À l’hiver 1979 sortait le premier numéro du magazine 24 images. À cette époque, le contenu se rapprochait davantage de celui qu’on retrouve aujourd’hui dans le magazine en ligne Hors Champ. On n’hésitait pas à discuter de théorie du cinéma comme en fait foi cet article s’intitulant «Notes pour introduire à une théorie de l’effet esthétique» que j’ai retranscrit et publié sur le web. Disons que la rédaction lançait la revue en grand!
De ce premier numéro de la revue toujours existante, voici l’Avant-propos et le Mot de la rédaction qui nous en apprennent un peu plus sur la raison d’être du magazine naissant. Suivent ensuite une brève introduction à l’article et le lien vers le texte.
Avant-propos
La revue de cinéma que vous avez entre les mains n’a pas comme but de se substituer à d’autres organes de presse comme Cinéma Québec, Take One, etc., qui remplissent parfaitement leur fonction, mais plutôt de permettre aux amateurs d’avoir des documents un peu différents à la fois centrés sur les aspects théoriques du cinéma et sur les personnages qui le font vivre. D’autre part, l’orientation «internationale» des rubriques ne doit pas être perçue comme un refus de s’intéresser au Québec, que du contraire.
Les Éditions du Préambule, en collaboration avec le Centre Cinématographique Jean-Mitry ont décidé de faire de 24 images un trimestriel, espérant que l’avenir et les encouragements du public leur donneront raison.
Toutes les remarques obligeantes ou désobligeantes, dans la mesure où l’intention qui les anime est positive, seront toujours accueillies avec intérêt.
L’éditeur
Mot de la rédaction
Oui, une nouvelle revue de cinéma est nécessaire. En fait, il n’y aura jamais assez de revues de cinéma. 24 images en est donc une autre, une nouvelle que nous, membres de la rédaction, aimons plus que les autres – de la même manière qu’un cinéaste aime toujours son dernier film plus que ses précédents.
L’on crée comme l’on peut. En cherchant à se faire valoir, en cherchant un moyen de communiquer. En transmettant un savoir. Nous venons de naître, nous ne pouvons pas dire à quelle tendance nous appartenons, ni l’esprit dans lequel notre revue veut être conçue. C’est vous, lecteurs, qui en ferez ce que vous voudrez. Nous essaierons de ne jamais nous barricader derrière quelque théorie fixe et inébranlable; nous veillerons à ce que le contenu de la revue apporte sans cesse à ses lecteurs un bagage cinématographique enrichissant et nouveau, et nous souhaiterons la bienvenue à tous ceux qui voudraient se joindre à nous par l’apport d’articles ou d’études de tous genres, susceptibles d’intéresser notre comité de sélection.
Vingt-quatre images font une seconde de film, mais il a fallu plus de huit cent mille secondes pour créer ce pemier numéro de 24 images. Nous espérons qu’il vous plaira.
Le rédacteur en chef [Maurice Elia]
Mon introduction au texte
Cette introduction théorique est extrêmement ambitieuse. À partir de concepts empruntés à divers courants philosophiques, à la psychanalyse (plus largement à la psychologie) et à l’analyse marxiste, l’auteur cherche à établir une problématique valable qui constituerait un point de départ sûr pour ensuite entamer une réfléxion sur ce qu’est ou ce que n'est pas la réalité et la vérité au cinéma. Assez loin dans son texte, l’auteur établit que «il faut réfléchir à cette impossibilité qui constitue les pratiques artistiques comme «reflet» du «réel» et donc «ce que nous voudrions éclairer à partir de ce constat, concerne l’ambiguïté, pour n’en pas dire plus à cette étape, d’un projet de fondation d’une esthétique matérialiste à partir de la trop célèbre et équivoque théorie du «reflet»».
J’ai trouvé le texte très hermétique. L’auteur utilise un vocabulaire conceptuel –souvent philosophique- difficile d’accès, sans prendre le temps de vulgariser. Remarquez que l’article déjà long aurait été encore plus imposant.
L’utilisation surabondante des guillemets m’a un peu agacé aussi.
Pour faciliter la lecture, j’ai ajouté quelques liens vers des définitions sur Wikipédia, entre crochets. Si vous ne lisez pas ce texte deux fois pour bien le comprendre, je vous salue bien bas.
