mardi, mars 18, 2008

Deux pays, deux cultures


On parle souvent de la grande différence entre les représentations européenne et américaine du sexe. Aujourd'hui le phénomène m'a sauté aux yeux avec ces deux affiches du même film. Vous aurez compris qu'à gauche il s'agit de l'affiche française et à droite de l'américaine. Vraiment frappant.

dimanche, mars 16, 2008

Ménage du printemps

Un peu comme a pris l'habitude de faire Lady Guy, qui d'ailleurs me bouta hors de sa cour - en effet, véritables Fourches Caudines de la blogosphère, je fus ignominieusement frappé de dérogeance, désarmé, passant de chevalier lige à ladre sans même arracher le titre d'écuyer -, je commence le ménage printanier de mes liens.

Il s'agira surtout d'ajouter du sang neuf. J'ai quelque 8 blogues et 2 sites sur le cinéma qui seront ajoutés, je vous les présenterai sous peu.

Dans ma recherche, j'ai trouvé ce blogue de Pierre Falardeau, malheureusement abandonné depuis longtemps par son auteur. Dommage, j'aime bien le style vitriolique de notre cinéaste bourru.

Par exemple: Le recyclage des ordures http://www.pierrefalardeau.com/content/view/33/1/

samedi, mars 15, 2008

Miserere nobis

Des tubes fluorescents. Quelques fenêtres donnant sur un quartier banal. Quatre rangs de chaises inconfortables en bois. À la fin du service religieux, les gens attroupés près de la porte de sortie quittent lentement la petite salle grise. Tous, exceptée une dame agenouillée, mains jointes, qui d’un cri du cœur lance une prière vers Dieu. Personne ne porte vraiment attention à ce moment de pieux éréthisme, si ce n’est un homme qui lui tapote incessamment le dos, probablement par un soucis fraternel de réconfort autant que d’incitation à l’abrègement.

Pour moi, cette scène de Du Levande de Roy Andersson représente en quelque sorte son cinéma. Ses films, comme cette prière, implorent en même temps qu’ils dénoncent. Délicieux.

Lord, please Lord, forgive them. Forgive them.
Forgive those who are greedy and cheap.
Forgive those who are greedy and miserly. And those who deceive and cheat or grow rich by paying miserable wages.
Dear Lord forgive them, forgive them.
And Lord, forgive those who humiliate and desecrate.
Forgive those who torture and kill.
Forgive those who bomb and destroy cities and villages.
Forgive those who are dishonest, those who lie and are false.
Forgive governments who withhold the truth from the people.
Dear Lord, forgive them.
Forgive those who are heartless, merciless, and quick to pass judgement.
Please Lord, forgive them.
Forgive courts that pass sentences too harsh or convict the innocent.
Forgive them.

-Anna… We have to close and lock up now.

Forgive newspapers and TV channels that mislead. That distract attention from that which is important. Dear Lord, forgive them.

vendredi, mars 14, 2008

Un dernier mot sur Funny Games

Pour ceux d'entre vous qui n'auraient pas déjà vu sur son blogue, Helen Faradji a pondu une critique du film Funny Games 2 sur 24iMAG.

DU VICE ET DE SES CONSÉQUENCES

J'ai réagi dans la section commentaires, à votre tour.

Vous le film à thèse cauchemardesque en forme de piège à rat? Ça vous dit?

*23h: Mise à jour. Comme une ancienne critique du ICI ne va pas sans l'autre, aujourd'hui on m'a aussi envoyé le lien de la critique vidéo de Juliette Ruer qui se retrouve sur Cyberpresse. La minute cinéma

mercredi, mars 12, 2008

Haneke - Qui veut être la mauviette?

Une bonne critique sur le dernier Funny Games proposée par un internaute anonyme sur le blogue de Helen (Arrête ton cinéma).

«Recurring Nightmare» dans The New Yorker


Extraits:

«Haneke seemed to suggest that recent cinema has cheapened such slaking of emotion into a near-pornographic fake: we are crazed and cheered by shuddering events that have no authentic claim upon our feelings. His solution, in “Funny Games,” was to teach us a lesson by refusing to offer any such arousal. One problem, however, was that the film itself inched close to the sort of exploitational detail that it was supposed to abhor—a proximity that only gets worse in this later version, which adds a definite carnal kick to the sight of the heroine being forced to strip to her underwear. »

[...]

