samedi, avril 12, 2008

Lecture pré-cannoise


Dans bientôt un mois c'est déjà le début du Festival de Cannes 2008, j'ai pensé mettre cet article apéritif d'André Bazin.

En 1955, Bazin avait couvert le Festival depuis ses débuts. En moins de 10 ans, l'événement avait déjà évolué et le critique en dressait un portrait.

J'aime le côté condescendant-critique-autodérisoire de l'article.

«[...] Ce qui ne laisse pas de donner aux journalistes un sentiment supplémentaire de supériorité. Eux, les blasés qui ne jettent qu’un coup d’œil distrait à Lollobrigida quand ils ont la faveur bénigne de la voir comme je vous vois, savourent le sérieux qui les faits différents de ces pauvres publicains prêts à tout pour apercevoir leur idole. Pour nous qui savons que la religion a besoin de ces pompes spectaculaires, de cette liturgie dorée, nous savons aussi où est le vrai Dieu, et si ces manifestations nous suggèrent plus de pitié condescendante ou amusée que de révolte purificatrice, c’est que nous savons que tout en définitive tourne à sa plus grande gloire.»

jeudi, avril 10, 2008

ATTABOY!

La même journée, pouvez-vous le croire? Deux en deux. Avez-vous un bon médecin pour une lobotomie à prix raisonnable? J'ai besoin de me faire mettre au niveau «populiste» pour faire mon boulot de rédacteur. Remarquez la qualité du français. J'ai mal.

mercredi, avril 09, 2008

Sur Sokourov, d'un inconnu


Voici un texte sur L'Arche russe et plus largement sur l'oeuvre de Sokourov que j'ai découvert sur le blogue anonyme Balloonatic - récemment dégoté - et signé sous le pseudo Buster. C'est le genre d'article que j'aurais aimé écrire sur le disciple de Tarkovski. Disons que la culture m'aurait manqué pour m'y attaquer de cet angle.

Après quelques échanges avec Buster, il m'apprend qu'il s'agit d'un article jamais publié. Dommage. Je l'ai donc mis dans mes archives Cinépars, pour le peu de visibilité que ça peut lui donner de plus.

Un extrait, deuxième paragraphe:

«Alexandre Sokourov cherche-t-il lui aussi à saisir ce sentiment de pourrissement à même la beauté des choses, à saisir dans le même plan l’image du beau et de sa déchéance? Car si son œuvre est volontiers décrite comme "réactionnaire", elle est surtout "réactive", telle une réaction chimique, une rosée acide, quand une goutte versée sur le pétale d’une rose déclenche instantanément sa flétrissure. Réaction même de la mélancolie. Encore que chez Sokourov ce qui fascine n’est pas tant le lamento infini que ses films font entendre (des documentaires élégiaques au méconnu Povinnost) que l’incroyable puissance formelle qu’ils dégagent, cette volonté surhumaine - et en cela parfaitement mélancolique - pour atteindre une image "impossible": une image qui se suffirait à elle-même, une image enfermée, encryptée, une image-caveau dans laquelle seraient enterrées les figures d’un passé révolu mais dont l’artiste conserverait la mémoire, à la fois douloureuse et vivante. Un lieu secret, la "Chose", que seule la sublimation permettrait d’approcher. Car c’est aussi cela qui fascine chez Sokourov: son étonnant pouvoir de sublimation. Filmer, peindre, fabriquer, "totaliser" des images, avec une telle énergie que l’œuvre aspire tout ce qui l’entoure, ne laissant rien hors de son propre champ. Clôturer l’œuvre pour mieux contenir la "Chose". Créer des formes, moduler des rythmes, jouer de la polyvalence des signes: sublimer avec d’autant plus de force que la mélancolie y est plus profonde.»

L'article complet L'Archirusse

En passant, je remarque que beaucoup de blogueurs, encore plus les français que les québécois, préfèrent demeurer dans l'anonymat. Peut-être que ça permet d'être plus libre dans ses commentaires? Question de vie privée?

dimanche, avril 06, 2008

De la cinéphilie

Devant l'usage abusif et répétitif du terme «cinéphile» par un journaliste du Gournal dans ses critiques, j'ai fini par flancher et lui envoyer ce plaidoyer.

