Hawks, il attise une réputation d'hermétisme. Ses héros semblent dépassés par ce qui les meut, condamnés à un périple sans but, embarqués dans un voyage qui ne mène nulle part.

Le dilemme existentiel est au centre de Macadam à deux voies, seul film de Monte Hellman produit par un studio, Universal. Le scénario est signé par Rudolph Wurlitzer, qui travaillera ensuite avec Sam Peckinpah pour l'admirable ballade existentialiste Pat Garrett et Billy the Kid, puis avec Robert Frank (Candy Moutain). Deux adeptes des courses de voitures (James Taylor et Dennis Wilson, batteur des Beach Boys), une opaque auto-stoppeuse, un raté fanfaron y filent, à toute vitesse mais non sans nonchalance, dans les paysages désenchantés de l'Amérique des années 1970.

Road-movie antonionien hanté par le jeu, l'errance, le hasard et l'incommunicabilité, Macadam à deux voies est un anti-Fureur de vivre. Chacun de ces "misfits impassibles" (expression de Charles Tatum Jr. dans Monte Hellman, éd. Yellow Now/Festival d'Amiens) y suit sa route, parallèle à celle des autres, muré dans le silence ou ressassant des hâbleries comme le personnage interprété par Warren Oates, acteur fétiche de Monte Hellman, "formidable M. Tout-le-Monde" qui lâche ce diagnostic : "Raconter, c'est mentir."

L'insuccès de cette dérive post-Kerouac, puis son conflit avec Roger Corman qui trafique et mutile son film suivant, Cockfighter (un beau film sur les combats de coqs clandestins), condamne Monte Hellman à renouer avec ses jobs de seconde main. Il est monteur de Peckinpah pour Tueur d'élite, assure la mise en scène d'Avalanche Express à la place de Mark Robson, mort avant la fin du tournage.

Ses deux films suivants, China 9 Liberty 37 (un western spaghetti) et Iguana (épopée sur les îles Galapagos) ne redonneront pas confiance aux financiers. Hollywood se méfie de ce type de cinéaste qui s'avoue "partagé entre l'intérêt pour le sujet qu'il traite" et le désir de "sortir de cette prison pour atteindre quelque chose d'autre".

L'article dans Le Monde

vendredi, mai 19, 2006

Le ridicule sur le web

Je n'ai pas l'habitude de courir ce genre de vidéo «humoristique», mais celui-là on me l'a directement envoyé dans la boîte courriel au travail et il m'a frappé. C'est le genre de vidéo drôle et très pathétique directement issu de l'ère web et American Idol.

Le type qu'on voit dans les deux vidéos a un site web personnel où il se prend vraiment au sérieux en disant qu'il sera le futur roi de la pop. Tout y est, bio, photos, paroles, etc. Le problème, c'est que quelqu'un, allez savoir qui, a récupéré ses deux vidéoclips pour les mettre sur youtube.

En voyant, et surtout en écoutant, ses vidéoclips, on se demande comment une personne peut avoir si peu de talent et penser arriver à quoique ce soit. Dans ces cas-là, on a toujours l'impression d'avoir affaire à un canular. Enfin, je comprends surtout qu'il faut faire attention à ce qu'on met sur le web, que ce soit pour rire ou pour devenir une star. Quoique dans ce dernier cas, comment comprendre qu'on a pas de talent...

Chanson 1
Chanson 2

mercredi, mai 17, 2006

Divagation littéraire

J'ai finalement terminé la lecture de À la recherche du temps perdu de Proust. J'aime bien lire des oeuvres immenses et interminables qu'on grignote jour après jour pendant des mois. Elles finissent par devenir une partie de notre vie alors qu'on s'y installe et qu'on en prend possession. Tout y est lent. Les intrigues s'élaborent et les trames s'ourdissent sur plusieurs chapitres pour ensuite s'évanouir et laisser place à d'autres événements. On les oublie même, puis on y revient au gré d'un souvenir évoqué par l'auteur ou d'un événement qui nous y ramène. En cela, ce sont les oeuvres qui ressemblent le plus à la vie.

Étrangement, je n'ai pas eu de tristesse en terminant cette lecture. Normalement, à ce moment, j'éprouve le même sentiment que lorsqu'on voit un ami pour une dernière fois ou qu'on quitte une région pour toujours. Cette fois, je savais que je ne le reverrais plus, que nous avions fait le tour ensemble et qu'il est temps de passer à autre chose.

D'aussi loin que je me souvienne, la première fois que j'ai ressenti cette impression de perte, c'est suite à la lecture de David Copperfield. J'avais l'impression de perdre un bon ami. Et la dernière fois que j'ai eu ce sentiment de séparation, c'est lorsque j'ai terminé le roman chinois Le rêve dans le pavillon rouge. Une fresque gigantesque qui se savoure comme un thé vert, c'est-à-dire que l'on doit constamment être attentif et attendre que le goût vienne à nous, sans chercher les sensations fortes à court terme. On en ressent ensuite les effets pendant plusieurs heures - pour le thé - et plusieurs mois - pour le roman.