[Conclusion]

«There is a shard of the punishing Teutonic fairy tale in everything he dreams up, and, if he puts the error of this latest film behind him, he could yet become the Grimm of the gated community, the chat room, and the gun club.

Only one thing stands in his way: the species known as the American male. Haneke’s best films revolve around the figure of a woman, either resourceful or remorseless—Juliette Binoche in “Code Unknown,” Isabelle Huppert as the sexual fanatic in “The Piano Teacher,” and now Naomi Watts in “Funny Games.” Whereas poor Tim Roth, who began his rise to fame as a blade-faced British skinhead, has been reduced by “Funny Games” to a fusspot—pathetically trying to blow his wet cell phone back to life with a hair dryer, in order to call the outside world. If Michael Haneke really wants to export his brand of panic to the United States, where it incontestably belongs, he’s going to need some leading men. But who will be brave enough to contact George Clooney, or Denzel Washington, and propose them for the role of a wuss?»

mardi, mars 11, 2008

Schizoderbergh

«The federal government announced today that, in an effort to eradicate the national debt it will be selling the state of Rhode Island to a group of private investors for a reported $18 billion. The investors plan to enclose the entire state with an all-weather roof and turn it into the world’s largets shopping mall. When asked for comment, a White House spokesperson would only say “Well, at least we didn’t sell it to the fucking Japenese”.»

Schizopolis. C’est le genre de film que tout réalisateur devrait se permettre au moins une fois juste pour faire l’exercice de la liberté. Et pour le spectateur, la catharsis est communicative.

Il m’arrive à l’occasion d’écouter les commentaires des réalisateurs sur leurs propres films. Les éditeurs mettent tellement d’efforts à nous trouver des suppléments.

Sur Schizopolis, j’ai eu toute une surprise. Criterion a probablement donné carte blanche à Soderbergh puisque celui-ci se permet de délirer en regardant son film. Il s’interviewe lui-même en ne changeant même pas de ton… Il nous raconte notamment qu’il a tenu le rôle principal parce qu’il était fait pour jouer, qu’on lui disait depuis qu’il avait cinq ans ; qu’un certain personnage représente les doutes du réalisateur, mais pas les siens car il n’a jamais connu ça contrairement à Kubrick ; que les acteurs devraient jouir dans la vie de l’absence de règles pour faire des expériences qui leur serviront de base dans leur métier ; que le métier de réalisateur est le plus utile au monde parce qu’il change la vie de millions de personnes alors qu’un travailleur social n’a d’impact que sur la vie d’une douzaine de personnes ; etc., etc.

Si vous mettez la main sur ce DVD, écoutez les commentaires, délire assuré.

En attendant Ocean’s… on est rendu à combien déjà ?

jeudi, mars 06, 2008

Quand ça va mal

J'avais beaucoup aimé le film Maelström de Denis Villeneuve.

Je ne sais pas pour vous, mais quand un producteur comme Roger Frappier - qui disons ne casse pas la baraque comme un André Forcier - en est rendu à faire ce type de déclaration, c'est que ça va mal...




Maelström,
de Denis Villeneuve (2001)
«Le cinéma à l’état pur. Bref scénario de 52 pages qui laissait toute la place au cinéma. Film sur la vie, la mort, le temps, l’espace et la lumière. Film dont nous avons recommencé complètement le
montage. Acte de foi dans un réalisateur. Découverte de Marie-Josée Croze.


Aujourd’hui, on accorde trop d’importance au texte et pas assez au cinéma entre les lignes. Le pouvoir de l’image a perdu sa place face au pouvoir des mots. Ce film ne serait plus possible aujourd’hui dans la volonté de tout comprendre et de tout expliquer avant de commencer à tourner.»

