Ce n’est pas tant la proposition explicite d’un idéal social où les individus et les entreprises se développent sans l’intervention du gouvernement qui m’a horripilée, mais plutôt les héros narcissiques, égoïstes et même psychopathes qui peuplent le roman. Les héros capitalistes sont beaux, intelligents et – je le répète - complètement narcissiques alors que leur entourage socialiste et/ou humaniste est dépeint comme handicapé, inefficace, inutile et laid. Quand les personnages se parlent ce ne sont que des dialogues de sourds et tout concourt à démontrer que pour être des gagnants et faire des affaires prospères, les héros n’ont aucune empathie pour leur prochain, que celui-ci soit le gouvernement, l’État voisin, la famille, les collègues ou les amis. Seulement la détermination, l’initiative personnelle et la bonne marche de l’entreprise priment. Non merci. Si quelqu’un vous vante les mérites de ce roman, vous en connaîtrez beaucoup sur sa psychologie et ses idéaux politiques.
J’aime bien cette analyse d’un dénommé Bob Wallace et les parallèles qu’il établit avec les systèmes de pensée marxiste et nazi (pour peu que ce soit considéré comme un système):
«Not only is Atlas a prime example of splitting and projection, Objectivism is also. In it, Rand splits the world into grandiose, perfect "reason, selfishness and capitalism" on one side, and evil "mysticism, altruism and collectivism" on the other. She projects her hate, her envy, her desire for destruction onto them, and wishes them annihilated, just as she wished the world annihilated in Atlas.
Splitting and projection, narcissism, and scapegoating are the same thing. All believe in mass murder. All are, in their essential psychology, identical. Each believes in human sacrifice: we must murder these people to save ourselves. Once they are dead, then we will be happy. »
[…]
«Rand projected her narcissism onto the world and into her writings. This projection explains nearly all of her "It's all your fault" philosophy. The genocidal, human sacrifice parallels with Nazism and Marxism are clear.
Some will claim the Nazis and Marxists worshipped the State, and Rand was opposed to Statism. True enough. But since Objectivism shares much the same psychology as these other ideologies, no good ultimately can come from it. »
Dire qu’on veut en faire un film à gros budget avec Angelina Jolie dans le rôle de la belle femme d’affaires narcissique… Hollywood ferait-il aussi de la projection?
5 commentaires:
Les industriels comme moteurs de la société et indispensables... Une grosse partie de la vision d'Ayn Rand doit lui venir de son passé en URSS. Expérience traumatisante du contrôle étatique, accueil chaleureux dans la « Terre de la Liberté », et il n'en faut guère plus pour devenir un chantre du libéralisme... Dommage que c'est sur ce genre d'idées simplistes qu'Hollywood mette son argent. Peut-on y voir dans cette tentative de faire passer cette idéologie au grand écran comme le signe que le modèle serait en perte de vitesse? Je l'espère, mais....
Je ne sais vraiment pas comment ils vont adapter ce roman de façon décente. Au moins, on pouvait lui pardonner son libéralisme puisque c'est ce qui dominait l'économie américaine en plein boom, sans compter que le communisme faisait peur à l'époque. Une sorte de grosse réaction.
Ce que je ne lui pardonne pas, c'est d'avoir des héros qui se complaisent dans leur narcissisme, qui en font leur identité et leur fierté. Cette image de l'humain me répugne.
Aujourd'hui ça me semble totalement injustifié de ramener ça sur le tapis.
Un éloge de l'égoïsme et du narcissisme? Peut-être que ça va entraîner une réaction de dégoût chez les gens aussi après tout. Au pire, ils trouveront le film plate. Qui sera le metteur en scène du film? Y'a peu de chances qu'Hollywood fasse quelque chose de critique à ce sujet, mais l'histoire pourra-t-elle être perçue comme une critique lorsque ça sortira, ce sera marrant de voir les réactions des gens, on risque d'en apprendre beaucoup sur la popularité de ces idées.
Ton billet m'interpelle car je me suis récemment procurée The Fountainhead d'Ayn Rand. Quelqu'un m'a chaudement recommandé ce «classique». Et je l'ai même acheté en anglais pour être sûre de ne pas rater mon coup.
Et voilà ... je n'ai pas encore attaqué la brique. Je la regarde à chaque fois que j'ouvre ma bibliothèque et puis bon, une autre fois peut-être ... j'hésite toujours à m'y mettre.
Dans les quelques survols que j'ai effectués, The Fountainhead ressort effectivement comme l'autre classique avec Atlas Shrugged. On y repère sûrement son objectivisme, mais je me demande si c'est quelque peu plus nuancé ou charmant.
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