J'ai eu quelque tristesse en terminant les deux autres classiques chinois, Les trois royaumes et Au bord de l'eau, mais dans une moindre mesure puisque les auteurs y gardent une plus grande distance face aux émotions et à la psychologie des personnages (typiquement chinois, du moins à l'époque classique).

Non sans avoir lu quelques magazines et quelques courts essais, je pense maintenant me lancer dans la lecture de Le pèlerinage vers l'Ouest ou peut-être Guerre et paix.


lundi, mai 15, 2006

Kaurismaki et le numérique

C'est parfois amusant de lire une opinion tranchée, qu'on soit d'accord ou non. Elle a au moins le mérite d'être claire. Je viens de lire ça dans les Cahiers du Cinéma de mai.

De nombreux débats ont lieu en ce moment autour des caméras numériques. Qu'en pensez-vous?

Aki Kaurismaki: Le cinéma, à l'origine, c'est un jeu d'ombres et de lumières. C'est de la lumière. L'électricité (+-0) n'a jamais été davantage que du courant pour les lampes. Le numerdique [sic] a déjà détruit la photographie et il ne fait aucun doute qu'il détruira le cinéma. Pour moi, cela signifie la mort de l'invention d'Auguste et Louis Lumière, le septième art. Et aussi, un soulagement en ce qui me concerne, puisque je ne tourenrai jamais, sous aucune condition, y compris devant un peloton d'exécution, avec une caméra numérique qui prostituerait l'art que je prétends aimer. L'image numérique (sans parler du son) est toujours et sur tous les supports bien pire que l'image réelle. Mon soulagement provient du fait que lorsqu'il me sera impossible de tourner en 35 mm, je me sentirai libre de retourner à mon but premier: la destruction de la littérature.

Extrait de propos recueillis par Jean-Michel Frodon (par courriel)

dimanche, mai 14, 2006

Question de point de vue?

Aïe, aïe, aïe. Je ne connais pas encore vraiment l'univers du journaliste critique Michaël Augendre (qui remplace Faradji) dans le ICI, mais une chose est certaine, il n'a pas aimé Délivrez-moi. C'est toujours étrange de lire une critique négative d'un film qu'on apprécie.

Je ne suis pas sûr de comprendre où il veut en venir lorsqu'il dit «La noirceur du récit n'est soulignée que par la caricature». La caricature? Je pense que nous n'avons pas la même définition de ce mot. Et comme il ne développe pas pour nous expliquer en quoi le film est caricatural, j'ai l'impression d'un manque de justesse dans le propos. Il écrit aussi que la mise en scène est lourdaude, mais sans développer non plus. Gratuité? Voici sa critique du film tirée du journal ICI du 11 mai 2006.

Noir, c'est noir
Par Michaël Augendre

Malgré de très bons acteurs, Délivrez-moi pâtit d'un sujet galvaudé et d’une mise en scène lourdaude.

Les bonnes intentions ne font pas les bons films. Et assurément, des bonnes intentions, Denis Chouinard (L’ange de goudron) en avait énormément.

Le point positif est qu’il a sans doute tout fait pour s’entourer d’une distribution haut de gamme. Tous les acteurs remplissent leur rôle à merveille. Céline Bonnier, en femme fragile et brisée, Geneviève Bujold, à la tristesse et à la colère gravées dans l’âme, jusqu’à Patrice Robitaille, rustre et perdu dans ses sentiments... Aucun ne détonne.

L’ennui est que le sujet de Délivrez-moi ne brille pas par son originalité. Annie (Céline Bonnier) veut reconquérir sa fille Sophie (Juliette Gosselin) après avoir purgé 10 ans de prison pour le meurtre de son conjoint. La petite vit chez sa grand-mère paternelle (Geneviève Bujold) qui voue une haine féroce à l’assassin de son fils. Sous un ciel gris, Annie trouve un emploi dans l’usine du coin, un deux-pièces sordide, un copain de corps à corps. Sa nouvelle liberté n’aura de sens qu’avec le retour, dans ses murs et dans son coeur, de Sophie.

Annie va-t-elle retrouver l’amour et la garde de sa fille? Que s’est-il vraiment passé le jour du meurtre? Denis Chouinard répondra à ces questions au long d’un parcours chaotique, ponctué de lenteurs et de poncifs.

La noirceur du récit n’est soulignée que par la caricature. Et la caricature ne nous touche pas. Le personnage interprété par Céline Bonnier porte en son sein une puissance tragique incroyable. Pourtant, avec une écriture et une mise en scène qui laissent à l’actrice seule le pouvoir de générer l’émotion, tout s’affadit.

Ne restera donc de Délivrez-moi que le poids et le talent de trois générations d’actrices ainsi qu’une foule de bonnes intentions. Et, on le sait, les bonnes intentions nous conduisent en enfer.