Et on ne parle que de Maelström là! Au diable l'imaginaire! Je souffre.

samedi, mars 01, 2008

Un film bien abject

Depuis quelque temps déjà, j’ai Michael Haneke de travers dans la gorge. Je remettais à plus tard mes réactions sur le blogue. Trop de choses à dire, trop de gêne devant le culte que plusieurs cinéphiles lui vouent. Alors c’est aujourd’hui, probablement grâce à un mélange explosif de Sudafed et de café brésilien brûlé à point, que je me vide l’abcès.

Il y a presque deux ans déjà (ce que le temps peut passer vite !), je publiais un billet s’intitulant Un film bien assommant en référence au film Caché de Michael Haneke. Je demandais à quiconque de bien vouloir m’expliquer comment on pouvait apprécier ce film. Même si plusieurs l’avaient apprécié, personne n’avait expliqué pourquoi. Seulement, beaucoup plus tard, s’ajoutait un commentaire pas du tout dénué d’intérêt. Commençons donc par ce commentaire comme amorce avant de descendre en flammes Funny Games. Ah ben oui, parce que c’est la sortie prochaine de Funny Games 2 qui me fait sortir de mes gonds.

Egoteknik m’écrivait en décembre 2007 :

«dis moi antoine, il y a quelque chose que je ne saisis pas. Comment peux tu dire que parce qu'un plan est fixe c'est qu'il ne se passe rien ... Alors qu'au contraire, s'agissant de Caché, c'est ce fameux rien qui produit le suspens c'est dire le moment où l'action est suspendu. de plus l'action n'est plus seulement, pour l'exemple qui nous intéresse, suspendu, mais également reporté puisque ce qui semble s'apparenter au présent est en fait passé, puisque qu'on s'aperçoit qu'il s'agit dans le récit d'une vidéo inséré dans un magnétoscope. C'est là ou intervient la notion de diégèse. Si tu reconsidère le début du film, au fil du générique on entend des voix. De part le choix de la vidéo dans ce plan on apparente un premier temps le voix à quelque chose d'extra diégétique, c'est à dire qui n'appartient pas au récit. Pour faire simple, quand tu entends un piano dans un film, si le piano n'est pas présent dans le récit, c'est que le son est extra diégetique. Si tu vois dans la scène un homme joué du piano le son est diégétique. Bref, la mise en scène nous conduit a se poser la même question que les protagonistes c'est à dire qu'est ce que cette vidéo ?

Toute la question de caché réside dans cette suspension permanente entre le regardant et le regardé ; qui regarde ou plutôt qui se regarde, c'est la mise en abîme.

bref on pourrait discuter fort longtemps de caché, non seulement pour sa mise en scène mais aussi pour son écriture d'une présicion d'orfèvre. Comme tu as l'air avide de références et pour te réconcilier avec Haneke, je te conseille de regarder Funny Games beaucoup plus accessible pour apprivoiser ce cinéaste autrichien au combien brillant. Par ailleurs je te conseille aussi Lost highway de Lynch qui comporte quelques similitudes d'écriture (dans la forme) avec Caché et manifestement comme tu souhaitait voir eraserhead tu pourrais envisager une soirée Lynch ...

Pour conclure je reviens sur un des articles que tu publies dans ton blog. Même si il est vrai le mot auteur est parfois pompeux, je voulais signifier qu'il ne faut pas confondre ecriture de scénario et écriture cinématographique. Pour l'exemple d'Hitchcock, si il est vrai que je n'ai pas souvenir d'avoir vu un scénario signé de sa main, il a écrit chaque plan de toute ses scènes et ce avec une maniaquerie folle. Le moindre élément de ses films trouve une justification (même la couleur des taxis dans la mort aux trousses). Donc attention de ne pas tout confondre ! (quel rebat joie je fais). Voilà. Merci
»

Ce commentaire nous permet tout de suite de mettre une chose au clair. Je ne remets pas du tout en cause le talent d’orfèvre de Haneke. Par exemple, d’avoir eu l’idée de séparer à toutes les occasions possibles les acteurs agresseurs des victimes lors du tournage, c’est tout simplement génial. De cette façon les agresseurs ont effectivement l’air complètement déconnecté de l’affreuse réalité qu’ils engendrent. On peut relever tout ce qu’il y a de plus génial, mon problème à moi c’est ce qu’on pourrait appeler la «séduction douteuse» de Haneke. Dans Funny Games, bien entendu.

