samedi, mars 14, 2009

Question de goût

Il y a un texte dans Le Devoir qui devrait intéresser le critique en vous:

Le devoir de philo - Hume, Slumdog Millionaire et Bollywood

«Quels sont les critères pour juger de la valeur d'une oeuvre d'art comme Slumdog Millionaire ou les films de Bollywood. Et surtout, qu'est-ce qui fait que, malgré la diversité des goûts, nous nous entendions souvent -- pensons aux Oscars -- sur la valeur d'une oeuvre d'art? Le philosophe écossais David Hume (1711-1776) s'est penché sur ces débats dans plusieurs essais, dont De la norme du goût, rédigé vers 1757. »

Et pour compléter la lecture, lisez ou relisez ce texte de notre ami Janmi:

Edmund Burke sur le beau et le sublime

samedi, mars 07, 2009

Télécommunications : si Kafka savait


Deleuze voyait dans cet extrait des «Lettres à Milena» de Franz Kafka un élément de définition de l’affect «pur» comme dans le gros plan au cinéma, soit la perte de la fonction individuante et de la fonction sociale du visage; la dislocation des âmes selon la formule de Kafka.

Il y a bien longtemps qu’on a commencé à s’envoyer des lettres quand Kafka vient au monde. C’est là le génie de l’écrivain qui décèle déjà dans la simple accélération des moyens de communiquer un moment de rupture radicale… en 1920! Le phénomène se poursuit à la puissance 10 avec le web, les Blackberry, les cellulaires, Facebook, MSN et toute la panoplie de gadgets et d'espaces virtuels. Dans ce contexte, sa lettre de 1920 fait presque figure de prophétie. Aujourd’hui il y a de quoi nourrir des millions de fantômes – comme par ce présent billet et par ce blogue-, on est peut-être proche de notre mort.


«Voilà déjà bien longtemps Madame Milena, que je ne vous ai plus écrit, et, aujourd’hui encore, je ne le fais que par suite d’un hasard. Je n’aurais pas au fond à excuser mon silence, vous savez comme je hais les lettres. Tout le malheur de ma vie – je ne le dis pas pour me plaindre mais pour en tirer une leçon d’intérêt général – vient, si l’on veut, des lettres ou de la possibilité d’en écrire. Je n’ai pour ainsi dire jamais été trompé par les gens, par des lettres, toujours; et cette fois, ce n’est pas par celles des autres mais par les miennes. Il y a là en ce qui me concerne un désagrément personnel sur lequel je ne veux pas m’étendre, mais c’est aussi un malheur général. La grande facilité d’écrire des lettres doit avoir introduit dans le monde - du point de vue purement théorique - un terrible désordre [dislocation dans une autre traduction] des âmes. C’est un commerce avec des fantômes, non seulement avec le fantôme du destinataire, mais encore avec le sien propre; le fantôme grandit sous la main qui écrit, dans la lettre qu’elle rédige, à plus forte raison dans une suite de lettres où l’une corrobore l’autre et peut l’appeler à témoin. Comment a pu naître l’idée que des lettres donneraient aux hommes le moyen de communiquer ? On peut penser à un être lointain, on peut saisir un être proche : le reste passe la force humaine.



Écrire des lettres, c’est se mettre nu devant les fantômes; ils attendent ce moment avidement. Les baisers écrits ne parviennent pas à destination, les fantômes les boivent en route. C’est grâce à cette copieuse nourriture qu’ils se multiplient si fabuleusement. L’humanité le sent et lutte contre le péril, elle a cherché à éliminer le plus qu’elle pouvait le fantomatique entre les hommes, elle a cherché à obtenir entre eux des relations naturelles, à restaurer la paix des âmes en inventant le chemin de fer, l’auto, l’aéroplane; mais ça ne sert plus de rien (ces inventions ont été faites une fois la chute déclenchée); l’adversaire est tellement plus calme, tellement plus fort; après la poste, il a inventé le télégraphe, le téléphone, la télégraphie sans fil. Les esprits ne mourront pas de faim, mais nous, nous périrons. »

Mon fantôme salue le vôtre.


dimanche, mars 01, 2009

Vous avez lu la préface qu’il a écrite pour Mahagonny ?


Dernièrement j'ai vu le film d'un cinéaste québécois et ça m'a rappelé le film Tout va bien de Godard quand le personnage cinéaste d'Yves Montand dit : «. Je commençais à en avoir marre de faire mes films d’esthète. Je tournais en rond.» Et bien je me disais exactement la même chose au sujet de ce cinéaste québécois. J'ai hâte qu'il en ait marre de faire ses films d'esthète. J'y reviendrai.