Délivrez-moi sort du moule


Tous les films ne sortent pas du même moule. Et moult moules il y a. Au moment de faire le choix d'un film, les gens vont rarement s'informer à savoir qui en est l'auteur, le producteur, le réalisateur, le distributeur, etc. Cela se comprend, tout le monde n'est pas passionné de cinéma. Or, c'est presque immanquablement par ces indices qu'on évite les navets et qu'on découvre des petits trésors, sinon des grands.

Aurore constitue probablement mon exemple favori de film issu d'un moule que je déteste et conspue. Comme on le présente si bien sur le site de Radio-Canada: «Après le succès historique de Séraphin au box-office, le président d’Alliance Films, Guy Gagnon, et Denise Robert, de Cinémaginaire, ont donné à Luc Dionne le mandat d’écrire le scénario d’Aurore et de réaliser le film, son premier.» Un mandat. Voilà. Une bonne histoire, un public cible, un mandat. Adieu inspiration, univers personnel et originalité. Le cinéma creux dans toute sa splendeur.


S'il est rare que le public s'intéresse aux étapes et au processus de création parfois long qui mènent à un film, il est tout aussi rare que les critiques en expliquent les rouages (sauf peut-être pour lancer quelques fleurs récupérées dans un communiqué plus que partial). Du moins, cela demeure rare dans les grands médias comme Le Journal de Montréal, le Voir ou La Presse. On retrouve des critiques plus virulentes, souvent dans les éditoriaux, de médias plus petits ou dans les magazines spécialisés. Par exemple, Marie-Claude Loiselle aime bien dénoncer quelques tares de l'industrie cinématographique dans ses éditoriaux de la revue 24 Images (exemple ici concernant l'ONF).


Pour ma part, j'ai bien envie de lancer quelques fleurs à un distributeur aujourd'hui. On critique souvent - et avec raison - l'empire Quebecor pour sa tendance mainstream. Il faut cependant admettre que le distributeur TVA Films a à sa tête des gens qui ont du flair et qui semblent voir le cinéma, non seulement comme une occasion d'affaires, mais aussi un art. Même si TVA Films a distribué les navets Éternelle et Incisions, il a aussi distribué des films tels que C.R.A.Z.Y., Dans une galaxie près de chez vous, Dear Wendy, Genesis, Good Night and Good Luck, Le pianiste, Littoral, Le virtuose et Manderlay. Il ajoute maintenant à sa liste le très beau film Délivrez-moi de Denis Chouinard. Il s'agit d'un film produit par la Coop Vidéo (avec le producteur Réal Chabot) qui a pour but d'encourager le cinéma d'auteur et non pas d'atteindre des records au box-office pour ensuite se péter les bretelles que «Mon Dieu que le cinéma québécois se porte bien» (merci à la série les Boys et consort).


Parmi les réalisateurs les plus connus (qui me viennent à l'esprit) de la Coop Vidéo, il y a eu Jean Chabot (décédé en 2003) et il y a Robert Morin, Louis Bélanger, Denis Chouinard, Denis Villeneuve et Catherine Martin. Gaz bar blues de Louis Bélanger avait été distribué par la grosse boîte Alliance Atlantis Vivafilm.


Je suis vraiment excité par l'aventure du film Délivrez-moi. Sur une idée personnelle bien mûrie, Denis Chouinard a fait appel à l'écrivaine d'expérience Monique Proulx pour écrire le scénario de ce qui s'est d'abord intitulé Annie croyait aux esprits. Pour incarner Annie, il a fait appel à Céline Bonnier, accompagnée dans ce film par Geneviève Bujold - qui revient dans le paysage québécois du cinéma - Patrice Robitaille et la jeune Juliette Gosselin. Trois générations de femmes, une histoire de meurtre et de relation mère-fille. Un film authentique de A à Z.


Ma critique sur Canoë
Délivrez-moi

Infoculture.ca
Denis qui croyait aux esprits!

La Presse
Délivrez-moi: le mystère Bujold persiste
Délivrez-moi: la Survenante

dimanche, mai 07, 2006

Robert Bresson et autres étoiles filantes

Éphémérides 07 mai

Aujourd'hui, je ne peux m'empêcher de créer un billet pour les éphémérides parce qu'il y en a beaucoup et qu'on se rappelle du jour de la naissance de Robert Bresson.

Même si elle me traverse l'esprit, je n'utiliserai pas la formule «probablement le meilleur cinéaste de tous les temps» puisque je n'ai pas vu les films de tous les réalisateurs et que, si elle permet au moins de savoir que celui qui l'utilise se passionne vraiment pour ledit réalisateur, cette formule ne peut qu'être fausse. Robert Bresson est mon cinéaste, cinématographe devrais-je dire, préféré. Comme réalisateur m'ayant le plus marqué par ses oeuvres, je le mettrais à égalité avec Andrei Tarkovski et Werner Herzog. Les films de ces trois réalisateurs ont changé ma vision du cinéma et de la vie. Et Robert Bresson un peu plus encore que les deux autres avec son livre Notes sur le cinématographe que j'ai lu plusieurs fois.