Le film commence. De mon bagage personnel, l’entrée me rappelle le premier plan à vue d’oiseau de The Shining de Kubrick. Toute la scène étrange où un jeune voisin maladroit vient emprunter des œufs est savoureuse. Les deux jeunes «voisins» ne sont d’ailleurs pas sans rappeler les voyous d’un autre film de Kubrick, Orange mécanique.

Ensuite papa se fait casser une jambe et le cauchemar commence. D’accord. Premier élément inquiétant, les jeunes se moquent des victimes en donnant toutes sortes de causes bidons expliquant leurs gestes. Conclusion: Haneke se moque bien d’expliquer le mobile de ses bourreaux. Il n’y a pas de mobile. Haneke se moque aussi un peu de nous, les spectateurs.

Un peu de torture ici et là. Déjà, je n’en peux plus de voir la tronche de papa complètement paralysé par sa jambe cassée. Haneke n’a pas envie de raconter l’histoire d’un héros. Ça saute aux yeux, papa a encore une jambe sur laquelle sauter et toute la haine de voir sa famille maltraitée par des ptits connards, mais il reste complètement débile dans son coin. Haneke frustre les envies héroïques du spectateur. Papa va rester sur le divan et geindre.

Alors qu’on se demande où on s’en va avec tout ça, Haneke nous lance justement une bouée de sauvetage. Dans le cadre d’un «jeu», les agresseurs demandent aux victimes si elles pensent qu’elles vont s’en sortir et en plus l’un d’eux SE TOURNE VERS LA CAMÉRA et NOUS demande si nous pensons qu’elles vont s’en sortir. Mes méninges ce sont tout de suite mises en marche. J’avais vu Caché avant Funny Games. Dans Caché, il n’y avait aucune résolution de problème. Y aurait-il une résolution de problème dans Funny Games ? Non. Alors que me restait-il? Regarder des voyous sans mobile torturer une famille sans histoire pour me montrer que la violence c’est pas beau ? Pour me montrer que le cinéma ment en général, mais pas Haneke en particulier ? Pour me montrer le génie diégétique, extra-diégétique et indigeste de Haneke ? NON !

J’ai donc arrêté le film et j’ai fait avance rapide pour constater que je gagnais la «game». Les voyous s’en vont après avoir torturé les victimes à la mort et s’apprêtent à recommencer.

Quel est donc le but d’un tel exercice?

J’ai lu dans un article que «pour Michaël Haneke, il s'agit de dénoncer la violence et disséquer ses composantes. […] Il s'agit aussi de faire réaliser cette violence au spectateur. En effet, pour le réalisateur «nous sommes tous dans cette partie du monde très industrialisée et nous ne connaissons la violence personnelle que par les médias. Nous assistons à la déréalisation de la violence»».

Pour ma part, je suis très conscient de la déréalisation de la violence et je n’ai pas besoin d’endurer un film de torture pour me conscientiser. Je me range du côté de Wim Wenders, qui lors de la projection cannoise de Funny Games, avait quitté la salle et déclaré à propos du film : «Il fonctionne comme un cauchemar dont on ne peut pas s'échapper. Quand j'ai un cauchemar, je me lève parce que je sais que si je me rendors tout de suite, je vais retomber dans le cauchemar. Funny Games, c'est exactement ça. J'ai l'impression que c'est ce que voulait Haneke. En sortant avant la fin du film, je lui ai peut-être rendu justice

C’est exactement ce que je pense. Je pense qu’en sortant de la salle ou en arrêtant le film, on rend justice à Haneke. Sinon pour moi on est soit : naïf, sadique ou intello. Intello dans le sens où il faudrait tout rationaliser, intellectualiser, et ne plus voir que des intérêts esthétiques au film pour l’endurer.