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M. Lapointe, voilà déjà un certain temps que votre usage du mot «cinéphile» me donne envie de vous envoyer mes réactions à cet effet. Je le fais car le Journal touche beaucoup de lecteurs chaque semaine et que votre usage dudit mot semble ne jamais vouloir se modérer.

Il s’agit donc d’un plaidoyer pour la réhabilitation d’un mot qui m’est cher. Si je prends le temps de défendre mon point de vue, c’est pour qu’il en soit plus convaincant et indélébile dans votre mémoire.

Les sens des mots ne sont pas mathématiques. L’étymologie des mots varie selon leur histoire et leur place dans la langue à un moment particulier. Les mots naissent, se transforment, meurent et ressuscitent même parfois.

Les particules ciné et phile ne signifient pas simplement «ami du cinéma» ou «qui aime le cinéma», pas plus que pédophile «ami des enfants», nécrophile «ami des morts», philatéliste «qui aime acheter des timbres» ou philosophe «ami de la pensée». Un cinéphile n’est pas strictement une personne qui voit beaucoup de films, qui aime les films, qui va au cinéma ou je ne sais quoi. Les éléments phil et philo renvoient à un comportement obsessionnel négatif ou positif, à l’idée de collectionner, d’approfondir un sujet, de s’y dévouer et de se réunir pour en discuter (philologue, bibliophile, philharmonique, etc.).

Qu’est-ce donc qu’un cinéphile ? Pour une petite histoire, au moins lire la définition dans wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Cin%C3%A9philie. Cette définition se termine d’ailleurs par ce qui sera notre point de départ : «Si des années 40 à 1968 la cinéphilie peut être considéré comme un mouvement de par ses caractéristiques communes, depuis le terme est usité pour désigner des expressions ou des organisations d'une passion du cinéma plus diverses et contrastées, donc moins solidaire. Poursuivant une recherche intellectuelle et artistique ou se tournant vers la collection ou l'encyclopédisme, la cinéphilie est devenue une culture internationale malléable, adaptable autour de la définition première « la cinéphilie est l'amour du cinéma ». Cette nouvelle image, distincte du mouvement cinéphile français, permet de reconnaître les amoureux du cinéma de tout temps et de tout pays.»

Les cinéphiles aiment le cinéma et cherchent à le comprendre selon leurs intérêts particuliers. On peut être passionné à un moment ou un autre par un courant, un genre, une période, un pays, un réalisateur, un acteur ou un scénariste, tantôt lisant un livre sur le sujet, tantôt assistant à une rétrospective, tantôt achetant un coffret, etc. Être cinéphile implique une démarche qui dépasse le simple acte de visionner. C’est de chercher à connaître, à analyser mais aussi à nommer l’objet pour construire un discours porteur de sens. Qu’une personne voit 4 ou 5 films par semaine ne fait pas d’elle une cinéphile si son discours demeure invariablement «action ou pas d’action», «beaucoup d’effets spéciaux», «lent ou full d’action», «plate ou pas plate», «jeu pas convaincant ou convaincant», «super hot ou pas hot», etc. On doit chercher à comprendre le langage particulier du cinéma, son histoire et son évolution ainsi que son impact sur la société, l’individu et l’art lui-même. Ensuite, chaque film sera replacé dans ce contexte, nourrissant une réflexion continue sur le cinéma. Le cinéphile, curieux et insatiable de nature, veut tout sauf être enfermé, par exemple dans le langage généralement simpliste et stérile du cinéma commercial. (Quoique ce type de cinéma peu stimulant puisse aussi à l’occasion faire l’objet d’une réflexion sur la société ou le cinéma.)