Tarkovski admirait d'ailleurs Bresson comme en témoigne cette citation que j'ai trouvée aujourd'hui même:
« Bresson est un génie, on peut le dire sans ambages, c'est un génie. S'il occupe la première place, le suivant occupe la dixième - l'écart est énorme »
-Propos d'Andreï Tarkovski, Journal, 19 février 1986.

Daniel Weyle commence son étude ainsi :
«Très différents en leurs génies propres, Bresson et Tarkovski se rejoignent pourtant dans une double exigence : filmicité, désignant ce qui ne peut exister en dehors de la pellicule, et démarche poétique : toute intuitive, ennemie de la recette.» Herzog aussi, à mon avis, et c'est cette démarche et ce qui en découle qui vient me chercher très profondément dans mon être.

Ils sont nés un 7 mai:

-Le cinéaste français Robert Bresson (1901-99)
-Le compositeur allemand Johannes Brahms (1833-97)
-Josip Broz, dit Tito, président yougoslave, à Kumrovec, Croatie (1892-1980)
-Le compositeur russe Petr Ilitch Tchaïkovski (1840-93)

Ils nous ont quittés un 7 mai:

-1979: l'acteur québécois Paul Guèvremont (1902)
-1825: le compositeur italien Antonio Salieri (1750)
-399 av. J. C.: le philosophe grec Socrate (469)

Événements

1920 _ Les peintres du groupe dit des Sept ouvrent leur première exposition, à Toronto.
1824 _ Ludwig van Beethoven dirige la création de la Neuvième Symphonie.
1794 _ Maximilien Robespierre, se méfiant du culte officiel de la raison, fait adopter ce décret: «Le peuple français reconnaît l'existence de l'Être suprême et l'immortalité de l'âme.»

vendredi, mai 05, 2006

Les ordres

TÉMOIGNAGE D'UN OTAGE PRIVILÉGIÉ DES «ORDRES». BRAULT A MANQUÉ SON COUP, de Pierre Vallières

En février dernier, j'ouvrais ce blogue avec Entretien avec Richard Leacock dans le seul but de diffuser de l'information que je juge intéressante.

Voici un autre article, absent du web, paru dans le Cinéma Québec, en 1974, dans lequel Pierre Vallières réagissait au film de Michel Brault Les ordres. Avec le temps, lorsqu'une oeuvre s'impose, on oublie souvent que la critique n'était pas nécessairement unanime au moment de son apparition. Brièvement, pour faire une courte critique de l'article, je dirais que Vallières, même s'il a ses raisons politiques pertinentes de critiquer Brault, n'aurait pas posé le même diagnostic s'il avait jugé le film d'un point de vue cinématographique. Si le film a si bien vieilli (mais Vallières pouvait-il le prévoir), c'est justement parce que, plutôt que de constituer un simple parti-pris politique versant dans la dénonciation des «méchants», nous avons affaires à un drame universel où les protagonistes subissent l'injustice et l'abus au sein d'un système démocratique. J'arrête là, voici le texte intégral.




Témoignage d'un otage privilégié des «ordres». Brault a manqué son coup

Les ordres, film politique ou film de fiction? Traitant de faits vécus et directement reliés à la crise d'octobre 1970, Michel Brault avait-il raison ou même le droit de passer sous silence les gestes mêmes qui ont engendré cette crise, qu'il s'agisse de ceux du gouvernement ou de ceux des cellules Libération et Chénier du FLQ? Était-il justifié de passer sous silence le gigantesque débat politique qui a marqué ces évènements et qui se poursuit toujours sous forme principalement d'interrogations en attente de réponses satisfaisantes et qui, toutes, véhiculent un fort sentiment de scepticisme face aux explications officielles et fort minces données jusqu'à maintenant par les autorités politiques pour tenter de mettre un point final à la crise? Lui était-il permis enfin d'oublier que l'immense majorité des gens arrêtés le 16 octobre étaient des Québécois politisés et engagés?

Même si l'on ne demeure pas insensible à la réalité d'impuissance collective exprimée par le film de Michel Brault, on n'en demeure pas moins insatisfait. Déjà, à propos d'État de siège, il nous avait paru opportun de dénoncer l'absence d'analyse sociopolitique dans un scénario relevant davantage du suspense traditionnel que de la réalité historique. Pour d'autres motifs que ceux de Costa-Gravas, mais avec les mêmes conséquences, Michel Brault contribue avec Les ordres à l'épuration (dans le sens d'extinction progressive) de la mémoire historique et permet au pouvoir en place de faire oublier l'oppression d'hier pour mieux organiser celle d'aujourd'hui.

