lundi, mars 26, 2007

Le Caïman dans la vraie vie



Le Caïman de Moretti est d'actualité. Ce matin sortait encore une nouvelle sur Berlusconi, Cinq ans de prison requis en appel contre Berlusconi, où on nous rappelle que «Le magnat des médias Silvio Berlusconi est jusqu'à présent toujours sorti indemne de ses démêlés avec la justice, bénéficiant à chaque fois d'une relaxe ou de la prescription des faits.»

En cherchant une photo récente de Berlusconi sur la Presse canadienne (que je n'ai finalement pas retenue pour question de coût...), je suis tombé sur cette photo d'Aida Yespica qui fait référence à une autre nouvelle, un potin finalement. Veronica Lario n'a pas apprécié que son mari Silvio flirte avec Aida dans une soirée VIP (elle en a fait une lettre ouverte dans la Repubblica). Je me mets une nanoseconde dans la peau d'une femme et j'imagine bien l'évidente jalousie ressentie.

Ce qui me frappe, en dehors de la beauté de la Vénézuélienne, c’est de voir que l’image du Caïman que j’ai publiée hier ne sortait pas de nul part. Moretti savait de quoi il parlait en représentant Berlusconi jouissant de sa popularité au beau milieu d’un raout meublé de beautés féminines dansant en tenues affriolantes. Il n'a pas fini de faire les manchettes on dirait… Y aura-t-il un Le Caïman II?

samedi, mars 24, 2007

Le Caïman: à ne pas manquer



J'avais envie de vous le dire avant: allez voir Le Caïman au cinéma, c'est excellent. Moretti prouve qu'il est un maître de son art. Il a trouvé le moyen de raconter trois histoires à la fois: une politique, une sur le cinéma italien et une d'un couple qui foire. Le tout parfaitement intégré, drôle et critique en même temps.

Je vous renvoie au texte d'une critique qu'on a plus souvent l'occasion de lire.

LE CAÏMAN : Critique de Juliette Ruer (sur 24 Images)


mardi, mars 20, 2007

FTA: billets en vente dès aujourd'hui

La vente des billets du Festival TransAmérique commençait aujourd'hui. Quant à moi, je me suis précipité (j'étais prêt) sur le réseau Admission pour m'assurer une bonne place au nouveau spectacle d'une durée de 5 heures de Robert Lepage, Lipsynch. Robert Lepage fait partie des quelques rares artistes dont l'univers nous touche inconditionnellement tous les deux, Sara et moi. Quoi de mieux pour souligner notre anniversaire de rencontre et de mariage.

*Une entrevue d'une trentaine de minutes sur Lipsynch et autres sujets par Christiane Charette avec Robert Lepage.

LIPSYNCH

CHOEUR À NEUF VOIX. Fabuleux soap-opera, qui flirte autant avec la saga romanesque qu'avec la pensée du physicien Stephen Hawking, Lipsynch propose une série de destins croisés, de voix et de vies superposées, rien de moins qu'un état du monde avec ses absences et ses trous noirs, cela à travers les aléas d'hommes et de femmes réunis par le hasard et les probabilités.

Neuf histoires s'enchaînent, les règles de la chronologie sont abolies, et s'entrechoquent ainsi les microfictions, telles des billes de flipper actionnées par le manipulateur Lepage. Après Les Sept Branches de la rivière Ota et tant d'autres oeuvres monumentales, l'artiste nous mène en bateau, en train, en avion, en métro et en voiture jusqu'aux confluents où plusieurs rivières se rejoignent, au delta où se sont déposées les alluvions de mémoires endeuillées.

Œuvre dramatique et vaudevillesque, symphonie au coeur de laquelle chaque histoire, chaque personnage et chaque voix se présente tel un instrument avec sa musique et sa tonalité propres, Lipsynch est un vaste meccano qui porte le théâtre à l'acmé de ses possibilités narratives, un chatoyant cube de Rubik qui multiplie les facettes et toujours laisse éclore de nouvelles éventualités.




Gauche ou droite?

Non, je ne parle pas de Québec Solidaire ou de l'ADQ.

The Brain Test

Un test amusant que j'ai pris chez Jeff et qui piquera aussi votre curiosité j'en suis sûr.