Yves alias Jacques alias Jean-Luc:

«Je vous l’ai dit je faisais des films. J’ai commencé comme scénariste à l’époque de la Nouvelle vague. C’est déjà loin tout ça, très loin oui. Non euh, ça collait plus du tout. Finalement, bien avant mai 68. Je commençais à en avoir marre de faire mes films d’esthète. Je tournais en rond. J’étais prêt à recevoir mai dans la gueule et c’est ce qui s’est passé d’ailleurs.

[…]

Alors j’ai essayé de réfléchir, j’essaie toujours d’ailleurs par rapport au système, et à ce que je pourrais faire et à ce qu’on me laisserait faire. Puis au type de film qu’il faudrait essayer de réaliser. J’ai un projet de film politique sur la France que je traîne depuis trois ans… voyez que c’est pas simple. J’ai découvert seulement maintenant, je veux dire que je commence à comprendre seulement maintenant certains trucs que Brecht avait mis en évidence il y a plus de quarante ans. Vous avez lu la préface qu’il a écrite pour Mahagonny ? Fantastique non ?»

Fantastique non? Mais l'avez-vous lue?

La voici cette préface, juste pour vous, sur Cinépars:

«Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny» par Bertolt Brecht




lundi, février 23, 2009

Oscar vu par Garnotte

Les Américains peuvent bien fêter leur cinéma à leur manière, c'est-à-dire en faisant beaucoup de bruit et en parlant peu de cinéma. Les grosses vedettes, les robes griffées et le film gagnant invariablement et excessivement bardé de prix, moi ça m'excite pas tellement.

Merci à ma bouteille de Wild Turkey.




mercredi, février 11, 2009

Rencontre: Deleuze

Je n'avais encore jamais regardé l'abécédaire de Gilles Deleuze. Il y a toutes sortes d'entrevues bonnes et moins bonnes en ce bas monde, mais ça, ça. C'est inégalable. Ça ne se résume pas. Quel voyage, quelle expérience, quelle rencontre.





L'abécédaire, 1

L'abécédaire, 2



mardi, janvier 20, 2009

FNC - Oui, non, peut-être

Claude Chamberlan PHOTO: Robert Mailloux, La Presse

Coup de théâtre. L'euphorie aura été de courte durée. Que diable se passe-t-il à la direction du FNC? Mon ami Martin m'apprend à l'instant que nous avons reçu un communiqué laconique qui veut dire ce qu'il veut dire «Le Festival du nouveau cinéma dément l'article du 20 janvier paru dans La Presse». Ouch, il doit y avoir des téléphones qui sonnent aujourd'hui. Le journaliste Paul Journet va certainement demander des explications.

Si on comprend bien le communiqué, la direction dit «Ne parlez plus avec Chamberlan, il dit n'importe quoi. Parlez nous donc à la place.» Est-ce Chamberlan qui s'avance trop? Est-ce une tactique de sa part pour faire bouger les choses? Ne me dites pas que le FNC va éclater aussi?! Enfin, histoire à suivre. Voici le communiqué de deux paragraphes.


Montréal, le mardi 20 janvier 2009 - Suite à la parution dans le journal LA PRESSE du 20 janvier 2009 de l’article intitulé « Nouveau projet pour le Parallèle », la direction générale et le conseil d’administration du Festival du nouveau cinéma souhaite démentir l’information selon laquelle le FNC serait d’une manière ou d’une autre impliqué dans un quelconque projet de construction de lieu de diffusion avec le Cinéma Parallèle. La direction du Festival du nouveau cinéma n’a pas (sic) ailleurs jamais été contactée, ni même consultée par l’auteur de cet article.

Si le Festival du nouveau cinéma devait annoncer des changements dans sa structure ou communiquer des informations concernant son activité, il le ferait par la voie unique de son Directeur général, Nicolas Girard Deltruc ou du Président de son Conseil d’administration, Martin Desroches, seules personnes habilitées à s’exprimer au nom de notre organisme.

Sources : Nicolas Girard Deltruc, Directeur Général, Festival du nouveau cinema
Martin Desroches, Président du Conseil d’administration, Festival du nouveau cinéma

(Mise à jour 23h)

Je viens de tomber là-dessus sur le blogue Voir de Kevin Laforest, le Parallèle aussi se dissocie des propos de Chamberlan!

