Mon ami Éric Tremblay a fait le fou et a traduit cette nouvelle en plein congé de Pâques. Je mets l'article sur mon blogue car il disparaîtra assez vite sur Canoë.
L'article sur Canoë
Le blogue de Kyle MacDonald
L'article sur mon blogue:
Trombone qui roule amasse mousse...
Un homme cherche à obtenir une maison uniquement par le troc
L'été dernier, Kyle MacDonald avait un petit trombone rouge et un rêve: serait-il en mesure de mettre à profit la puissance communautaire d’Internet pour troquer ce trombone contre quelque chose de mieux, puis ce quelque chose pour une autre encore meilleure et ainsi de suite… jusqu’à ce qu’il obtienne une maison au bout de cette chaîne d'échanges?
Après un périple transcontinental impliquant un stylo en forme de poisson, un village nommé Yahk et l’incroyable capacité du Web à générer de la publicité, MacDonald se rapproche un peu plus de son rêve, depuis la dernière fois où l'on entendait parler de lui à la fin du mois de novembre dernier. Il a maintenant à offrir un an de loyer gratuit dans une maison de Phoenix, en Arizona.
Pas trop mal comme retour sur l’investissement d’un trombone. MacDonald, 26 ans, promet cependant de ne pas s’arrêter tant qu’il ne passera pas le seuil de son propre chez-lui, peu importe où se trouvera celui-ci.
«C’est complètement renversant, je ne vous mentirai pas», a-t-il dit en entrevue téléphonique de son appartement de Montréal, où il habite en compagnie de sa copine Dominique Dupuis et de deux colocataires. «Je continue toutefois de troquer en vue d'obtenir cette maison. C’est une véritable obsession.»
L’histoire commence en juillet dernier.
MacDonald avait passé de nombreuses années sur la route armé de son seul sac à dos, passant d’un petit emploi temporaire à un autre, rythme convenant à sa nature polyvalente, plus versée sur les plaisirs du changement que sur les vertus de la stabilité. Il acquittait sa part de 300$ du loyer en faisant occasionnellement la promotion de produits dans des salons commerciaux.
Kyle MacDonald caressait un unique rêve d’adulte établi: une maison, qu’il savait malheureusement ne pas pouvoir se payer.
Il lance initialement son idée de troc dans la section des échanges de biens de Craigslist.org, un site Internet rempli d’annonces locales offrant de tout, des possibilités d’emploi à des appartements disponibles, en passant par des biens divers. Au départ, l’annonce de MacDonald explique seulement qu’il s’attend à recevoir quelque chose de plus gros ou de mieux que son trombone. Aucune mention n’est faite d’une éventuelle maison, puisqu’il craint de ne pas être pris au sérieux.
Voici donc, point par point, l’évolution de ce trombone qui, à force de trocs divers, a «muté» en un an de loyer gratuit dans un appartement de Phoenix, en Arizona:
- En visite dans sa ville natale de Vancouver, en Colombie-Britannique, deux femmes lui donnent un stylo en forme de poisson pour le trombone.
- Plus tard ce même jour, MacDonald se rend à Seattle pour y voir d’abord une partie de baseball et y prendre ensuite un vol de retour vers la maison. Avant de se rendre à l’aéroport, il passe voir Annie Robbins, une artiste qui a vu l’annonce de Macdonald dans la section des échanges de Craigslist et qui a été enchantée par l’aura anti consommation de l’idée.
- MacDonald quitte la maison de la dame fier nouveau propriétaire d’une petite poignée de porte en céramique ornée d’un visage souriant, fabriquée par le fils d’une connaissance artiste de Robbins.
- Suivant sur la liste de troqueurs, Shawn Sparks, un homme de 35 ans de Amherst, Massachussetts, sur le point de déménager à Alexandria, Virginie. Lui-même un inconditionnel de la section de troc de Craigslist, Sparks s'est d'ailleurs procuré son Blazer 1993 de Chevrolet en échange d’un ordinateur portable usagé.
- L'homme offre à MacDonald un poêle de camping Coleman, puisqu'il en a un autre et ne souhaite pas les déménager tous les deux. Il a également besoin d’une poignée pour sa machine espresso. Marché conclu.
- MacDonald donne le poêle de camping à un sergent de la Marine à Camp Pendleton, en Californie, recevant en retour une génératrice.
- Nouveau retour vers l’Est. MacDonald troque sa génératrice contre un «kit de fête» — un baril de bière vide, une enseigne au néon Budweiser et la promesse de remplir ledit baril — grâcieuseté d'un jeune homme de Queens, dans la ville de New York.
- Le «forfait party» fait le bonheur d’un DJ montréalais en échange d’une moto-neige.
- Ici, le projet anti consommation de MacDonald bénéficie d’une aide quelque peu plus «commerciale» lorsque son blogue http://oneredpaperclip.blogspot.com fait tant de bruit qu’il se fait inviter à la télévision canadienne.
- Lorsqu’on lui demande s’il y a une place où il ne se rendrait pas pour échanger sa moto-neige, sa version personnelle de Tombouctou lui vient sûrement à l’esprit lorsqu'il mentionne le village de Yahk, un petit endroit reculé des rocheuses canadiennes.
- L’appât du gain publicitaire fait le reste: Un magazine spécialisé dans la moto-neige offre au jeune entrepreneur un voyage toutes dépenses payées à Yahk en échange du véhicule récréatif. Le voyage passe aux mains de Bruno Taillefer de Québec, un directeur à la compagnie de fournitures Cintas Corp. Taillefer obtient de la direction de sa compagnie qu’on remette à MacDonald une fourgonnette 1995 de Cintas, qui devait de toute façon être vendue.
- MacDonald donne la fourgonnette — débarrassée des logos de Cintas — à un musicien qui se cherchait un moyen de transporter de l’équipement. En échange, le musicien, qui travaille pour une compagnie d’enregistrement de Toronto, s’arrange pour lui faire promettre un contrat d’enregistrement, temps de studio et soutien à la mise en marché compris.
- MacDonald remet ce contrat garanti à Jody Gnant, une chanteuse de Phoenix qui possède un duplex.
Voilà donc comment Kyle MacDonald s’y est pris pour transformer, en moins d'un an seulement, un simple petit trombone en une année de loyer gratuit dans le désert américain.
Il ne sait pas où tout ça le mènera maintenant et révèle avoir même reçu des offres de studios de Hollywood, flairant la bonne histoire pour en faire un film ou une série télévisée.
MacDonald promet cependant de ne pas accepter de cadeaux ou d’échanges trop unilatéraux, histoire de ne pas entacher l’esprit de simplicité propre aux échanges de particulier à particulier, qui lui a procuré une grande joie en animant son périple mouvementé. Quant à savoir ce que ce cheminement lui a appris, il répond:
«Lorsque vous annoncez que vous allez faire quelque chose et que vous le faites, que les gens y trouvent du plaisir ou respectent votre démarche, on vient spontanément vers vous pour vous offrir de l'aide ou participer.»