Antoine, you are Balanced-brained

That means you are able to draw on the strengths of both the right and left hemispheres of your brain, depending upon a given situation.

When you need to explain a complicated process to someone, or plan a detailed vacation, the left hemisphere of your brain, which is responsible for your ability to solve problems logically, might kick in. But if you were critiquing an art opening or coming up with an original way to file papers, the right side of your brain, which is responsible for noticing subtle details in things, might take over.

While many people have clearly dominant left- or right-brained tendencies, you are able to draw on skills from both hemispheres of your brain. This rare combination makes you a very creative and flexible thinker.

The down side to being balanced-brained is that you may sometimes feel paralyzed by indecision when the two hemispheres of your brain are competing to solve a problem in their own unique ways.

dimanche, mars 18, 2007

Jean-Pierre Lefebvre : «J'ai péché»

«J’ai péché» publié en 1971 dans Jean-Pierre Lefebvre de Renald Bérubé et Yvan Patry.
J’AI PÉCHÉ

1

«J’ai 27 ans. J’aime les voyages, la nature. Je suis cinéaste (québécois). Je mesure six pieds et on me dit d’apparence agréable. J’aimerais rencontrer la société-sœur, vierge autant que possible. But : l’avenir le dira.»
2

D’abord une confidence : je suis l’auteur de mes films.

Le Révolutionnaire : refusé au Festival de Montréal 1966 et au Festival d’Evian de la même année; honte du Festival de Pesaro 1967 et échec au Festival de Berlin 1968.

Patricia et Jean-Baptiste : deux fois refusé par la Société Radio-Canada; honte de Mlle Chantal Renaud qui expliqua dans le Photo-Journal du 17 janvier 1968 pourquoi ce film, montré à la deuxième chaîne de télévision de France, constituait «la pire image du Canada en France»; très récemment retiré de l’affiche du Festival de Sainte-Agathe à la dernière minute par les directeurs qui le jugèrent indigne de figurer à l’intérieur de leurs manifestations «culturelles» et prétextèrent que la salle où devait avoir lieu, le 8 août dernier, la première officielle du film n’était plus disponible ou, comme il fut dit à certaines gens qui s’étaient rendues voir le film, que la copie ne leur était pas parvenue, ce qui est faux (et je dois vous demander d’oublier la critique très juste et très profonde que Luc Perreault, non averti du contretemps, et pour cause, lui a consacrée dans La Presse du vendredi 9 août, à la suite de cette première fantôme).

Mon œil : Film sur la honte.

Il ne faut pas mourir pour ça : ma honte personnelle parce qu’il a remporté trop de prix.

Mon amie Pierrette : chuttt… une petite cousine de Patricia et Jean-Baptiste, tourné en septembre 1967 pour … chutt l’ONF … montage définitif présenté et refusé une première fois en décembre 67, mis en «ballottage» par la suite jusqu’en septembre 1968… soumis à toute la suite logique d’authentiques procédés d’approbation démocratique, quelques personnes fortes refusant d’assumer, au non de l’ONF, ma honte personnelle… mais chutt.

Jusqu’au cœur : film honteux (bien que produit par l’ONF) parce qu’il montre qu’on n’a aucune honte à agir avec honte.

3

Je suis foncièrement un inadapté. Ayant en effet un brillant avenir devant moi, une carrière de professeur dans une institution «canadienne-anglaise», j’ai refusé la sécurité matérielle pour tenter d’exprimer certains problèmes de mon milieu, c’est-à-dire le milieu québécois. C’est alors que je me suis rendu compte, mais trop tard, de mon peu d’intelligence et d’intuition : IL N’Y A PAS DE PROBLÈMES AU QUÉBEC. Je n’ai donc exprimé, dans mes six longs métrages, que des obsessions personnelles : immobilisme d’une société soumise aux rigueurs du froid et d’un colonialisme à la fois britannique, français, américain et religieux; ségrégation absolue au niveau des langages parlés du Québécois et conséquemment des classes sociales; dictature des structures capitalistes, sur l’économie et la culture; crise aiguë de communication entre les individus et les divers groupes de ma société pour les raisons plus haut mentionnées et aussi, bêtement et simplement, pour des raisons d’ordre géographique.

