Un petit scoop de rien du tout ce soir: il y a une refonte complète de la section Culture-Showbiz de Canoë qui est en cours, laquelle nouvelle section divertissement sera en ligne probablement en septembre. Si j'en parle, c'est que la section cinéma y sera beaucoup plus visible, mieux entretenue et mieux nourrie. Les internautes trouveront plus facilement les nouveautés en salle, les critiques, les nouvelles ciné et les entrevues.
Parlant d'entrevues, c'était la première fois que j'interviewais une personnalité du milieu du cinéma la semaine dernière. J'étais bien nerveux d'ailleurs. On a beau tenter de se rassurer et se dire que tout ira bien, l'irrationnel et la peur de l'inconnu prennent le dessus. L'inconnu dans ce cas-ci était probablement lié à l'orgueil. J'avais peur de poser mes questions devant d'autres journalistes et de passer pour un novice. Sacré orgueil, va!
Je me suis tout de même rendu à l'hôtel avec mon enregistreur vocal numérique tout neuf pour interviewer Ghyslaine Côté au sujet de son film Le secret de ma mère. Évidemment, tout s'est bien passé.
J'ai un seul regret, j'aurais aimé penser lui poser une question du genre: «Pourquoi ne pas avoir exploité davantage le côté fou de la mise en scène plutôt qu'un traitement classique et réaliste?»
Lire le compte-rendu de l'entrevue sur Canoë
Voici ma critique non-relue qui paraîtra demain sur Canoë, une fois qu'elle aura été relue...
Le secret de ma mère de Ghyslaine Côté
La comédie Le secret de ma mère nous prouve qu'il est possible d'allier légèreté et profondeur avec intelligence. Aussi se distingue-t-elle des nombreuses comédies d'été produites dans le seul but de distraire les vacanciers en quête de néantise. Avec des influences avouées telles que Ettore Scola et Robert Altman, la réalisatrice Ghyslaine Côté nous propose une comédie dramatique réussie qui n'a rien à envier aux antihéros idiots auxquels nous ont habitués certains réalisateurs.
Le sujet est grave. Exposée au salon funéraire, la dépouille du défunt Jos suscite de nombreux souvenirs, mais aussi l'émergence de secrets chez les parents et amis de la famille. La journée commence avec l'arrivée au salon des deux protagonistes, Blanche (Ginette Reno) et sa fille Jeanne (Céline Bonnier). L'humour et la détente viennent principalement du personnage de Blanche qui aborde l'événement avec sérénité et avec une pointe de détachement. Il faut aussi mentionner le personnage amnésique de Rolande (Clémence DesRochers) qui provoquent plusieurs situations cocasses.
Le film traite d'amour tout en juxtaposant et en télescopant de façon constante gravité et humour, passé et présent, mensonge et vérité, mort et vie. De l'idée du «regard d'une jeune femme sur ses parents qui se sont à la fois beaucoup aimés et déchirés», Ghyslaine Côté voulait parler d'«amour filial» et de «solidarité filiale».
Certes, si l'on compare ce dernier film de la réalisatrice avec son précédent, Elles étaient cinq, le traitement diffère par l'approche comique plutôt que tragique, mais des similitudes évidentes demeurent. Des notions qui semblaient encore préocupper la cinéaste se retrouvent dans l'un comme dans l'autre : le sentiment de perte, le secret, la mort, la vie et l'amour. Les souvenirs des personnages nous sont également révélés par des retours en arrière constants. La technique consistant à intégrer une série de flashbacks à même le déroulement chronologique des événements a le mérite d'être efficace, comme elle l'est dans ce film, mais classique.
Deux petites scènes moins classiques nous donnent l'occasion de faire une parenthèse sur la mise en scène. Si l'une des règles non-écrites du critique veut qu'il s'attaque davantage à la matière du film et le moins possible à ce qui en est absent, j'y ferai une entorse légère en me basant sur deux éléments de mise en scène apparaissant brièvement dans le film pour ensuite en déplorer l'utilisation anémique.
Lorsque Blanche aménage chez ses parents alors qu'elle et Jos viennent tout juste de se marier, la scène verse soudainement, et brièvement, dans le style comédie musicale, suprenant et amusant le spectateur au passage. Le même effet de surprise - le côté amusant en moins - se produit lorsque dans le salon funéraire, les lumières se tamisant et les invités s'immobilisant, le projecteur illumine Blanche et sa fille en tête à tête, créant une atmosphère intimiste suréelle et très efficace alors que Jeanne demande à sa mère de lui révéler le lourd secret.
Devant ces bribes d'originalité, on se demande pourquoi la réalisatrice Ghyslaine Côté n'a pas multiplié les techniques plus personnelles plutôt que d'utiliser les moyens conventionnels de mise en scène. Il est étonnant de constater que, malgré les divers courants artistiques ayant tenté de secouer les assises du réalisme depuis plus d'un siècle, celui-ci ait toujours une emprise aussi étendue sur le septième art. Sans s'étendre sur ce sujet, et pour terminer la parenthèse, disons qu'il serait admirable de voir un réalisateur québécois de talent tel que Côté prendre le risque d'aller jusqu'au bout de ses idées originales en laissant tomber le réalisme.
Qu'à cela ne tienne, la comédie Le Secret de ma mère n'en demeure pas moins un bon film touchant et drôle. La cinéaste avait raison de dire que «parler de la famille, ça fait toujours rire et ça fait toujours pleurer» puisque le spectateur ne peut qu'être touché par l'authenticité de l'histoire mais aussi des personnages. Ceux-ci sont d'ailleurs très bien interprétés par une brochette impressionnante d'actrices et d'acteurs vedettes tels que Ginette Reno, Céline Bonnier, Clémence DesRochers, David Boutin, Joëlle Morin, Bianca Gervais, Marie-Chantal Perron, etc.
Avec ce deuxième long métrage, la réalisatrice Ghyslaine Côté s'impose rapidement dans le paysage cinématographique québécois. Elle poursuivra d'ailleurs sa lancée avec un troisième long métrage traitant d'une partie importante de la vie de Ginette Reno. En attendant de découvrir sa vie en film, découvrons le secret que cache son personnage dans Le secret de ma mère.
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