Notes pour introduire à une théorie de l’effet esthétique
Par Richard Groulx
mercredi, avril 25, 2007
vendredi, avril 20, 2007
La réalité rejoint la fiction
Cette nouvelle m'a tout de suite fait penser au film Children of Men. Ne reste plus qu'une nouvelle sur la stérilité des femmes et le film passera pour une prophétie. Dans ce cas-ci on ne peut pas encore parler de réalité qui dépasse la fiction et espérons bien que ça restera comme ça.
Le ministre allemand de l'Intérieur, Wolfgang Schaeuble, qui présidait la réunion au Luxembourg, a précisé que la création de patrouilles aux larges des côtes européennes et africaines fin mai avait également été approuvée.
«Les citoyens attendent de l'Europe qu'elle fournisse une protection de ses frontières extérieurs communes», a déclaré M. Schaeuble. Il a qualifié ces décisions, qui seront finalisées au cours de prochains mois, de «mesures vitales pour contrer l'immigration clandestine». »
La nouvelle intégrale sur Canoë
Immigration (clandestine): L'UE se dote d'une force de réaction rapide
«Les ministres de l'Intérieur et de la Justice de l'Union européenne ont entériné vendredi la création d'une force de réaction rapide chargée de lutter contre l'immigration clandestine dans les pays du sud de l'UE.
Le ministre allemand de l'Intérieur, Wolfgang Schaeuble, qui présidait la réunion au Luxembourg, a précisé que la création de patrouilles aux larges des côtes européennes et africaines fin mai avait également été approuvée.
«Les citoyens attendent de l'Europe qu'elle fournisse une protection de ses frontières extérieurs communes», a déclaré M. Schaeuble. Il a qualifié ces décisions, qui seront finalisées au cours de prochains mois, de «mesures vitales pour contrer l'immigration clandestine». »
[...]
«L'agence sera chargée de déployer les équipes dans un délai de quelques jours à destination de chaque pays dont les frontières apparaîtront sous la menace d'une vague de migration.
Les membres de ces équipes jouiront de pouvoirs spécifiques leur permettant de décider immédiatement de la marche à suivre [euh, ouf, ça promet à long terme]: soit lancer un processus de demande d'asile, soit le renvoi des migrants vers leurs pays d'origine. L'agence Frontex sera également dotée de 27 hélicoptères, 116 bateaux et 21 avions fournis par les pays membres pour assurer les patrouilles régulières. »
La nouvelle intégrale sur Canoë
vendredi, avril 13, 2007
Un blogue cinéma cité dans Le Monde
Dans les blogues que je visite, je savais que celui de Martine était populaire, mais j’étais loin de me douter que Contrechamp était si fréquenté et connu. Enfin si, j’avais une petite idée en voyant le nombre de commentaires que chaque billet attirait, mais je n'aurais pas pu imaginer que c'était à ce point.
Difficile de garder l’anonymat comme auteure d’un blogue, surtout quand ce dernier attire quelque 3000 visiteurs par jour et qu’un journaliste du Monde s’intéresse à notre cas. C’est ce qui est arrivé à Sandrine Marques, auteure du blogue de haute qualité Contrechamp. Remarquez, elle ne s’en plaint pas.
Difficile de garder l’anonymat comme auteure d’un blogue, surtout quand ce dernier attire quelque 3000 visiteurs par jour et qu’un journaliste du Monde s’intéresse à notre cas. C’est ce qui est arrivé à Sandrine Marques, auteure du blogue de haute qualité Contrechamp. Remarquez, elle ne s’en plaint pas.
3000 visites par jour, ce n’est pas rien. Il faut dire que son blogue est un des rares – pour ne pas dire le seul - figurant parmi les liens des Cahiers du Cinéma et de la Cinémathèque française.
Voyez l’article du Monde «Sandrine Marques, la passion du cinéma en ligne» :
Sur le site du journal Le Monde
Dans mes archives
Voyez l’article du Monde «Sandrine Marques, la passion du cinéma en ligne» :
Sur le site du journal Le Monde
Dans mes archives
mercredi, avril 11, 2007
Google Page Creator
Il y a quelques mois de cela, j'avais lu une nouvelle techno qui nous apprenait qu'un des mille projets de Google était de permettre aux internautes de créer facilement des pages web sans avoir à connaître les codes html (donc WYSIWYG) et sans recourir à des services d'hébergeur. Je suis allé vérifier cette fin de semaine ce qu'il advenait de cette idée. Et bien, ils la développent de belle façon.