4

Mes films, au reste, malsains et minables, font de façon fort convaincante la preuve de l’état de pauvreté et d’infériorité dans lequel je souhaiterais plonger ma société qui, heureusement, par l’entremise de ses dirigeants responsables et compétents, proteste avec véhémence et affiche clairement son désir de demeurer authentiquement américaine et «transplantée».

Au lieu de montrer la beauté et la chair féminine déployées dans tous leurs attraits sensuels et voluptueux, j’ai commis l’erreur de croire en la tendresse, en la tendresse qui est faite de violence parfois, parce que l’amour est «direct», sans hypocrisie, sans flatterie. Au lieu de montrer de vrais meurtres avec de vrais fusils, j’ai laissé entrevoir un fantôme miné par le défaitisme national et certaines idées fascistes. Par dessus tout, en créant des œuvres «lentes», avec la prétention de méditer quelques paysages et quelques sentiments, avec celle aussi, bien téméraire, de respecter le spectateur en ne l’abaissant pas au dénominateur commun, broutant, qu’a fait de lui le cinéma du luxe, je n’ai pas su témoigner de cette «belle province» agitée, nerveuse, active, violente, novatrice, créatrice, cultivée, industrialisée, débordante d’enthousiasme, dans le vent et dont la langue parlée est la seule de tous les milieux francophones mondiaux à avoir conservé la justesse et la précision de la langue de Rabelais.

5

J’ai péché, donc je suis coupable. Je suis coupable, donc j’ai péché. Si au moins j’avais l’assurance que vous ne me pardonnerez pas, que vous réfléchirez à mes crimes… Si j’avais l’assurance qu’une fois de plus vous ne vous dégagerez pas de vos responsabilités et penserez : paix à son âme, Dieu lui pardonnera, nous on s’en maudit jusqu’au cou. Ainsi ne soit-il pas.

JEAN-PIERRE LEFEBVRE

samedi, mars 17, 2007

Jean Pierre Lefebvre en 1971


J’accorde une grande importance à la lecture de revues de cinéma telles que nos 24 Images, Ciné-bulles et Séquences, elles me permettent chaque jour de faire reculer un peu plus mon ignorance. J’y ai découvert tellement de cinéastes, d’univers et de films sous tous les angles. Bien souvent, je me demande comment le cinéma peut être si populaire tout en laissant la plupart des gens complètement indifférents aux revues de cinéma. Mais là n’est pas la question.

Des découvertes dans les revues? Par exemple, Jean Pierre Lefebvre, dans le 24 Images de mars-avril 2006, le numéro lui étant consacré. Je m’étais dit «Veux-tu ben me dire qui est-ce gars-là? En plus il fait la page couverture!». Depuis, après avoir lu le bilan de sa carrière et les entrevues, je suis attristé de voir qu’un tel homme (qui n’est même pas mort!), si important dans l’histoire du cinéma du Québec, comme cinéaste et critique, puisse tomber à ce point dans l’oubli général. Il est pourtant président de l’ARRQ, mais comme il ne joue pas à la télé…

Pour lui rendre un petit hommage et parce que son humour m’a complètement charmé, je transcris ici une autobiographie et un document intitulé «J’ai péché» publiés en 1971 dans Jean-Pierre Lefebvre de Renald Bérubé et Yvan Patry. Lefebvre, qui a écrit plusieurs années dans la revue Objectif, ne manquait déjà pas de verve.

LEFEBVRE PAR LUI-MÊME
Autobiographie
(en sachant que tout est une question de naissance)

-Né le 17 août 1941
-Père pharmacien. Mère amoureuse des chats et du cinéma.
-Deux sœurs, un frère.
-Une seule passion : l’aviation.
-Passé de Saint-Henri au low Westmount.

-Huit ans pensionnaire dans un «pensionnat» vieille méthode, en campagne. Bon élève à cause de circonstances incontrôlables.

-Commence à écrire (vers 13 ans) à cause de ces mêmes circonstances incontrôlables (dont le silence forcé, puis le silence voulu). Mais rapidement, la parole devient secret et culpabilité. C’est pourquoi publie très peu. A en outre la chance de se faire voler deux manuscrits en débarquant à Paris, où il passe un an à voir des films avant de découvrir la couleur et les hommes en Espagne.