On sait que l'un des défauts majeurs de la collectivité québécoise est son absence de mémoire et sa peur d'analyser jusqu'au bout les implications, les causes et les prolongements des événements politiques qui la conditionnent. Les ordres, à cet égard, ne remettent rien en question.

Au plan de la fiction et de l'esthétisme, le film de Michel Brault est certes très beau, mais je n'oserais pour ma part crier au chef-d'oeuvre aussi facilement que l'ont fait mes collègues à la sortie des Ordres. Car ce film m'a déçu par son souci évident de TAIRE l'essentiel des événements dont il tire pourtant sa raison d'être.

Ce n'est pas en affirmant que Les ordres est essentiellement un film de fiction que l'on me convaincra qu'à ce chapitre au moins il constitue une réussite majeure de notre cinéma. S'il est vrai que, depuis la crise d'Octobre 1970, l'apathie des Québécois est beaucoup mieux perçue ou même affirmée avec plus d'évidence, il est faux, par contre, de prétendre que, durant cette crise, à Montréal, cette apathie n'avait pas été durement secouée. Également, s'il est vrai que certaines des personnes arrêtées le 16 octobre 1970 et dans les jours qui ont suivi ont éprouvé un désarroi certain, la majorité des «otages» d'alors ont réagi sur le coup avec beaucoup de dignité, de fierté et de courage. Qu'on se rappelle un peu les nombreuses interventions faites devant les tribunaux dans les mois qui ont suivi les arrestations massives : ce n'étaient pas des résignés qui comparaissaient mais des enragés (et je ne parle pas seulement de ceux qui étaient alors officiellement reliés au FLQ). Qu'on se rappelle aussi les propos tenus durant la crise d'Octobre sur les ondes radiophoniques par des citoyens ordinaires : «l'érosion de la volonté populaire», comme dirait l'honorable Gérard Pelletier, était on ne peut plus évidente. Qu'on se rappelle enfin les multiples dénonciations du système en place que cette crise a provoquées, de Montréal à Matane : le ton n'était pas celui de la domination acceptée comme normale, mais celui de la volonté de changement radical.

Ce n'est, près de deux ans plus tard, qu'à l'occasion de la grève du Front commun intersyndical que sont apparus les signes d'un retour inquiétant à la passivité collective du temps de Duplessis.

Comme tout le monde, Michel Brault est conscient de l'apolitisme qui se généralise à l'heure actuelle au Québec. Il n'en prend certes pas son parti. Mais en rétroactivant cet apolitisme au moment de la crise d'Octobre, il ne respecte pas la vérité historique des faits sur lesquels il fonde le scénario de son film. De plus, en amputant de son scénario les noms de James Cross et de Pierre Laporte, les hommes politiques, les felquistes et la majorité des victmes politiques de la crise d'Octobre, il trahit consciemment cette vérité, dont il n'est pas propriétaire mais dont il est comme toute le monde responsable, au profit d'un mélodrame kafkaïen dont les acteurs se débattent, impuissants, dans le mystère absolu de leur oppression (quotidienne ou accidentelle, peu importe).

À cause principalement de l'importance capitale qu'a eue et que conserve encore en 1974 la crise d'Octobre sur le retour des Québécois à la résignation tranquille, retour constaté par tous les observateurs, l'occasion était belle pour tout cinéaste de remettre en question, à partir des faits objectifs de cette crise et des multiples questions qu'elle soulève, cette résignation mortelle qui, si elle se perpétue, consacrera à moyen terme, si ce n'est à court terme, la fin d'un peuple qui n'a pas encore vraiment eu l'occasion d'entrer dans l'histoire – et avec elle la fin du cinéma «national» qui sort à peine des limbes de ce peuple menacé.

Au lieu du choc salutaire dont tout le monde a un urgent besoin ces temps-ci, un film comme Les ordres contribue à l'acceptation de l'apolitisme comme d'un fait inéluctable. De plus, il contribue à effacer de la mémoire des Québécois et des autres le machiavélisme d'un pouvoir politique pour qui le mensonge, le chantage et l'armée sont les instruments inséparables du maintien obligatoire des citoyens dans l'ignorance et la soumission.

Je peux témoigner du fait qu'à part quelques exceptions, ce n'est pas de la façon dont Brault nous le montre qu'ont été vécus l'emprisonnement et ses suites par les otages d'octobre 1970. La révolte et l'écoeurement qui se promenaient alors d'un étage à l'autre de Parthenais n'avaient rien à voir avec les sanglots de Jean Lapointe ni avec les timides critiques du médecin X. Malgré la prudence qui était de rigueur à l'intérieur des murs espionnés à tout instant, la politisation des incarcérés ne faisait aucun doute. J'ai pu longuement converser à voix haute avec des dizaines de ces détenus politiques et je peux dire, en toute vérité, que la fiction des Ordres ne rend pas justice aux hommes et aux femmes qui, en octobre 1970, ont payé de leur personne leur «goût du Québec».