De cette démonstration incomplète mais passionnée, vous me voyez venir. Quand vous utilisez le mot «cinéphile» 2, 3 et même 4 fois par critique de 500 mots sur des films comme Step Up 2, Definitely Maybe et Rush Hour 3 ( !!!), c’est complètement inapproprié. On frise la faute. Pour moi ce serait comme si un critique de resto s’adressait à son lectorat en terme de «gourmets», un critique de musique «mélomanes par ici, mélomanes par là» ou un critique de vin «mes chers œnologues». Quelques fois à la blague pourraient passer, mais il ne faut pas charrier.

Pourquoi ne pas se contenter de «spectateurs», «certains d’entre vous», «plusieurs», etc. ?

mercredi, mars 26, 2008

Des courts métrages au cinéma? Non!?

Dites-le à tous vos amis et connaissances qui font des courts métrages, il y a une opportunité de diffusion hors des festivals! C'est vraiment une bonne nouvelle. J'espère qu'il y aura un effet d'entraînement. Enfin les spectateurs pourront voir des courts métrages dans une programmation régulière et à la tivi en plus.

Voici le communiqué (désolé pour ceux qui s'aventurent sur Canoë, mais le doublon me semblait nécessaire):

Le court métrage enfin de retour dans les salles de cinéma !

Montréal, 26 mars 2008.

Pourquoi pas un court ? est à la recherche de douze courts métrages québécois d'environ cinq minutes qui seront diffusés en salle à partir de l'automne 2008. Le projet, qui voit le jour grâce à la collaboration de Téléfilm Canada, de la Société de développement des entreprises culturelles, de Télé-Québec, de la Régie du cinéma, de Vision Globale, de la Fondation René Malo et des Pionniers du cinéma, garantit aux courts métrages sélectionnés une visibilité exceptionnelle.

Pourquoi pas un court ? assurera le gonflage des films en 35 mm grâce à la collaboration exceptionnelle de Vision Globale, rendant du coup possible leur diffusion en salle. Les douze courts métrages sélectionnés seront d'abord présentés dans les cinémas de douze villes au Québec. Chaque mois, un court métrage sera projeté en avant-programme sur trois écrans d'une des salles participantes et, sur ce modèle, il fera le tour du Québec de septembre 2008 à août 2009. Les films seront ensuite diffusés sur les ondes de Télé-Québec. Ils seront distribués par Locomotion qui produira une compilation DVD.

Pourquoi pas un court ? recherche des films de genre de fiction ou d'animation, en français ou sans paroles, libres de droits et d'une durée maximale de 5 minutes. Les cinéastes ont jusqu'au 30 juin à minuit pour envoyer leur film.

Pourquoi pas un court ? est une initiative de Mario Fortin, directeur général du Cinéma Beaubien, Lise Dandurand, directrice générale de Ciné-Québec, et Michel Coulombe, chef des projets spéciaux à Radio-Canada International.

mercredi, mars 19, 2008

Sur Hommes à louer de Rodrigue Jean

Je n'ai pas encore envoyé de lettre à l'ONF pour dénoncer l'embargo sur le documentaire de Rodrigue Jean, mais laissez-moi attirer votre attention sur une chose. Pour servir la cause du film, le magazine 24 Images a exceptionnellement publié sur le web, en version intégrale, l'article de Gérard Grugeau et l'entretien avec le réalisateur parus dans le dernier numéro. Si vous n'êtes pas abonné au magazine, voilà une bonne occasion de vous informer et de réagir. C'est aussi une belle opportunité de diffusez l'information. Tant que Rodrigue Jean n'a pas gagné son combat, on peut apporter de l'eau au moulin. Demain je ferai même un billet sur Canoë, les réactions que ça va susciter...

Cliquez ici pour accéder à l'entretien (ou sur Cinépars)
Cliquez ici pour accéder à l'article Les enfants sauvages de Gérard Grugeau (ou sur Cinépars)

mardi, mars 18, 2008

Les nouveaux blogues cinéma

Voici donc ma cuvée 2008 de blogues ciné.