Haneke a dit dans une entrevue : ««C’est brutal, mais éclairant. Je donne une gifle au spectateur en lui disant : Ah ! Tu es réveillé ! Coucou, c’est un film ! Et deux secondes plus tard, je lui prouve que je peux le séduire à nouveau. Ce que je lui montre à ce moment-là est désagréable. Mais sa curiosité fait de lui une proie facile. Puis il reçoit la deuxième gifle... et il me suit encore une fois. Et là je crois, je suppose qu’il ne comprend pas seulement intellectuellement : il commence à ressentir ce que c’est que d'être séduit. Dans le cinéma d’illusion, il paie pour oublier qu’il a signé ce contrat. Moi je lui montre qu’il paie pour un mensonge et qu’il est responsable de ce qu’il voit

Il faut croire que je ne suis pas facile à séduire ni une proie facile. Moi, il faudrait me casser les deux jambes pour m’immobiliser. Et vous? Êtes-vous comme papa à la patte cassée sur le divan? Vous regardez le spectacle en pleurnichant? À vous de le défendre! (Ou de vous défendre)


En passant, une interview intéressante donnée à Télérama en 1998. Cliquez ici

dimanche, février 03, 2008

Dialogues with Solzhenitsyn : a film by Alexander Sokurov

En épluchant les listes de DVD, je suis tombé avec étonnement sur Dialogues with Solzhenitsyn : a film by Alexander Sokurov. J’étais moins étonné de voir que le film était édité par Facets Video, de la dynamique cinémathèque de Chicago qui doit faire mourir d’envie bien d’autres institutions du genre. J’ai été étonné de nouveau en mettant le DVD dans mon lecteur lorsque je me suis aperçu qu’il ne s’agissait pas de dialogues posthumes… Soljenitsyne est encore vivant! Et Sokurov parle avec lui! Fascinant du début à la fin.

Dans la première partie, The Knot, Sokurov commence par dresser un sobre portrait biographique de Soljenitsyne à l’aide d’images. Ensuite, la seconde épouse de l’auteur, Natalia Svetlova, répond à quelques questions, notamment sur leur retour en Russie après plusieurs années passées aux États-Unis et sur la quasi-absence de reconnaissance de la part des Russes envers l’œuvre de Soljenitsyne.

Sokurov y va de son opinion tout au long du document visuel. Par exemple, «I don’t know about you, but I felt guilty. I felt guilty that we had [certainement il s’adresse aux Russes] nothing to receive him with, that we had nothing to give him».

Même s’il s’agit en quelque sorte d’un documentaire (philosophique), on y retrouve toute la poésie propre à Sokurov, ses leitmotivs visuels comme l’utilisation du noir et blanc, du monochrome, du flou, du brouillard, des plans fixes ainsi que la place donnée à la nature.

Le cinéaste s’introduit ensuite dans la vie de Soljenitsyne en l’accompagnant dans sa promenade quotidienne dans la nature. Il lui pose alors un certain nombre de questions banales et d’autres d’ordre philosophique. Cette balade rappelle étrangement un passage de August 1914, au deuxième chapitre, où l’étudiant Isaakii Lazhenitsyn se rend dans le jardin de Tolstoï pour poser une question au sage, alors qu’il faisait sa promenade quotidienne dans la nature.

Sur amazon.com The Dialogues with Solzhenitsyn (1998)


Voici des extraits que j’ai transcrits.

Sokurov insiste pour comprendre la cruauté humaine.

You see, all religions are against cruelty, all of them, but cruelty remains.
That’s what they’re for: so that man can have a shield, a brake. Repentance was so common in Russia. Now it doesn’t exist any more. Now you’ll never make anybody repent. I appealed for it in my article. Everybody just laughed. Whatever should repentance be for? When in some of my works I give way to my own repentance, the only result is : «Look, look, he himself is like this». No one thinks «Let me do it myself. I will try». [...] If it were only cruelty... How about greed? Is greed a lesser trouble than cruelty? Greed destroys the human race. Greed destroys everybody. Man can’t stop and say: «That will do. I’ve got enough. I’m perfectly satisfied».