Il suffit de s'ouvrir un compte courriel gmail et de créer une page d'accueil (ce n'est même pas nécessaire) pour ensuite créer des pages individuelles que vous avez le choix de lier entre elles comme bon vous semble. Comme le service est offert par Google, l'outil fonctionne à peu de choses près comme celui de Blogger.
Je vais m'en servir pour publier des articles ou des extraits d'articles, allégeant ainsi visuellement mon blogue et gonflant ainsi un peu plus les archives virtuelles du web.
Ainsi, au lieu de publier l'entrevue complète de 24 Images avec Richard Leacock, je vais faire une introduction pour ensuite indiquer simplement: Cliquez ici pour lire l'entrevue.
Voyez l'ébauche de ma page d'accueil.
Génial comme service, non?
Google Page Creator
Il suffit de s'ouvrir un compte courriel gmail et de créer une page d'accueil (ce n'est même pas nécessaire) pour ensuite créer des pages individuelles que vous avez le choix de lier entre elles comme bon vous semble. Comme le service est offert par Google, l'outil fonctionne à peu de choses près comme celui de Blogger.
Je vais m'en servir pour publier des articles ou des extraits d'articles, allégeant ainsi visuellement mon blogue et gonflant ainsi un peu plus les archives virtuelles du web.
Ainsi, au lieu de publier l'entrevue complète de 24 Images avec Richard Leacock, je vais faire une introduction pour ensuite indiquer simplement: Cliquez ici pour lire l'entrevue.
Voyez l'ébauche de ma page d'accueil.
Génial comme service, non?
Google Page Creator
samedi, avril 07, 2007
Quand le critique visait juste
Je continue la lecture de Qu’est-ce que le cinéma? d’André Bazin et j’ai été frappé de voir la clairvoyance et la justesse de son analyse de Journal d’un curé de campagne dans laquelle il saisit déjà la vision et la mécanique de Bresson. Au moment où Bazin écrit cet article en 1951, il faut se rappeler que les plus grands films de Bresson sont à venir et que les Notes sur le cinématographe du cinéaste seront publiées beaucoup plus tard.
Voici un extrait de l’article Le «Journal d’un curé de campagne» et la stylistique de Robert Bresson suivis de citations de Notes sur le cinématographe qui, par leur recoupement, confirment la lucidité de Bazin. Frappant.
Bazin dit :
«Car ce n’est pas tant une résonance que l’esprit perçoit qu’un décalage comme celui d’une couleur non superposée au dessin. Et c’est dans la frange que l’événement libère sa signification. C’est parce que le film est tout entier construit sur ce rapport que l’image atteint, surtout vers la fin, à une telle puissance émotionnelle.
On chercherait en vain les principes de sa déchirante beauté dans son seul contenu explicite. Je crois qu’il existe peu de films dont les photographies séparées soient plus décevantes; leur absence fréquente de composition plastique, l’expression guindée et statique des personnages, trahissent absolument leur valeur dans le déroulement du film. Ce n’est pourtant pas au montage qu’elles doivent cet incroyable supplément d’efficacité.
La valeur de l’image ne procède guère de ce qui la précède et la suit. Elle accumule plutôt une énergie statique, comme les lames parallèles d’un condensateur. À partir d’elle, et par rapport à la bande sonore, s’organisent des différences de potentiel esthétique dont la tension devient insoutenable. Ainsi le rapport de l’image et du texte progresse-t-il vers la fin au bénéfice de ce dernier, et c’est très naturellement sous l’exigence d’une impérieuse logique que, dans les dernières secondes, l’image se retire de l’écran. Au point où en est arrivé Bresson l’image ne peut en dire davantage qu’en disparaissant. Le spectateur a été progressivement amené à cette nuit des sens dont la seule expression possible est la lumière sur l’écran blanc».