Le blogue d'un jeune réalisateur, Étienne Goulet, qui évidemment s'intéresse au cinéma.
http://x.etiennegoulet.com/

L'Oeil sur l'écran. Elle et lui commentent sur leur blogue hébergé par Le Monde les films d'hier et d'aujourd'hui qu'ils ont vus.
http://films.blog.lemonde.fr/

Un blogue de réflexion sur le cinéma hébergé par Le Monde.
http://borokoff.blog.lemonde.fr/

Et le blogue en première position de la section ciné de Blogged est... du Variety. Êtes-vous étonnés?
http://www.variety.com/blog/1390000339.html

Balloonatic, le blog des somnambules. Des citations, des vidéos, des réflexions.
http://theballoonatic.blogspot.com/

Notre musique. Que dire d'original sinon, beaucoup, beaucoup, beaucoup de matériel.
http://notremusique.blogspot.com/

J'aime regarder les films. Pas compliqué, de courtes critiques de films.
http://jaimeregarderlesfilms.blogspot.com/

Bon, ça ne fait que 7 blogues et non pas 8, j'étais monté à 9, mais en les regardant de nouveau je suis retombé à 7.

Les deux sites, c'est simple, il s'agit des Cahiers du Cinéma et de Positif. Est-ce vraiment nécessaire de les présenter?

Deux pays, deux cultures


On parle souvent de la grande différence entre les représentations européenne et américaine du sexe. Aujourd'hui le phénomène m'a sauté aux yeux avec ces deux affiches du même film. Vous aurez compris qu'à gauche il s'agit de l'affiche française et à droite de l'américaine. Vraiment frappant.

dimanche, mars 16, 2008

Ménage du printemps

Un peu comme a pris l'habitude de faire Lady Guy, qui d'ailleurs me bouta hors de sa cour - en effet, véritables Fourches Caudines de la blogosphère, je fus ignominieusement frappé de dérogeance, désarmé, passant de chevalier lige à ladre sans même arracher le titre d'écuyer -, je commence le ménage printanier de mes liens.

Il s'agira surtout d'ajouter du sang neuf. J'ai quelque 8 blogues et 2 sites sur le cinéma qui seront ajoutés, je vous les présenterai sous peu.

Dans ma recherche, j'ai trouvé ce blogue de Pierre Falardeau, malheureusement abandonné depuis longtemps par son auteur. Dommage, j'aime bien le style vitriolique de notre cinéaste bourru.

Par exemple: Le recyclage des ordures http://www.pierrefalardeau.com/content/view/33/1/

samedi, mars 15, 2008

Miserere nobis

Des tubes fluorescents. Quelques fenêtres donnant sur un quartier banal. Quatre rangs de chaises inconfortables en bois. À la fin du service religieux, les gens attroupés près de la porte de sortie quittent lentement la petite salle grise. Tous, exceptée une dame agenouillée, mains jointes, qui d’un cri du cœur lance une prière vers Dieu. Personne ne porte vraiment attention à ce moment de pieux éréthisme, si ce n’est un homme qui lui tapote incessamment le dos, probablement par un soucis fraternel de réconfort autant que d’incitation à l’abrègement.

Pour moi, cette scène de Du Levande de Roy Andersson représente en quelque sorte son cinéma. Ses films, comme cette prière, implorent en même temps qu’ils dénoncent. Délicieux.

Lord, please Lord, forgive them. Forgive them.
Forgive those who are greedy and cheap.
Forgive those who are greedy and miserly. And those who deceive and cheat or grow rich by paying miserable wages.
Dear Lord forgive them, forgive them.
And Lord, forgive those who humiliate and desecrate.
Forgive those who torture and kill.
Forgive those who bomb and destroy cities and villages.
Forgive those who are dishonest, those who lie and are false.
Forgive governments who withhold the truth from the people.
Dear Lord, forgive them.
Forgive those who are heartless, merciless, and quick to pass judgement.
Please Lord, forgive them.
Forgive courts that pass sentences too harsh or convict the innocent.
Forgive them.

-Anna… We have to close and lock up now.

Forgive newspapers and TV channels that mislead. That distract attention from that which is important. Dear Lord, forgive them.