To know is nothing. One has to let it into one’s heart. One may know anything. Some people know that God exists, even some scientists, some great physicists admit it, others don’t know. One knows, another doesn’t. No, it must be in the heart. One must live with it. Morality is not attained by knowledge. It is attained first in a child’s upbringing, then by a self-teaching. In this way, through experience.

Sur l’art

[…] And now you have to please millions. But their tastes aren’t developed. They are different. To please millions, quality decreases. But in fact, my idea is that in fact mass culture must not necessarily be low-level. Folklore is a proof. Folklore is a high-level art. And for the masses. [...] Folklore can attain, on one hand, a high level, and on the other, popularity. But in the art of today, this is not what matters in today’s art. It can, even remaining individual and professional, attain both a high level and mass accessibility. That can be attained. We mustn’t think that we are condemned to produce low-end rubbish.

-Is literature an emotional or a rational art?
Emotional. There are rational elements in it. There are even elements of scholarship, of analysis. But emotions must be there, otherwise it’s boring.
-So, literature is a structural art, by its nature, isn’t it? Is it close to architecture, if one wants to understand?
What is closer to? The prose is closer to architecture, you’re right.
-With its space, its laws, its freedom?
Its history. And the cinema, to the theatre?
-Nowhere. It goes nowhere
No to the theatre?
-It’s not an art at all.
Not an art? It’s wrong. It is an art. Must I convince you? This is an art. And in your works, it is an art.
-No, it just charms people. Charm is temptation. Charm is not love. It is temptation. Literature is an art.
[Silence de Soljenitsyne]

Which changes in the moral geography of man are irreversible?

Interesting. [...] I will answer you simply from a Christian point of view. The Christians believe everything is reversible, any sin, even any crime. While man is alive, he can understand and repent. In this respect, it is reversible. But you can’t repair anything. The result of your crime cannot be repaired. It’s in the past. Nothing to do. Only to grieve and to change. Still, Christianity appreciate it very much, this renewal of the soul, whenever it happens, even at the very end. This is Christianity. Otherwise, in our days, these turns of enlightenment become rare. One follows assuredly one’s wrong path. The Age tells him: «Go on». «Go on, everyone behaves so». This «everyone does» ossifies souls completely. People condemn themselves to complete perdition.

-Crime and punishment?

Yes it is, the punishment is that man can’t repent any more, lost in this stream and in this stream, he’s not even a person. The reason is: «Everyone does so». This is the most terrible idea.
Humilité

The higher power is always God, and those who cannot attain religious conscience, must have at least some humility towards existence. Remember the tree yesterday, each tree makes us stand in awe. And is it only trees? What about birds? Animals? Rivers? Mountains? Humility towards existence. Understanding our limitedness, our wretchedness. If not believing in God.

Le progrès

In general, mankind became so enthusiastic about progress, pushing forward with it ever since the Age of Enlightenment. But in reality, all mankind has won its spiritual emptiness. Only technology, civilisation, give-me-all, all the goods, now the Internet, the stream of information leaves no more air to breathe, the soul goes empty. The soul is empty, death is terrifying, nowhere to go.

-Art suffers pressure from progress.

Yes, you see, unfortunately progress did not, as we see it... The progress we know made its biggest steps in the last 4-5, no, 4 centuries. Before, it was very slow. Millennia went on slowly, with very few changes. But from the start today’s progress has overlooked the soul. The emptiness of the soul. People began to lose their soul to material growth, to civilisation. We have spoken of this.

Nouvelle passion

«Un passionné de cinéma et de beaucoup trop de choses...»

Je suis un passionné, que voulez-vous (à tendance autiste, diraient certains de mes amis). Depuis que je suis revenu au Saguenay, je me suis découvert une passion pour les plantes et surtout pour les arbres. J'ai même lancé un site web et un blogue sur le sujet des séquoias, ce qui explique en partie le peu d'activité sur le présent blogue. Oh j'ai des choses à dire, peut-être trop encore, comme un virulent billet contre le cinéma de Michael Haneke, mais ça ne saurait tarder puisque j'achève mon site sur les séquoias.

Si vous le visitez, notez que la très grande majorité des photos sont de moi.