Bresson dit :
-Il faut qu’une image se transforme au contact d’autres images comme une couleur au contact d’autres couleurs. Un bleu n’est pas le même bleu à côté d’un vert, d’un jaune, d’un rouge. Pas d’art sans transformation.
-Film de cinématographe où les images, comme les mots du dictionnaire, n’ont de pouvoir et de valeur que par leurs position et relation.
-Si une image, regardée à part, exprime nettement quelques chose, si elle comporte une interprétation, elle ne se transformera pas au contact d’autres images. Les autres images n’auront aucun pouvoir sur elle, et elle n’aura aucun pouvoir sur les autres images. Ni action, ni réaction. Elle est définitive et inutilisable dans le système du cinématographe. (Un système ne règle pas tout. Il est une amorce à quelque chose.)
-M’appliquer à des images insignifiantes (non signifiantes).
-Aplatir mes images (comme avec un fer à repasser), sans les atténuer.
-Plus grande est la réussite, plus elle frise le ratage (comme un chef-d’œuvre de peinture frise le chromo).
-Pouvoir qu’ont tes images (aplaties) d’être autres que ce qu’elles sont. La même image amenée par dix chemins différents sera dix fois une image différente.
[Et terminons par celle-là même s’il y en a bien d’autres]
-Démonter et remonter jusqu’à l’intensité.
Voici un extrait de l’article Le «Journal d’un curé de campagne» et la stylistique de Robert Bresson suivis de citations de Notes sur le cinématographe qui, par leur recoupement, confirment la lucidité de Bazin. Frappant.
Bazin dit :
«Car ce n’est pas tant une résonance que l’esprit perçoit qu’un décalage comme celui d’une couleur non superposée au dessin. Et c’est dans la frange que l’événement libère sa signification. C’est parce que le film est tout entier construit sur ce rapport que l’image atteint, surtout vers la fin, à une telle puissance émotionnelle.
On chercherait en vain les principes de sa déchirante beauté dans son seul contenu explicite. Je crois qu’il existe peu de films dont les photographies séparées soient plus décevantes; leur absence fréquente de composition plastique, l’expression guindée et statique des personnages, trahissent absolument leur valeur dans le déroulement du film. Ce n’est pourtant pas au montage qu’elles doivent cet incroyable supplément d’efficacité.
La valeur de l’image ne procède guère de ce qui la précède et la suit. Elle accumule plutôt une énergie statique, comme les lames parallèles d’un condensateur. À partir d’elle, et par rapport à la bande sonore, s’organisent des différences de potentiel esthétique dont la tension devient insoutenable. Ainsi le rapport de l’image et du texte progresse-t-il vers la fin au bénéfice de ce dernier, et c’est très naturellement sous l’exigence d’une impérieuse logique que, dans les dernières secondes, l’image se retire de l’écran. Au point où en est arrivé Bresson l’image ne peut en dire davantage qu’en disparaissant. Le spectateur a été progressivement amené à cette nuit des sens dont la seule expression possible est la lumière sur l’écran blanc».
Bresson dit :
-Il faut qu’une image se transforme au contact d’autres images comme une couleur au contact d’autres couleurs. Un bleu n’est pas le même bleu à côté d’un vert, d’un jaune, d’un rouge. Pas d’art sans transformation.
-Film de cinématographe où les images, comme les mots du dictionnaire, n’ont de pouvoir et de valeur que par leurs position et relation.
-Si une image, regardée à part, exprime nettement quelques chose, si elle comporte une interprétation, elle ne se transformera pas au contact d’autres images. Les autres images n’auront aucun pouvoir sur elle, et elle n’aura aucun pouvoir sur les autres images. Ni action, ni réaction. Elle est définitive et inutilisable dans le système du cinématographe. (Un système ne règle pas tout. Il est une amorce à quelque chose.)
-M’appliquer à des images insignifiantes (non signifiantes).
-Aplatir mes images (comme avec un fer à repasser), sans les atténuer.
-Plus grande est la réussite, plus elle frise le ratage (comme un chef-d’œuvre de peinture frise le chromo).
-Pouvoir qu’ont tes images (aplaties) d’être autres que ce qu’elles sont. La même image amenée par dix chemins différents sera dix fois une image différente.
[Et terminons par celle-là même s’il y en a bien d’autres]
-Démonter et remonter jusqu’à l’intensité.
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