mardi, février 21, 2006

Trésors d'avant-garde

Chaque cinéphile a ses petites déviances. Vous savez, ce film ou ces films que personne n'a vus et que personne ne veut voir (ou n'apprécie) mais que vous chérissez. Vous aimeriez que quelqu'un les voit pour pouvoir partager votre bonheur avec lui, mais en même temps c'est un peu votre trésor à vous, une partie de votre personnalité, de ce qui vous distingue. Par exemple, je n'ai jamais rencontré qui que ce soit qui ait vu la trilogie japonaise Human Condition de Masaki Kobayashi (Samurai Rebellion, Kwaidan), qui reste pour moi le film de guerre le plus touchant de toute l'histoire du cinéma. J'ai bien essayé de le faire écouter à ma mère, mais elle s'est essoufflée avant la fin...

Unseen Cinema vient de rendre disponible une passionnante anthologie de films qui risquent pourtant de demeurer assez marginaux et qui me vaudront bien des soliloques. Il s'agit d'une série de films américains d'avant-garde qui couvre la période 1894-1941. Dans ce véritable trésor d'archives on retrouve 19 heures de films qui vont d'obscurs courts métrages expérimentaux cubistes à des oeuvres plus connues telles The General de Buster Keaton et The Birth of a Nation de D.W. Griffith. Brakhage lui-même a été influencé par beaucoup de ces films et d'autres réalisateurs plus connus comme Orson Welles l'ont été aussi. Par exemple, j'ai appris aujourd'hui qu'Orson Welles, en hommage au film d'opéra de 4 minutes, Maytime, de Slavko Vorkapich (1937), a fait une séquence d'opéra identique à celle de Vorkapich dans Citizen Kane (1941). Il faudra que je revois le film en portant une attention particulière à cette séquence.

Hormis l'esthétique dépassée liée à la pellicule argentique de l'époque et à certaines techniques de montage désuètes, plusieurs de ces films paraissent encore aujourd'hui excentriques, audacieux et hors normes.

Le film qui m'a le plus frappé pour l'instant par sa musique mégalomane composée expressément pour l'oeuvre est Le ballet mécanique. Pour sa poésie, j'ai visionné plusieurs fois H2O de Ralph Steiner.

3 commentaires:

JF a dit...

"Hormis l'esthétique dépassée liée à la pellicule argentique de l'époque et à certaines techniques de montage désuètes [...]"


J'suis sûrement un dinosaure, mais je déteste le numérique si je le compare à la pellicule.. Je ne trouve pas la pellicule désuète du tout, et tu n'es pas le premier que j'entends parler ainsi.

Ça me fait mal chaque fois.

La pellicule, c'est tellement plus riche que le numérique... à mes yeux en tout cas.

Unseen Cinema m'intéresse beaucoup. Ça ressemble à ce coffret que j'ai eu un plaisir fou à visionner (pas encore en entier cependant)

http://www.amazon.com/gp/product/B00004Y2QQ/103-8805972-4161408?v=glance&n=130

J'suis vendu d'avance au cinéma de cette époque, qui fut la plus belle époque de cet art selon moi.

JF

JF a dit...

Je devrais donner le titre, mon lien ne s'est pas inscrit au complet.

Treasures From American Film Archives.

Antoine a dit...

Je ne voulais pas dire la pellicule en général, je pense que rien ne bat la pellicule couleur 35mm, encore aujourd'hui. Je voulais juste dire que si on présentait les mêmes sujets justement en pellicule 35mm couleur avec un montage plus moderne plutôt qu'avec la vieille pellicule noir et blanc qui donne un rendu bleu ou brun (remarque c'était peut-être plus lié à la caméra et au développement, je sais pas) plusieurs de ces films seraient considérés «flyés» encore aujourd'hui.

Et je vais chercher cette collection aussi, je ne l'ai jamais vu.