On me répliquera que, justement, il s'agit de fiction, et qu'un film de fiction n'a pas besoin d'être le reflet bête de faits historiques. Sans doute. Mais je réponds à cela qu'un film de fiction, qui ouvertement revendique son inspiration de la crise d'Octobre, doit au public de montrer la vérité de cette crise, sous peine de fausses représentations.

Peu importe que les intentions de Michel Brault aient été les meilleures du monde (ce dont je ne doute pas un seul instant), il n'en demeure pas moins que son film est pour moi politiquement et moralement inacceptable.

Si l'on a raison présentement de s'inquiéter sérieusement de l'apolitisme qui grandit (c'est une croissance par le vide) au sein de la collectivité québécoise, je m'inquiète encore plus du fait qu'un cinéaste de la trempe de Michel Brault se fonde là-dessus pour ramener une crise politique majeure comme celle d'octobre 1970 à cinq ou six petits malheurs individuels et apporte par là une forme de justification supplémentaire au pouvoir pour qui «le peuple québécois est heureux de son sort, ne veut pas de troubles, ne veut pas faire l'indépendance, aime bien papa Trudeau et petit frère Bourassa», etc. et ne comprend pas que des événements viennent justifier la police de le tirer de son lit ou de sa cuisine.

Je ne nie pas qu'en 1974 on ait absolument raison de prendre conscience que le peuple québécois n'a pas encore réussi à déraciner la peur de ses tripes. On ne doit pas pour autant faire croire qu'en octobre 1970, au moment des fameux enlèvements, cette peur était aussi manifeste qu'aujourd'hui parmi la population. C'étaient alors les hommes politiques qui, par tous les moyens, oeuvraient systématiquement à la ressusciter. Ils ont, hélas, en bonne partie réussi. La réalité de 1974 pourrait justifier l'impuissance qu'exprime un film comme Les ordres à partir d'un scénario fondé sur cette réalité immédiate, et peut-être, souhaitons-le, provisoire.

Mais une impuissance aussi désespérante que celle véhiculée par le film de Brault ne tire aucune réalité ni aucune vérité des événements de 1970 auxquels nommément se réfère Les ordres.

Si le financement par la SDICC devai absolument forecer Michel Brault à maquiller les faits essentiels de la crise d'Octobre, il eut mieux valu que le film ne soit pas réalisé. Tel qu'il est projeté sur les écrans québécois, Les ordres ne secoue rien ni personne. Il pose même moins de questions aux spectateurs qu'un film comme Bingo, pourtant à vocation ouvertement commerciale.

René Lévesque a eu tort d'affirmer que le «comment» de la crise d'Octobre était dévoilé par Brault. Pas plus que le «pourquoi» le «comment» n'y est.

La fiction des Ordres n'est pas plus québécoise que libanaise ou sénégalaise. Elle est plus proche des énigmes à la Kafka que de la crise d'Octobre 1970. Bref, si Michel Brault voulait absolument faire oeuvre d'imagination, il a eu tort de dater cette fiction d'octobre 1970. Car il a voulu faire oeuvre d'imagination tout en accrochant historiquement cette fiction aux arrestations massives de la nuit du 16 octobre. Par ailleurs, il a noyé de contexte social et politique des mesures de guerre dans un mélodrame appuyé sur une demi-douzaine de «drames» individuels, drames momentanés, inexpliqués et, somme toute, anecdotiques. Il n'a pas su choisir entre la fiction et l'histoire.

Or, il est bien difficile de faire un film sur Octobre 1970 au Québec sans montrer «les événements». C'est même une gageure impossible. Et c'est, de plus, une entreprise de mystification que de le tenter. Je reconnais volontiers que «jouer avec ces événements, c'est jouer avec de la dynamite». Mais, justement, c'est une raison de plus pour refuser de faire croire que la dynamite a fondu toute seule, par enchantement, le jour où Un Tel et Une Telle, malgré eux, ont été menottés par le pouvoir, le temps de leur donner la trouille de leur vie.

Les ordres, un bien beau film par ses images et ses interprèts, mais surtout un drame totalement déraciné des causes et de son contexte véridiques. Une fiction pour les Ligues de droits de l'homme intéressées aux chiens écrasés et pour assistantes sociales en mal de malheureux à consoler.

Tout cela est dur à dire à un comptriote respecté et respectable à plus d'un titre. Mais pourquoi le taire? Michel Brault, cinéaste, a pris des risques considérables en faisant un film à partir des événements d'Octobre, y compris celui de trahir la vérité historique de ces événements. Vouloir camoufler le fait que cette vérité n'a pas été respectée, et cela derrière l'écran de la fiction et de l'esthétisme, ne rend service à personne, ni aux Québécois ni au cinéma qui est censé les exprimer.