-Première idée de long métrage à 15 ans : Dollard Des Ormeaux (ou l’Histoire est une histoire comme une autre); coup de foudre, à la même époque, pour Alexandre Newsky.

-Bachelier à 18 ans (toujours ces mêmes circonstances incontrôlables!). Puis, Université de Montréal … en lettres. Là, rencontre d’un professeur pas comme les autres : le Père Ernest Gagnon.

-Critique (?) de cinéma au Quartier-Latin, Séquences (?), Objectif. Environ 7 ans.

-Diverses activités cinématographiques (très peu subversives à l’époque).

-AIME LE CINÉMA.

-Produit lui-même son premier court métrage, L’Homoman (1964), et ses quatre premiers longs : Le Révolutionnaire (1965), Patricia et Jean-Baptiste (1966); Mon œil (1966) et Il ne faut pas mourir pour ça (1966).

-Réalise ensuite deux longs métrages pour l’Office national du film : Mon amie Pierrette (1967) et Jusqu'au cœur (1968).

-Les Films J. P. Lefebvre deviennent Cinak Ltée et en 1969, c’est La Chambre blanche (avec la collaboration de la SDICC) et Un Succès commercial (seul).

-Le 1er avril 1969, devient responsable pour un an du Studio de Fiction de l’ONF et met sur pied, avec Jacques Godbout, une section appelée «premières œuvres».

-Ne met jamais en scène des personnages qu’il n’aime pas.

-A rencontré sa monteuse, Margerite Duparc lors de son premier film; a rencontré sa femme lors du montage de son premier film.

-Met un cinéaste au-dessus de tous les autres : Misoguchi [D’ailleurs, dans l’entrevue ci-nommée, quand les étudiants de Concordia le compare à Godard et Bresson, il revient à Mizogushi]

-Vient de publier (pour se débarrasser des circonstances incontrôlables) un recueil de textes, Parfois, quand je vis, chez HMH.

-Divise son œuvre en trois périodes, correspondant à la couleur de ses trois Volkswagen : grise, rouge, jaune.

-Ne préfère aucun de ses films et ne croit qu’à une seule chose : LA CONTINUITÉ.

-A remplacé le mot «liberté» par celui de «disponibilité».
-Prépare très longuement ses films, n’improvise pas, mais s’adapte à tout.
-Voudrait devenir cinéaste.



Des petites trouvailles en attendant la partie «J’ai péché»:

-Une entrevue à des étudiants (je présume) de Concordia (2004)

-Une entrevue à Hors Champ (2003)

-Sa lettre ouverte sur la crise à Téléfilm, datée du 21 juin 2006 (pour montrer qu’il est bien vivant et qu’il n’a pas perdu sa verve)


Lettre ouverte - LA CRISE À TÉLÉFILM CANADA

L’opinion publique est en état de choc et ne comprend pas : pourquoi soudainement tout va-t-il si mal alors que tout semblait aller si bien?

La crise actuelle a ceci de bon qu’elle démontre par l’absurde que les politiques de Téléfilm Canada en matière de long métrage ne fonctionnent pas (plus). Si elles ne fonctionnent pas c’est qu’avec de l’argent à 100 % public elles appliquent le modèle privé sans toutefois la participation réelle de l’industrie privée qui, elle, de surcroît, bénéficie de largesses accrues - et démesurées - depuis l’instauration des enveloppes à la performance commerciale il y a cinq ans. Ces enveloppes, on ne le répètera jamais assez, pompent 75 % du fonds du long métrage, 50 % automatiquement, 25 % dans le fonds sélectif; donc, contrairement à l’effet escompté, elles n’ont pas rendu les producteurs à succès moins dépendants des investissement et des modes de sélection de Téléfilm : elles ont plutôt contribué à l’accroissement de la gourmandise collective du milieu du cinéma et à l’inflation galopante des coûts de production, le coût moyen d’un film québécois étant passé de 1,9 million en 1999-2000 à 4,9 millions en 2005. Conséquences : 1) le fameux dicton des saucisses, « plus on en mange, plus elles sont fraîches », ne tient plus bien que le grand public ait tant et tant bouffé de films québécois depuis quelques années; 2) plus les films coûtent cher, moins il s’en fait, moins il s’en fera, d’où le présent sevrage de la part de Téléfilm et l’indignation publique qui s’en est ensuivie.

