mercredi, mai 17, 2006

Divagation littéraire

J'ai finalement terminé la lecture de À la recherche du temps perdu de Proust. J'aime bien lire des oeuvres immenses et interminables qu'on grignote jour après jour pendant des mois. Elles finissent par devenir une partie de notre vie alors qu'on s'y installe et qu'on en prend possession. Tout y est lent. Les intrigues s'élaborent et les trames s'ourdissent sur plusieurs chapitres pour ensuite s'évanouir et laisser place à d'autres événements. On les oublie même, puis on y revient au gré d'un souvenir évoqué par l'auteur ou d'un événement qui nous y ramène. En cela, ce sont les oeuvres qui ressemblent le plus à la vie.

Étrangement, je n'ai pas eu de tristesse en terminant cette lecture. Normalement, à ce moment, j'éprouve le même sentiment que lorsqu'on voit un ami pour une dernière fois ou qu'on quitte une région pour toujours. Cette fois, je savais que je ne le reverrais plus, que nous avions fait le tour ensemble et qu'il est temps de passer à autre chose.

D'aussi loin que je me souvienne, la première fois que j'ai ressenti cette impression de perte, c'est suite à la lecture de David Copperfield. J'avais l'impression de perdre un bon ami. Et la dernière fois que j'ai eu ce sentiment de séparation, c'est lorsque j'ai terminé le roman chinois Le rêve dans le pavillon rouge. Une fresque gigantesque qui se savoure comme un thé vert, c'est-à-dire que l'on doit constamment être attentif et attendre que le goût vienne à nous, sans chercher les sensations fortes à court terme. On en ressent ensuite les effets pendant plusieurs heures - pour le thé - et plusieurs mois - pour le roman.

J'ai eu quelque tristesse en terminant les deux autres classiques chinois, Les trois royaumes et Au bord de l'eau, mais dans une moindre mesure puisque les auteurs y gardent une plus grande distance face aux émotions et à la psychologie des personnages (typiquement chinois, du moins à l'époque classique).

Non sans avoir lu quelques magazines et quelques courts essais, je pense maintenant me lancer dans la lecture de Le pèlerinage vers l'Ouest ou peut-être Guerre et paix.


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