  • Une critique favorable: Un volet de l'opération «Taire des hommes»

  • Les ordres sur Wikipédia

  • jeudi, mai 04, 2006

    Michel Ciment sur la critique en France

    Voici un article d'Éric Perron paru dans le magazine Cinébulles, Volume 24, Numéro 1, Hiver 2006. Comme je suis un fervent croyant de la diffusion de l'information par le web, et suite à un billet lu sur le blogue arrêtetoncinéma, je prends le risque de le publier sur mon blogue sans l'assentiment de la revue. Dans le même numéro de Cinébulles, on y retrouve un entretien d'Éric Perron avec Michel Ciment. [Et oui, j'aime transcrire des articles, ça me détend et j'ai l'impression d'accomplir un petit devoir]

    -Voir le site web de l'Association des cinémas parallèles du Québec de laquelle dépend la revue Ciné-Bulles

    Michel Ciment sur la critique en France

    Voilà ce que répondait Michel Ciment [directeur de la revue Positif] à un spectateur lors de la conférence tenue au FIFM à propos d'une perte de crédibilité de la critique française.

    «Je pense que la critique a beaucoup moins d'impact aujourd'hui qu'elle n'en avait autrefois. Là, vous me forcez à intervenir un peu dans une polémique. Elle a moins d'impact en raison du merchandising qui domine notre époque, le bombardement publicitaire, le fait que les films sortent sur 800 écrans, cette façon de monopoliser les choses... La critique a donc vu son espace se réduire. Mais elle a aussi participé à son propre déclin. Je parle de la France ici. Cette bataille que je mène me fait beaucoup d'ennemis. J'espère que vous n'allez pas prendre cela comme une querelle de chapelles entre Positif et Les Cahiers du cinéma. En même temps, c'est un coup de chapeau que jeur donne...

    Les Cahiers du cinéma ont gagné la guerre de la critique contre Positif. Ils l'ont gagnée incontestablement, en termes d'espace médiatique. Parce que c'est devenu la critique officielle, c'est devenu l'establishment. Les Cahiers du cinéma contrôlent les pages cinéma du Monde, de Libération, des Inrockuptibles, une partie de Télérama, plus Les Cahiers du cinéma, c'est-à-dire les organes où se pratique une critique sérieuse, documentée, développée par des gens de talent. Le seul problème, c'est que tous ces gens pensent la même chose. Il n'y a donc pas la diversité critique qu'on pourrait attendre. En plus, ils ont adopté les techniques de la Nouvelle Vague, c'est-à-dire le terrorisme intellectuel, le copinage, le fait de défendre systématiquement les amis. Et le résultat aujourd'hui, c'est que le public, les lecteurs de ces journaux ne font plus attention à ce qu'ils lisent. [...]

    Je prends un exemple: Basse-Normandie de Patricia Mazui, un film que j'estime extrêmement mauvais, que j'ai trouvé vraiment atroce. J'aime beaucoup Patricia Mazuy, elle a fait des films comme Saint-Cyr et Peaux de vaches qui sont très bons. Basse-Normandie, je ne sais pas pourquoi, a été adopté comme un chef-d'oeuvre absolu par Les Cahiers du cinéma. Ils en ont fait la couverture, ils ont fait 10 pages disant : «Quel film extraordinaire», etc. Les réseaux ont fonctionné magnifiquement bien, c'est-à-dire que Télérama a fait trois pages, Le Monde, une page, Libération trois pages, Les Inrockuptibles trois ou quatre pages, et tous en même temps, à l'unisson, le jour de la sortie. Ils ont annoncé qu'il s'agissait d'un des plus grands films de l'année. Cela veut donc dire qu'envrion deux millions de lecteurs ont appris qu'un chef-d'oeuvre était né. Eh bien, en 18 semaines d'exclusivité, dans toute la France, il y a eu 4 500 entrées.

    Il y a 30 ans, quand Jean de Baroncelli – qui n'est pas mon critique favori ni modèle -, un critique de poids, intelligent, écrivait en première page du Monde: «Je tiens ce film comme un chef-d'oeuvre», il le disait trois fois par an maximum et, curieusement, il y avait quelques centaines de milliers de gens qui allaient voir le film.

    C'est de cette façon que des cinéastes comme Bergman ou Fellini se sont construit un public. Le problème, c'est qu'aujourd'hui on essaie de faire passer Basse-Normandie pour du Bergman ou du Fellini. Je pense que la critique, en tout cas cette critique-là, a perdu tellement le sens des réalités concrètes qu'elle a fini par se couper de ses lecteurs. Il y a une crise de crédibilité...

    Prenons un autre exemple : le dernier film de Claire Denis, L'Intrus. J'ai vu le film au Festival de Venise. Je ne veux pas être méchant, mais les producteurs roupillaient, dormaient – ils étaient assis à côté de moi dans la salle. Le film a eu un effet terrible. Toute la presse internationale était là, 450 personne : aucun applaudissement, beaucoup de sifflets. J'aime bien Caire Denis, elle a du talent. Mais ce film était d'une obscurtié absolue. Je défie quiconque de savoir vraiment ce qui se passait sur l'écran. Rejet absolu donc de la presse internationale.