Un « don » miraculeux de 20 millions de Patrimoine Canada au fonds francophone du long métrage viendrait tempérer la situation, certes, mais c’est l’ensemble des politiques et du fonctionnement de Téléfilm Canada qu’il faut revoir et refondre. La vision qu’a de Téléfilm l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ) découle des prises de position de son assemblée générale depuis trois ans et tient en une phrase : le même traitement pour tout le monde. Donc, abolition des enveloppes à la performance. Donc, accessibilité de tous les projets au sélectif. Donc, critères de sélection identiques pour les projets et les créateurs qui y sont rattachés, en commençant par les réalisateurs. Cependant, une fois établies des mesures équitables et identiques pour tout le monde, il faudra dégonfler le ballon de l’inflation; il faudra de manière impérative mettre en place des mécanismes de financement automatique, telle une billetterie prélevant un pourcentage fixe sur le box office de tous les films; enfin, il faudra établir des échelles budgétaires réalistes au-delà desquelles un producteur devra obligatoirement avoir recours au capital privé.

Dans le contexte restreint et fragile de cinéma québécois, tout cela relève du sens commun le plus élémentaire mais sous-entend du même coup un changement radical de mentalité et de pratique de la part d’une institution qui affirme que « le producteur est le maître d’œuvre du projet » et a fait de lui son client privilégié.

Présentement, les jeux sont faits, rien ne va plus et tout le monde est mécontent, y compris certains producteurs qui ne se gênent plus pour le dire sur la place publique.

Jean Pierre Lefebvre
Président
Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec

jeudi, mars 15, 2007

Lancement de 3 blogueuses


Un peu de pub pour mon amie Sophie (Sof) que vous retrouvez dans mes liens à droite et que j'aime bien lire.

Deux chanceuses et un chanceux voient une partie de leur blogue publiée sur le bon vieux papier. C'est le lancement de leur livre respectif demain, vendredi le 16 mars, à Montréal, à la salle Belle Gueule des Brasseurs RJ (j'en salive en l'écrivant). Si vous êtes dans le coin et que ça vous dit. Moi je suis un peu loin, mais surtout on essaie de sortir le bois de poêle avant que la neige ne disparaisse...

Lectures, temps bergsonien et critique

Lectures

Suite à une lecture amère et avortée d’Atlas Shrugged, et dans un élan compulsif de consommation consolatrice, je me suis empressé d’acheter Madame Bovary de Flaubert, Qu’est-ce que le cinéma? de Bazin, La Promenade du critique de Boujut (chez Archambault cette fois car j’ai failli me faire fourrer correct chez Amazon.fr) et Le Cinéma français de la Libération à la Nouvelle-Vague de Bazin également.

Je voulais acheter Qu’est-ce que le cinéma sur Amazon.fr, mais alors que j’atermoyais incessamment l’achat devant les coûteux 18 euros, sans compter le transport, j’ai trouvé dans une librairie de livres usagés les trois premiers «tomes» sur quatre -publiés dans 7e art- à 1$ l’exemplaire! Si par hasard vous tombez sur le quatrième tome et que vous pensez à moi… J’ai donc commencé la lecture très enrichissante de la première partie 1. Ontologie et Langage.

Temps bergsonien

Par rapport à cette lecture, je ne veux pas tout de suite aller dans les détails, ce n’est pas mon but dans ce billet, mais je veux faire part d’une découverte intéressante pour certains d’entre vous et qui est liée à cette citation:

«…car il est d’autres arts temporels, comme la musique. Mais le temps de la musique est immédiatement et par définition un temps esthétique, tandis que le cinéma n’atteint ou ne construit son temps esthétique qu’à partir du temps vécu, de la «durée» bergsonnienne, irréversible et qualitative par essence» («Mort tous les après-midi», Qu’est-ce que le cinéma). Quand Gilles Deleuze -un autre sur ma liste de lecture- et André Bazin parlent de «temps bergsonien», on peut faire comme si on avait rien lu ou comme si on comprenait tout, ou encore on peut chercher à en savoir un peu plus sur qui est Bergson. C’est là qu’est la découverte.