Le Cinéma Parallèle:


Au nom du Cinéma Parallèle, de sa Présidente et de sa Direction, nous entendons ici rectifier l'information qui circule dans les médias, tant imprimés qu'électroniques, au sujet de notre cinéma depuis une semaine, et plus précisément l'article publié ce matin dans La Presse : « Nouveau projet pour le Parallèle ». Le Cinéma Parallèle n'est impliqué dans aucune des hypothèses avancées dans les médias et ces dernières représentent seulement les activités et opinions de Claude Chamberlan, en tant qu'individu. Ce dernier est un des fondateurs du Cinéma Parallèle, mais il n'a aucune légitimité, ni autorité, pour parler au nom de la Corporation, ou négocier et affirmer des faits au nom de cette dernière. Aucune des actions énoncées n'a été faites au nom du Cinéma Parallèle, ni avec l'aval et l'approbation de ses instances décisionnelles.

La Direction du Cinéma Parallèle, pour sa part et tel qu'annoncé par voie de communiqué mardi le 13 janvier dernier, travaille sur des solutions et explore toutes les avenues. Le véritable futur du Cinéma Parallèle vous sera annoncé sous peu par la voie unique de sa Présidente et de sa Direction.


FNC sauvé + un nouveau cinéma?

Wow, une bonne nouvelle. Si le projet d'un nouveau cinéma au centre-ville pouvait se concrétiser, ce serait la joie.

«Bonnes nouvelles pour les cinéphiles montréalais: le prochain Festival du nouveau cinéma se déroulera une fois de plus à Ex-Centris l'automne prochain et un projet est en gestation pour bâtir un nouveau complexe de deux salles dans le centre-ville de Montréal, qui abriterait notamment le cinéma Parallèle et se consacrerait au cinéma d'auteur, a appris La Presse

«M. Chamberlan indique qu'il ne pilotera pas le projet. 'L'idéal, ce serait qu'une personne plus jeune prenne les commandes'.»

C'est le temps de postuler.

Nouveau projet pour le Parallèle

vendredi, janvier 16, 2009

Ex-Centris (sans jeu de mots ni rime)

Mais oui j'ai réagi. Seulement, j'hésitais entre publier sur Stalker et sur DVD en fr. Pas toujours évident d'être à deux endroits en même temps. J'ai finalement opté pour DVD en fr. Triste nouvelle d'Ex-Centris

Si vous n'aviez pas vu, bien qu'elle ait réagi sur son blogue, Helen a publié son opinion dans l'éditorial hebdomadaire du 24 iMAG «Le choc».

En effectuant une recherche sur les problèmes qu'a éprouvés la Cinémathèque en 2004, je me suis rendu compte que le web est amnésique. Mis à part deux textes de Hors Champ et quelques morceaux de parchemins sans valeur, je n'ai rien trouvé! 5 ans à peine! Ça me déçoit à tout coup, moi qui rêve de diffusion massive du savoir. Tout reste à faire. Au moins on a des millions de vidéos intéressants et édifiants sur Youtube...

Dans cette optique et pour l'avancement de la connaissance (rien de moins), une petite revue de presse à partir de mes archives personnelles s'imposait. Pour vous lecteurs de Stalker et futurs googlers, voici la revue de presse Ex-Centris que je tiendrai à jour encore quelque temps.

Revue de presse: Ex-Centris arrête son cinéma

(Mise à jour 17 janvier, après lecture, j'ajouterais que le texte de Bilodeau du 16 janvier résume bien ma pensée, c'est triste et c'est grave pour le cinéma d'auteur, mais on ne peut pas vraiment blâmer Langlois, même si c'est pas l'envie qui manque a priori...)

dimanche, janvier 11, 2009

Herzog en vedette

Avis aux amateurs de Herzog. En France, les deux grands magazines ciné se sont passés le mot en décembre de telle sorte que Herzog se retrouve sur leur page couverture respective. Comme on les reçoit pas mal en retard ici au Québec, il est probablement encore temps de mettre la main dessus. Positif lui consacre même un dossier, rien de moins.

mardi, janvier 06, 2009

Auto-Promo

Le blogue cinéma auquel je participais sur Canoë est mort. Il est un peu comme un vieux rafiot à l'abandon sur l'océan. On attend qu'il coule pour ne plus en parler. En fait, c'est tout le volet Divertissement qui n'a jamais vraiment fonctionné pour toutes sortes de raisons. (On a tout de même connu la belle époque Mickey qu'on a tant aimé détester.)

Je participe donc depuis le mois de décembre au site DVD en français en y tenant le blog cinéma.