    Le lendemain, Libération et Le Monde écrivaient: «Le Festival de Venise illuminé par le chef-d'oeuvre de Claire Denis.» On a ainsi commencé à bâtir la réputation du film. Il n'a eu aucun succès, tout au plus 8 000 personnes sur toute la France. Mais avec une presse absolument délirante. Alors qu'au départ, c'était un échec monumental. Je ne me réjouis pas, mais c'est tout de même des perversions du système qui sont extrêmement inquiétantes. Si les gens qui sont allés voir L'Intrus avaient trouvé ça excellent, il y aurait eu un bouche-à-oreille formidable et, petit à petit, le film aurait eu 50 000, 100 000, 150 000 spectateurs. Or, ça c'est effondré.

    Là, je pense que la critique en France a creusé sa tombe. Et même une revue comme Positif, qui ne participe pas à ce snobisme de la critique, est victime de ça, parce que les gens amalgament toutes les critiques intellectuelles.»

    mercredi, mai 03, 2006

    Blogue-réalité

    Bien sûr! Je n'y avais pas pensé, mais après la télé-réalité, pourquoi pas ce qu'on pourrait appeler la «blogue-réalité»? Pas un projet bien préparé au quart de tour par une équipe de télévision, mais bien une initiative personnelle d'une personne vivant réellement des moments difficiles et qui semble complètement déprimée, errant au fond de la vallée sombre de la solitude. Y a-t-il quelque chose de pire que la solitude?

    Celle qui se désigne sous le nom de Wandering Scribe, Scribe Errant comme l'a traduit Le Monde, a perdu son emploi et a décidé d'habiter dans sa voiture. D'une situation déjà particulière, elle en rajoute en relatant ses états d'âmes sur un blogue. Et les internautes sont là à se déchirer à coups de propos pas toujours des plus sympathiques, l'obligeant à modérer des centaines de commentaires qui ne doivent pas toujours l'encourager. En effet, les gens ne réagissent pas seulement à sa situation, mais au phénomène plus général des «sans domicile fixe», ce qui en rend plusieurs très émotifs et antipathiques.

    S'agit-il encore de simple voyeurisme? Peut-on se «divertir» à lire ses comptes rendus émotifs? Peut-on l'aider par le biais du blogue par nos commentaires ou par l'envoi d'argent?

    «C'est une histoire d'aujourd'hui, singulière, mais tristement exemplaire. L'extrême solitude s'y épanche dans la communication virtuelle. Elle commence un jour d'août 2005, lorsqu'une jeune Londonienne, tout juste trentenaire, intelligente et cultivée, voit sa vie basculer.

    Ayant perdu son emploi et souffert d'une rupture sentimentale, elle ne peut plus payer son loyer, traverse une crise psychologique, et se retrouve à la rue. Ou plutôt dans sa voiture, remplie à la hâte de ses effets personnels. Elle se met au volant, roule dans Londres, mais n'a nulle part où aller. La perspective de trouver asile dans un refuge pour SDF la rebute. Elle choisit alors d'élire domicile dans sa vieille Rover.»

    Suite dans Le Monde

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    Alors que je cherchais des informations et des sites web sur Alexandro Jodorowsky sur Google, je me suis encore retrouvé sur un blogue pertinent et intéressant, Thierry le blog. Je remarque que les blogues occupent une place de plus en plus importante dans la diffusion d'informations, et Wikipédia aussi. De ce nouveau blogue que je commencerai probablement à fréquenter, j'ai appris l'existence du blogue pathétique auquel je vous réfère.

    mardi, mai 02, 2006

    Rectification sur la situation au ICI

    Alors c'est confirmé, le blogue n'est pas fiable comme source (et je parle du mien). ;-)

    Voici ce que m'a écrit Helen au sujet de la situation au journal ICI:

    «D'abord: le nouvel éditeur du ICI n'est pas S. Gosselin, mais Sylvain Prévate. Il a déjà fait ses armes à Echos-Vedettes et au Journal de Montréal. Il a été mis là dans le but avoué d'aller "chercher plus de lecteurs". Ensuite, pour ce qui est de l'équipe ciné, en principe elle reste la même. Seul le chef de section change et on m'a moi-même demandé, pour une raison qui m'échappe encore, de rester critique-pigiste.»

    Je m'étais fié au site icimontreal.com pour l'information sur l'éditeur, mais il ne doit pas être à jour. Pour ce qui est du poste de chef de section, cela reste dommage pour Helen, mais au moins elle garde son ancien boulot. Enfin, avec cette nouvelle politique, cette réorientation, j'ai bien hâte de voir qui va accepter de jouer le rôle plus populaire et ce que ce nouveau va nous pondre comme textes.