Les textes intégraux de Henri Bergson sont publiés sur le net dans les formats Word, PDF et RTF, notamment sur le système Manitou de l’UQAC (ici même à Chicoutimi, le monde est petit!). J’ai un œil sur L’évolution créatrice, mais une chose à la fois bon sang!

Critique

En cherchant Qu’est-ce que le cinéma, j’ai trouvé d’autres vieilles revues, québécoises comme françaises, que j’aime bien acheter et feuilleter à l’occasion. Cela m’a amené, il y a déjà un certain temps, à découvrir le site du professeur Yves Lever, du Cégep Ahunstic. On y trouve toutes sortes de ressources sur le cinéma, l’histoire de la critique, la critique et les revues de cinéma au Québec, notamment dans l’article fort intéressant L'histoire de la critique au Québec:
des «années folles» à l'éclatement


Dans cet article, il est justement question de deux revues que j’ai achetées.

J’ai mis la main sur les deux premiers numéros de Champ libre : 1970, «une critique marxiste radicale tente une percée avec Champ libre qu'animent surtout Yvan Party et Dominique Noguez (quatre numéros)». Je peux vous dire qu’on retrouve dans ces revues de la critique de critiques à faire jalouser des Sipat. On se rend compte rapidement qu’on ne considère pas seulement le cinéma comme étant en période permanente de crise, mais la critique aussi.

Comme l’écrit Lever dans son article «On ne peut passer à côté non plus du dossier «politique» que Champ libre no 2, novembre-décembre 197I, a consacré au sujet.»

Je transcris l’inventaire des revues québécoises de cinéma qu’on y retrouve. En lisant l’article de Lever et en consultant cet inventaire – aussi vieux soit-il -, on se rend compte d’une part que la critique cinématographique est très jeune au Québec et d’autre part qu’elle semble difficile à maintenir, ce qui n’est pas sans affecter sa cohérence.

INVENTAIRE DES REVUES QUÉBÉCOISES DE CINÉMA EN 1971

DÉCOUPAGES. 1950-1955. 17 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Michel Brault, Gabriel Breton, Fernand Cadieux, Jacques Giraldeau, Pierre Juneau, Marc Lalonde, Claude Sylvestre.

PROJECTIONS. 1952-1954. 6 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Pierre Castonguay, Jean-Paul Ostiguy, Jacques Parent.

CINÉ-ORIENTATIONS. 1954-1957. 14 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Pierre d’André, Léo Bonneville, Jacques Cousineau, Paul-Émile Léger.

IMAGES. 1955-1956. 6 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Gabriel Breton, Fernand Cadieux, Rock Demers, Monique Doucet, Jean Fortier, Guy Joussemet, Arthur Lamothe, Jacques Lamoureux.

SÉQUENCES. 1955. 65 numéros à ce jour. Montréal.
Principal collaborateur : Léo Bonneville.

OBJECTIF. 1960-1967. 39 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Robert Daudelin, Pierre Hébert, Jacques Lamoureux, Jacques Leduc, Jean-Pierre Lefebvre, Claude Ménard, Claude Nadon, Michel Patenaude, Jean-Claude Pilon, Christian Rasselet, Michel Régnier, Pierre Théberge.

L’ÉCRAN. 1961. 3 numéros. Montréal.
Principaux collaborateurs : Fernand Benoit, Jean Billard, Gilles Carles, Jean-Paul Ostiguy, Patrick Straram.

TAKE ONE. 1966. 23 numéros à ce jour. Montréal.
Principaux collaborateurs : Ronald Blumer, Peter Lebensold.

CINÉMA QUÉBEC. 1971. 4 numéros à ce jour. Montréal.
Principaux collaborateurs : Jean-Pierre Tadros, Richard Guay, Jean Chabot, Carol Faucher.

TÉLÉ-CINÉMA (Montréal. 1971)

CHAMP LIBRE. CAHIERS QUÉBÉCOIS DE CINÉMA. 1971.
2 numéros.


Publications éphémères (ou non essentiellement critiques) :

LE FILM (Nouvelle série. Montréal. 1962)

LES JEUNES CAHIERS DU CINÉMA (Trois-Rivières. 1963-1965)

CINÉ-CAMÉRA (Montréal. 1968)

CINÉMA-JAZZ (Montréal. 1969)

Mépris d'Ayn Rand

60 pages sur 1000 et j’hésitais déjà entre m’en servir pour allumer le feu de poêle, le lancer contre le mur à répétition ou le mettre près de la toilette à d’autres fins que la lecture. Non, Atlas Shrugged d’Ayn Rand ne m'a pas charmé un instant. Jamais, jamais je n’ai eu une telle réaction en 60 pages de lecture – surtout d’un «classique» -, en fait, je ne me rappelle même pas la dernière fois où j’ai interrompu la lecture d’un roman dans le but volontaire et irréversible de ne jamais y revenir.

Ce n’est pas tant la proposition explicite d’un idéal social où les individus et les entreprises se développent sans l’intervention du gouvernement qui m’a horripilée, mais plutôt les héros narcissiques, égoïstes et même psychopathes qui peuplent le roman. Les héros capitalistes sont beaux, intelligents et – je le répète - complètement narcissiques alors que leur entourage socialiste et/ou humaniste est dépeint comme handicapé, inefficace, inutile et laid. Quand les personnages se parlent ce ne sont que des dialogues de sourds et tout concourt à démontrer que pour être des gagnants et faire des affaires prospères, les héros n’ont aucune empathie pour leur prochain, que celui-ci soit le gouvernement, l’État voisin, la famille, les collègues ou les amis. Seulement la détermination, l’initiative personnelle et la bonne marche de l’entreprise priment. Non merci. Si quelqu’un vous vante les mérites de ce roman, vous en connaîtrez beaucoup sur sa psychologie et ses idéaux politiques.

J’aime bien
cette analyse d’un dénommé Bob Wallace et les parallèles qu’il établit avec les systèmes de pensée marxiste et nazi (pour peu que ce soit considéré comme un système):

«Not only is Atlas a prime example of splitting and projection, Objectivism is also. In it, Rand splits the world into grandiose, perfect "reason, selfishness and capitalism" on one side, and evil "mysticism, altruism and collectivism" on the other. She projects her hate, her envy, her desire for destruction onto them, and wishes them annihilated, just as she wished the world annihilated in Atlas.


Splitting and projection, narcissism, and scapegoating are the same thing. All believe in mass murder. All are, in their essential psychology, identical. Each believes in human sacrifice: we must murder these people to save ourselves. Once they are dead, then we will be happy. »

[…]


«Rand projected her narcissism onto the world and into her writings. This projection explains nearly all of her "It's all your fault" philosophy. The genocidal, human sacrifice parallels with Nazism and Marxism are clear.


Some will claim the Nazis and Marxists worshipped the State, and Rand was opposed to Statism. True enough. But since Objectivism shares much the same psychology as these other ideologies, no good ultimately can come from it. »


Dire qu’on veut en faire un film à gros budget avec Angelina Jolie dans le rôle de la belle femme d’affaires narcissique… Hollywood ferait-il aussi de la projection?

mercredi, mars 07, 2007

Aube

Je me suis levé à 4h du matin pour aller filmer l'aube sur la Lac St-Jean à Roberval. Ben quoi, l'aube elle n'attend pas hein.

L'endroit n'était pas idéal, mais je ne savais pas vraiment où aller exactement et le soleil se levait déjà. C'est pour le vidéo que je prépare depuis un an et qui devrait être prêt dans moins d'un an. Pour faire un peu mon héros, laissez-moi vous souligner que je suis demeuré 50 minutes sur le lac à -28, sans compter le vent... Mais bon, ce n'est rien comparé à bien des explorateurs.



L'effet que je recherchais, l'hostilité des lieux à perte de vue. L'absence de vie.



Elle était là aussi, alors pourquoi ne pas la prendre au passage.

Le moment tant attendu, mais pas tant que ça, des rayons perçants.


Étrange, on dirait presque des flots alors qu'il fait -28 degrés.